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 Vous avez dit CONTRACTOR ...

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MessageSujet: Vous avez dit CONTRACTOR ...   Vous avez dit CONTRACTOR ... Icon_minitimeMar 1 Juin 2010 - 4:51

...bonne lecture :

Le Monde du 04 Avril 2007 :

article de Yves Eudes avec un interview de John Geddes :

République tchèque, novembre 2006.
Le club de tir de la petite ville de Jelen, construit dans une forêt à
une heure de Prague, est fermé au public pour quelques
jours.Il a été loué par la société britannique Ronin Concept,
spécialisée dans la formation d'agents de sécurité armés et de "PSD" (personal
security detail
, gardes du corps), opéranten zone de conflit.

Dans une clairière entourée de hauts talus,
quinze hommes âgés de 25 à 50 ans s'entraînent au maniement d'armes et à
la conduite automobile en situation extrême, c'est-à-dire
sous le feu ennemi. Les exercices se font à balles réelles.

La formation, qui coûte 3 700 livres(5 500 euros) et dure quatre semaines, est assurée par John Geddes, patron de Ronin Concept et ancien officier des SAS, les
commandos d'élite de l'armée britannique. M. Geddes, 52 ans, a
quitté l'armée après vingt-trois années mouvementées, et s'est aussitôt
reconverti dans le secteur en pleine expansion des sociétés
militaires privées. Avant de devenir formateur, il a fait plusieurs
séjours en Irak en tant que garde armé, pour protéger des équipes de
télévision et des hommes d'affaires.



Les cours théoriques ont lieu en
Grande-Bretagne, mais la loi britannique interdit aux civils de manier
des armes automatiques. Pour la dernière partie du stage,
M. Geddes doit donc transporter ses élèves en République tchèque, où
les règles en la matière sont beaucoup plus souples. Aujourd'hui, ils
apprennent à repousser l'attaque d'un convoi banalisé
transportant un VIP : un scénario inspiré de la guerre d'Irak, mais
qu'on retrouve, avec des variantes, dans différents pays du monde. Dès
que l'assaut fictif se déclenche, les stagiaires
contre-attaquent méthodiquement : les tireurs sautent des voitures
et abattent les silhouettes en contreplaqué autour de la clairière, les
chauffeurs manoeuvrent en position défensive, les gardes
du corps extraient leur client du véhicule touché et le transfèrent
dans un autre.

S'il ne reste qu'une voiture en étatde marche, les gardes du corps s'en emparent pour mettre le client à l'abri en abandonnant les tireurs, qui devront rejoindre
la base par leurs propres moyens : "C'est pour ça que ce boulot
est bien payé"
, explique M. Geddes en riant. Les stagiaires
apprennent vite, car presque tous sont d'anciens militaires ou
policiers, aguerris et disciplinés. S'ils obtiennent le diplôme
délivré par Ronin Concept, ils enverront leurs CV aux centaines de
sociétés de sécurité présentes sur Internet. Les quadragénaires
rêvent d'un contrat un peu risqué, mais pas trop : protéger des
puits de pétrole au Nigeria ou une mine en Amérique latine. Leur salaire
s'ajoutera à leur retraite.

En revanche, les plus jeunes veulentaller en Irak ou en Afghanistan. C'est là-bas qu'ils seront les mieux payés : de 250 à 600 dollars par jour, selon le type de
travail et le niveau de risque. Garreth Miller, 30 ans, a toutes les
chances de décrocher un bon contrat : ex-soldat de l'armée britannique,
il a fait deux séjours en Irak, puis une mission en
Afghanistan comme éclaireur détaché auprès de l'US Army. Il vient de
quitter l'armée, après seulement cinq ans : "Les officiers ont tout
fait pour me convaincre de rempiler, mais les sociétés
privées proposent beaucoup plus d'argent, une vie plus confortable,
et plus de liberté."
Garreth pourra choisir le pays où il ira
travailler, et s'il veut arrêter avant la fin de son
contrat, il lui suffit de donner deux semaines de préavis.

Cette migration vers le secteur privé est une tendance de fond : "Lors de mon dernier séjour en
Irak, nous étions quarante nouvelles recrues dans notre unité.
Depuis, tous ont quitté l'armée, et 35 travaillent aujourd'hui pour
des sociétés militaires. En plus, c'est l'Etat qui paie ma formation
ici, au titre de la réinsertion professionnelle."

Garreth se dit prêt à repartir du jour au lendemain : "Ma
fiancée aurait préféré que je reste un peu avec elle, mais si je veux
fonder une famille et acheter une maison, quelques années dans
le privé suffiront."




Il travaillerait volontiers pour une
société américaine, où les salaires sont les plus élevés.

Son coéquipier Paul Palmer, 25 ans, grand, fort et tatoué, a passé cinq ans dans la police militaire
britannique. Il n'est pas allé en Irak, mais il en a très
envie : "J'ai quitté l'armée et je me suis installé à Cardiff,
chez ma fiancée. Mais un beau matin, elle m'a quitté. Je ne savais plus
quoi faire : retourner vivre chez ma mère à Londres ? La
honte. En fait, je m'aperçois que j'ai besoin de mener une vie
excitante, j'aime trop l'action."
Dès la fin de son stage, Paul
Palmer a été embauché par la société Control Risk Group (CRG).
Aujourd'hui, il travaille à Bagdad, dans une équipe composée
d'Anglais, d'Australiens et de Néo-Zélandais chargée de la protection
d'un diplomate britannique, et gagne 7 000 dollars (5 300 euros
net) par mois. Il correspond avec le monde extérieur par Internet : "J'habite
dans la "zone verte", censée être l'endroit le plus sûr de Bagdad, mais
en fait, il y a des kidnappings à
l'intérieur, et un soldat américain a été abattu ici il y a deux
jours.
(...) Je vis dans un camp réservé au personnel de notre
société, dans une chambre à deux lits, avec des sanitaires
communs. Ce serait horrible pour un civil ordinaire, mais en tant
qu'ancien soldat, j'y suis habitué.
(...) L'entrée du camp est
gardée par des Irakiens, mais on nous a dit de ne jamais
leur faire confiance, et même de les surveiller. Nous sommes armés
en permanence, même la nuit nous dormons avec nos fusils chargés."

L'employeur de Paul Palmer, CRG, est
la plus grande société de sécurité britannique. Fondée il y a trente
ans par trois anciens SAS pour aider les compagnies
d'assurances à gérer les affaires de kidnapping, elle propose
aujourd'hui aux entreprises et aux gouvernements du monde entier une
gamme complète de services, allant de la protection rapprochée à
la sécurité informatique. Elle a plus de 700 employés permanents,
dont 300 dans ses locaux londoniens, et 18 bureaux répartis sur tous les
continents. Depuis 2003, CRG fournit aussi des PSD
armés.

Richard Fenning, directeur général,
se souvient de la folle période des débuts de la guerre en Irak : "Juste
après l'invasion, des milliers d'étrangers sont
arrivés pour participer à la reconstruction. Mais l'insurrection a
très vite pris de l'ampleur, ils ont compris qu'ils avaient besoin de
protection, et se sont tournés vers les armées de la
coalition. Or, les officiers ont refusé de leur fournir des gardes
du corps : ils n'avaient pas assez d'effectifs et savaient qu'ils ne
recevraient pas de renforts. En réalité, les soldats
étaient occupés à mener une guerre qui n'était pas censée exister.
Alors, les entreprises ont décidé de s'occuper elles-mêmes de leur
sûreté. Un énorme marché s'est créé du jour au
lendemain."

Puis les gouvernements de la
coalition se sont aperçus qu'ils n'avaient même pas assez de soldats
pour assurer la sécurité de leurs propres diplomates : "Ils
ont dû lancer discrètement des appels d'offres auprès du secteur
privé
,raconte M. Fenning. C'est comme ça que nous avons obtenu
le contrat de protection des membres du Foreign Office en
Irak et à Kaboul. C'est une vraie révolution dans les moeurs de
l'administration, qui aura des conséquences durables sur la conduite des
guerres à venir."

A lui seul, le département d'Etat
américain a dégagé un budget de 1 milliard de dollars sur cinq ans pour
la protection de son personnel et de certains dignitaires
étrangers. Cette demande inédite a aussitôt suscité des vocations.
D'anciens militaires et des aventuriers ont monté des petites sociétés
dans l'improvisation et embauché des agents à la va-vite.
Pour réduire les coûts de main-d'oeuvre, certains sont allés
chercher des soldats à la retraite en Amérique latine et en Asie du
Sud-Est. Quelques entrepreneurs ont fait fortune à toute vitesse :
à elle seule, la société américaine Blackwater a touché du
gouvernement fédéral plus de 570 millions de dollars en cinq ans. Sa
concurrente Triple Canopy, créée en 2003 par trois personnes,
figurait trois ans plus tard sur la liste des 100 plus grosses
entreprises de la région de Washington. Pour un client individuel -
homme d'affaires ou journaliste -, une équipe de protection
rapprochée peut coûter jusqu'à 6 500 dollars par jour.

Désormais, les Etats-Unis comptent
sur les sociétés privées pour sécuriser les aéroports, les
infrastructures, la "zone verte" de Bagdad, et même certaines bases
militaires qui manquent de sentinelles. La frontière entre les
missions défensives des agents privés et les opérations de combat des
soldats s'estompe, car, face aux insurgés, les deux groupes
s'entraident parfois. Blackwater, qui compte à elle seule près d'un
millier d'employés en Irak, a déployé des véhicules blindés, des avions
et des hélicoptères.

En fait, ces sociétés accomplissent
en sous-traitance un ensemble de missions essentielles au fonctionnement
de l'armée, allant des télécoms aux interrogatoires de
prisonniers. Le Pentagone s'est déjà adapté en inventant le concept
de "force totale", qui inclut les soldats d'active, les réservistes, les
fonctionnaires civils de défense et enfin les privés,
dont le rôle devrait encore s'accroître à l'avenir. Fin 2006, on
comptait en Irak plus de 180 sociétés de sécurité employant environ 48
000 personnes, dont la majorité accomplissaient des
missions paramilitaires. Les Britanniques sont plusieurs milliers -
presque aussi nombreux que les soldats de l'armée régulière de Sa
Majesté.

Autre avantage des privés : tout le
monde semble indifférent à leur sort. John Geddes, qui, entre deux
séances d'entraînement, réfléchit au devenir de sa
profession, est sans illusions sur l'attitude des gouvernements à
son égard : "Ils savent exactement ce que nous faisons mais, si un
jour une de nos opérations tourne mal, ils pourront dire
qu'ils n'étaient pas au courant. Quand des soldats se font tuer, les
médias en parlent, l'opinion s'émeut. Mais quand ce sont des agents
privés qui meurent au combat, ça passe plus facilement
inaperçu. Et si les gens en entendent parler, ils se disent qu'ils
l'ont bien cherché, qu'ils se battaient uniquement pour de l'argent."

Selon les statistiques publiées par le ministère du
travail à Washington, au moins 770 agents de sécurité étrangers ont
été tués en Irak entre 2003 et 2006, et près de 7 800 ont été blessés.


Cela dit, l'Irak est une opportunité
commerciale qui ne durera pas éternellement. Paradoxalement,
l'aggravation extrême de la violence dans le pays a fait chuter
la demande pour certaines missions comme les escortes armées : la
reconstruction est abandonnée, les officiels étrangers réduisent leurs
déplacements au strict nécessaire. La contraction de ce
segment du marché a des conséquences sociales inattendues : lors du
renouvellement d'un de ses contrats, CRG a dû baisser ses tarifs, et a
décidé de répercuter ce manque à gagner sur les salaires
de ses employés. Ces derniers ont protesté et ont lancé une série
d'actions revendicatives, menaçant de faire grève en plein Bagdad, avant
d'obtenir un compromis.

Pour assurer leur avenir, les sociétés militaires tentent déjà de diversifier leur clientèle et leurs services en adoptant le business model des sociétés
de sécurité classiques
. Elles prospectent toutes les régions à
risque, surtout en Afrique et en Amérique latine - le créneau le plus
lucratif étant le conseil auprès de gouvernements alliés des
Etats-Unis. Pour beaucoup, la période héroïque s'achève : par le jeu
des fusions et prises de participation, elles ont été englobées dans
des groupes industriels qui vendent des armes, des
équipements et des services à l'armée américaine depuis des
décennies. D'autres sont passées sous le contrôle d'investisseurs
financiers.

Certaines opèrent à présent sur le territoire américain. En septembre 2005, après le passage de l'ouragan Katrina, Blackwater a décidé, sans consulter personne, de
remplacer la police locale défaillante en envoyant des commandos
armés pour chasser les pillards des rues de La Nouvelle-Orléans. Cette
initiative lui permit par la suite de décrocher une cascade
de contrats publics et privés. Blackwater possède par ailleurs aux
Etats-Unis deux camps d'entraînement qui accueillent des unités de
l'armée régulière.

Pour l'avenir, John Geddes estime
que le prochain grand marché sera le maintien de la paix sous l'égide
des Nations unies : "Les sociétés militaires privées
vont remplacer les casques bleus, c'est inévitable, car le système
actuel ne fonctionne pas. D'une part, les contingents envoyés par les
pays démocratiques sont englués dans des considérations
politiques et éthiques qui paralysent leur action. Et d'autre part,
quand on demande aux pays sous-développés de fournir des contingents,
ils n'envoient pas leurs meilleures troupes, loin de
là."
Il a souvent côtoyé les casques bleus au cours de sa
longue carrière, et affirme que, partout, leur comportement est
déplorable : "Nous serons moins chers et plus efficaces. Je suis
sûr qu'une petite armée privée bien équipée pourrait stopper
rapidement les massacres au Darfour."
Sur le plan éthique, les
privés ne sont pas des anges, mais ils ne sont pas pires que les
soldats de nombreux pays : "On virera les mauvais, on gardera
les bons, ce qu'une armée ne peut pas faire."
Et, tant que les
salaires resteront élevés, il n'y aura pas de pénurie de
main-d'oeuvre.
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MessageSujet: Re: Vous avez dit CONTRACTOR ...   Vous avez dit CONTRACTOR ... Icon_minitimeDim 15 Aoû 2010 - 4:44

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JeanPaul351
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MessageSujet: Re: Vous avez dit CONTRACTOR ...   Vous avez dit CONTRACTOR ... Icon_minitimeDim 19 Sep 2010 - 21:39

Le commentaire, c'est que l'article décrit le business en 2006, il s'est passé un tas de trucs depuis.... et que malheureusement on ne sous-traite toujours pas les opérations de maintien de la paix.
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MessageSujet: Re: Vous avez dit CONTRACTOR ...   Vous avez dit CONTRACTOR ... Icon_minitime

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