Les Anecdotes Smirnovienne - Episode 5 : Dallas ! Ton univers pas croyable !

Dallas ! Ton univers pas croyable !

Lors de ma deuxième saison estivale dans la sécurité, je travaillais pour un camping de la côte Médocaine. Nous étions quatre conducteurs-canin pour assurer la protection des vacanciers se trouvant dans les 950 emplacements répartie sur les 22 hectares de ce camping. En pleine saison, nous avions environ 4000 personnes … de quoi ne pas s’ennuyer.
J’entend parfois des personnes dirent que les agents de sécurité ne sont pas là pour faire les assistantes sociales et je vais vous prouver qu’au contraire cela peut s’avérer utile voir nécessaire pour arranger certaines situations peu ordinaire.
L’anecdote suivante fait entrer en scène une femme que l’on appellera Sylvie et un homme que l’on appellera Patrice. Le début de la vacation avait été plutôt calme … très peu de viande saoule, pas de
bagarre, aucune intrusion, en fait une soirée de rêve … Mais c’est plus tard que cela à commencé à se corser. Alors que deux agents était en ronde à l’intérieur du camping, mon collègue et moi étions restés à l’entrée. Vers 01H00, nous vîmes arriver vers nous, une femme d’environ 35 ans avec un jeune garçon proche de la dizaine d’années. La première chose qui me frappa fut la légèreté de sa tenue car cette fort belle femme ne portait qu’un tee-shirt court et un string trop lâche qui laissé entrevoir sa toison. Arrivé à sa hauteur, je constata qu’elle avait les yeux très rouges et par l’expression de son visage, j’en déduit qu’elle avait certainement pleuré.
J’entama la conversation :
- Bonsoir madame … Bonsoir jeune homme …
- Bonsoir …
- Pourrais-je savoir où vous allez, s’il vous plait ?
- Je venais justement vous voir. Vous faites bien partis du service de sécurité ?
- Oui tout à fait. Qu’est-ce que je peux faire pour vous ?
- Pourriez-vous m’ouvrir la barrière, sil vous plait, pour que sorte avec ma voiture ?
- Désolé Madame mais la circulation de tous véhicule à moteur est strictement interdite dans le camping de 23H00 à 07H00. Où comptiez-vous aller ?
- Je voulais aller passer cette nuit dans un hôtel avec mon fils.
- Mais ! Rassurez-moi ! Vous êtes bien résidente du camping ?
- Oui tout à fait, je m’appelle Sylvie et j’ai le mobil-home numéro 44.
- D’accord et pourquoi ne dormez-vous pas à votre emplacement ? Vous avez un problème avec votre bungalow ?
- Non pas du tout. C’est avec mon ami que j’ai un problème !
- Votre ami ? Bon ! Et sans vouloir être indiscret … quel genre de problème ?
- Nous nous sommes disputé et il m’a frappé. Maintenant je ne veux plus dormir là-bas et de toute façon il ne veut pas que je rentre dans le mobil-home.
- Effectivement, c’est un problème. Quoi qu’il en soit, vous ne pouvez pas sortir avec votre véhicule et en plus vous auriez eu du mal à trouver un hôtel ouvert à cette heure là. Et sans vouloir vous offenser, dans cette tenue si vous avez un contrôle de Gendarmerie, je ne sais pas trop ce qu’ils vont en penser.
- Bon … ce n’est pas grave, nous allons dormir dans ma voiture.
- Non, mais franchement … vous n’allez pas faire ça ? Pensez à votre petit garçon ! Ce n’est pas confortable pour lui !
- Mais je n’ai aucune autre solution !
- Si, il y en a une. Je vais vous raccompagner à votre emplacement et j’arrangerais ça avec votre copain.
- Non, ce n’est pas possible !
- Pourquoi ça ?
- J’ai trop peur d’y retourner !
- Mais je vous ai dis que je vous accompagné !
- Oui j’ai compris mais c’est un fou … c’est un trafiquant d’armes.
- ????? Bon, venez avec moi, je vous dis que ça va bien se passer !
Sur ce, elle accepte de me suivre et nous nous dirigeons donc vers le mobil-home 44. En chemin, je commençais à me poser des questions …’’C’est quoi ce cirque ?’’, ‘’Dans quelle histoire de fou je m’embarque ?’’, ‘’Un trafiquant d’arme ? Et pourquoi pas un terroriste ?’’. Je me doutais bien que cette histoire n’est pas encore finie et que je n’étais pas au bout de mes surprises. Pendant le trajet, elle insista bien en me demandant plusieurs fois : ‘’Promettez-moi que s’il pète un câble, vous nous
protègerais !’’. Dérogeant à la règle, j’avais préféré ne pas prendre mon compagnon canidé pour éviter que le copain en question ne se sente agressé en voyant revenir Sylvie accompagné d’un agent de sécurité et d’un chien. Je misais tout sur la diplomatie et espérais sincèrement avoir fait le bon choix.
Quoiqu’il en soit, j’étais en contact radio avec mes trois autres collègues au cas où ça ne tournerait pas comme je l’aurais prévu.
Arrivé au mobil-home, le compagnon de Sylvie, Patrice, était assis sur les marches et fumait une cigarette. Quand il nous vit, il se leva et s’approcha de nous avec un regard pour Sylvie qui en disait long. Je fis signe de la main à la femme et son enfant de rester légèrement à l’écart et me plaça entre eux et Patrice :
- Bonsoir Monsieur.
- Salut.
- Bon, je raccompagne votre compagne et le petit pour qu’ils aillent se coucher.
- Non, je ne veux pas qu’elle rentre dans le bungalow, elle n’a rien à foutre là …
- Attendez et écoutez-moi deux minutes … Je sais que vous avez un problème à régler avec Sylvie mais vous le ferez demain quand il fera jour et que la nuit vous aura porté conseil à tous les deux. En attendant, elle ne peut pas quitter le camping avec sa voiture en raison du règlement et de toute façon, ils n’ont aucun autre endroit où aller dormir à cette heure ci.
- C’n’est pas mon problème, je m’en fous …
- Ce n’est peut-être pas votre problème mais là ça devient le mien. Vous comprendrez que je ne peux pas laisser une femme et un enfant dormir à la belle étoile ou dans une voiture. Donc il va bien falloir que l’on trouve un compromis.
- Bien sur, il y en a un … elle se casse et elle me fout la paix.
- Bon ! Je ne sais pas ce qu’il s’est passé entre vous mais là ça commence à trainer en longueur donc il va falloir que ça se termine vite.
- Vous savez ce qu’elle m’a fait cette sal*** ?
- Ben, ça ne me regarde pas mais si ça peut arranger la sauce, je vous écoute.
- Ca fait 1 an qu’on est ensemble et elle m’a avoué ce soir qu’elle a le sida depuis 2 ans !!!
- Ha oui en effet …. Et je suppose que vous n’aviez pas de rapports protégés ?
- Ben, non, j’aurais jamais cru que cette p*** avec le sida !
- Effectivement, c’est un problème. Mais quoiqu’il en soit ce n’est pas à la frappant et en la mettant à la rue avec le petit que ça va arranger ça …
Là-dessus, Sylvie s’en mêla :
- C’n’est pas vrai ! Il dit que des conneries !
- Espèce de menteuse !
- Tu peux parler, toi le trafiquant d’armes !
- Mais arrête de raconter n’importe quoi !
- Ose dire que tu ne trafique pas d’arme !
- Ne l’écoutez pas, Monsieur, elle raconte des conneries !
Il me fallut une bonne demi-heure pour calmer Sylvie et Patrice qui ne voulaient pas lâcher prise. Je passais tout ce temps à les écouter rager sur la situation et à faire en sorte qu’ils ne s’emportent pas plus que ça car cela aurait pu réveiller les autres campeurs du voisinage. Avec de la patience je réussis à trouver, ou plus précisément à imposer, ce fameux compromis.
- Bon ! Ecoutez-moi ! Dans le mobil-home, il ya suffisamment de place pour tous les trois. Donc vous allez arrêter ce cirque maintenant et on va faire à ma manière ! Sylvie et le petit vous allez dormir dans la chambre et Patrice sur le canapé du salon ! Vous règlerez votre histoire demain quand il fera jour ! Ok ?!
- Je veux bien mais dès que vous serez partis, il va rentrer dans la chambre et me taper dessus !
- Non, puisque vous allez fermer la porte à clef. En plus, je vais vous donner mon numéro de portable et s’il tente quoique ce soit … vous m’appelez et j’arriverais aussitôt. Ca vous va ?
- Oui très bien.
- Bon, ben maintenant allez vous coucher. Quand à vous monsieur, si elle m’appelle parce que vous essayez de forcer sa porte, je reviendrais mais là ça ne sera pas pour discuter ! J’espère que vous avez bien compris !
- Oui, oui, ne vous inquiétez pas, je la laisserais tranquille.
Sylvie et son fils partirent se coucher. Patrice, lui resta sur le pas de la porte. Voyant qu’il n’avait pas encore décoléré, je décidai de rester encore un petit moment pour faire descendre la tension car je n’avais pas l’intention de revenir.
- Vous n’allez pas vous coucher ?
- Non, je vais encore m’en griller une.
- Bon, je vous l’offre.
- Merci … Dites, j’ai entendu dire qu’il y avait un ancien militaire dans le service de sécurité. Ca ne serait pas vous par hasard ?
- Si, pourquoi ?
- J’adore l’armée et d’ailleurs je collectionne les uniformes de tous les pays.
- Ha bon. Et les armes aussi ? (en rigolant)
- Non, je ne trafique pas d’arme comme elle le dit. J’ai quelques armes mais de collection.
- Quel genre ?
- Ben, fusil à pompe, AK47 et autres armes du même style.
- Mais vous savez que ce sont des armes de guerre ? Elles sont démilitarisées ?
- Comment ça ?
- Ben, elles ne peuvent plus tirer ?
- Ha si, je ne vois pas l’intérêt d’avoir des armes qui ne tirent pas …
Et nous avons continué un peu sur ce sujet. J’ai vite compris que cet homme n’était pas clair du tout avec ses histoires d’armes … Quand je l’ai senti plus détendu, je l’ai laissé pour regagner l’entrée du camping mais sans oublié de lui rappeler la consigne :
- Bon, ben je vais vous laisser mais n’oubliez pas ce que je vous ai dis tout à l’heure. Que je ne revienne pas, Ok ?
- Il n’y aura aucun problème, promis ! En plus vous avez l'air sympa ...
- Justement, ne confondez pas sympa avec trop cool! Si je suis obligé de revenir ça ne sera pas avec le sourire.
- Pas de Problème, j'ai pris le message.
- Très bien ......
Sur ce, il partis se coucher. Je rejoins donc mes collègues et la vacation se termina sans aucun autre incident.
Le lendemain, je repris mon service vers 22H00 et lorsque je passai près du bar, je vis mes deux tourtereaux, Sylvie et Patrice, bras dessus-dessous comme s’il ne s’était rien passé la veille ……

sacrés histoire, faire un peu de social et être a l'écoute des autres fait partis de notre métier en tout cas pour moi.

Tu n'as pas prit parti, c'est fort. Ca a pas du être simple.

Mais si effectivement, elle savait qu'elle avait le sida avant d'avoir des rapports non protégés avec lui, c'est puni sévèrement par la loi. Un militaire a porté plainte contre sa femme, il était dans la légion je crois, même situation. Elle est taule maintenant. Je ne sais pas si le procès à fait jurisprudence ou si il y avait déjà eu un cas auparavant. L'affaire est assez récente, moins d'un ans.

social quand tu nous tiens

Ben, mon premier soucis était que cette histoire n'entache pas la réputation du camping et surtout qu'on ne puisse pas dire que la sécurité ne s'est pas faire son travail ..... c'est à dire veiller au calme et au silence.

je la trouve un peu triste tout de même cette histoire mais tu as vraiment bien agis...