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| MERCENAIRES SANS FRONTIERES, Les « chiens de guerre » | |
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Age : 53 Région : Rhône Alpes
Société : Education nationale Emploi : Enseignant en BTS MOS, CAP AS & BAC PRO Métiers de la Sécurité
Formations : Formation de formateur via le CAFOC (Centre Académique de FOrmation Continue), Licence professionnelle sécurité des biens et des personnes, parcours prévention des risques professionnels et environnementaux, BTS MOS, BP ATPS Date d'inscription : 02/09/2006 Nombre de messages : 24309
| Sujet: MERCENAIRES SANS FRONTIERES, Les « chiens de guerre » Sam 28 Juil 2007 - 20:57 | |
| MERCENAIRES SANS FRONTIERES, Les « chiens de guerre » de la mondialisation financière
« Si la cupidité est bonne, la guerre est meilleure » Forbes.com commentant les profits financiers de DynCorp en bourse.
Prologue Le terme « mercenaire » évoque très souvent chez nos concitoyens l’image d’un Bob Denard, des « soldats de fortune » et autres « affreux ». Mais le grand public ignore souvent la nouvelle réalité, bien plus affreuse, celle des Sociétés militaires privées (SMP), les fameuses Private Military Contractors (PMC).
Depuis l’effondrement du système soviétique en 1989, la donne a changé. Si, par le passé, les mercenaires vendaient, moyennant espèces sonnantes et trébuchantes, leur sale besogne à des dictateurs à la dérive, des entreprises en mal de milice patronales ou des services secrets en quête d’hommes de main pour des coups tordus dans l’ombre, aujourd’hui c’est au grand jour que des Etats dits « civilisés » et leurs institutions sont devenus les principaux donneurs d’ordre des SMP : Pentagone, Département d’Etat, ONU, UE, OSCE, OUA et même certaines ONG et la Croix Rouge !
Le scandale de British Aerospace Systems, qui secoue actuellement le Royaume-Uni et les Etats-Unis, révélant une corruption financière et politique autour d’énormes contrats de vente d’armes de la société britannique BAE Systems à l’Arabie saoudite, a levé un coin du voile sur le véritable projet de société que tente d’imposer l’oligarchie financière internationale. Il s’agit d’un modèle d’empire inspiré de la Compagnie britannique des Indes orientales, qui, au XVIIe siècle dominait avec son monopole financier, son commerce et ses armées, les océans d’un « empire où le soleil ne se couche jamais ».
Hier, comme aujourd’hui, il s’agit d’ériger un cartel de financiers, qui, en mariant pouvoir financier, puissance militaire, technologique et informatique imposent leur contrôle sur les ressources de la planète et ses habitants. Comme les pirates de jadis, les Sociétés militaires privées exécutent comme sous-traitants les basses œuvres de l’empire dont elles portent la gloire.
Un bref examen des carrières des dirigeants actuels de BAE Systems, ainsi que leurs carnets d’adresses dans le monde politique, financier et des affaires, confirment sans ambiguïté qu’avec BAE nous n’avons plus affaire à une simple entreprise, mais à un cartel de producteurs d’armes high-tech dans l’informatique et le spatial (BAE Systems, United Defense Industries, Lockheed Martin), de financiers spéculateurs (Lazard, Goldman Sachs, Deutsche Bank), de gestionnaires de matières premières (British Petroleum, Shell Oil) avec sur le terrain, les SMP.
La Société militaire privée DynCorp, qui forme des milliers de soldats et de policiers et dont nous parlerons plus loin, est également une caricature grotesque de ce mariage criminel entre grandes compagnies de mercenaires et grandes compagnies de spéculateurs. Le principal actionnaire de DynCorp a été pendant très longtemps Capricorn Holdings, une société dirigée par un certain Herbert S. Winokur Jr., qui siège à DynCorp tout en présidant le conseil financier de la société Enron, le géant texan de l’énergie connu pour ses malversations retentissantes. Récemment, DynCorp fut racheté par un fonds d’investissement, Veritas Capital, dirigé par Robert B. McKeon, ancien PDG de Wasserstein Perella Management Partners. L’ancien partenaire de McKeon est Bruce Wasserstein qui dirige aujourd’hui la banque synarchiste Lazard Frères...
Si le cartel fascisant BAE a pu s’implanter aussi massivement dans les interstices du pouvoir américain, allant jusqu’à porter atteinte à sa souveraineté, c’est essentiellement à cause de l’anglophilie sans limites du vice-président américain Dick Cheney et de sa femme Lynne, têtes de proue de la secte des néo-conservateurs. Le scandale de la BAE a été un révélateur du vrai projet politique de cette faction. Sous couvert de « révolution dans les affaires militaires (RMA) », une politique systématique de « privatisations » et « d’externalisation » ainsi que de réduction massive des effectifs de l’armée américaine, doublée d’une course aux armements « miracles » (informatique, espace, etc.) confiés à quelques super professionnels opérant dans le plus grand secret, a créé le cadre de l’explosion fulgurante du marché des sociétés militaires privées.
Aussi fou que ceci puisse paraître, cette vaste machine militaire, devenue instrument de chantage, leur permettrait l’instauration d’un « gouvernement mondial » tenant le monde en otage avec des armes positionnées dans l’espace, tout en gérant le chaos des populations avec des entités de mercenaires, une génétique sans éthique, une désinformation constante et des drogues régulatrices. Cette « dictature scientifique », l’utopie dangereuse dont rêvaient George Orwell dans 1984 et Aldous Huxley dans Le retour au meilleur des mondes, popularisée par tant de bandes dessinées, sera la réalité du monde de demain si nous réagissons pas.
Introduction En 2004 s’est tenue au Middlebury College, dans l’Etat du Vermont aux Etats-Unis, une conférence sous les auspices du Centre Rohatyn pour les affaires internationales, sur le thème de « la privatisation de la défense nationale américaine. »
Félix Rohatyn, ancien ambassadeur américain à Paris et ancien banquier de Lazard Frères, y partageait la tribune avec des géopoliticiens tel que Michaël Ignatief, un professeur d’Harvard qui affirme que l’Amérique devrait abandonner le républicanisme pour le « libéral-impérialisme », William Dobson, l’éditeur de la revue du Conseil des relations étrangères (CFR) Foreign Affairs, et un certain nombre d’anciens militaires habitués à effectuer des allers-retours entre le Pentagone et un secteur militaire privé en pleine croissance grâce au développement très lucratif des sociétés militaires privées.
Mentionnons aussi, par exemple, le général Ed Soyster, annoncé au programme comme un « conseiller spécial auprès du ministère de la Défense ». Si Soyster a été réellement chef du service de contre-espionnage américain, la D.I.A. (Defense Intelligence Agency), il est aujourd’hui vice-président en charge des relations internationales de MPRI (Military Professionals Resources Inc.), une des plus importantes sociétés militaires privées du monde.
Sept ans plus tôt la même D.I.A. avait déjà organisé un colloque à huis clos sur le thème de « la privatisation des fonctions de défense nationale en Afrique sub-saharienne », réunissant des SMP américaines et anglaises. En dehors des responsables de MPRI, il y avait aussi Eeben Barlow, directeur de la fameuse société de mercenaires Executive Outcomes, qui se faisait rémunérer en diamants en Sierra Leone, ainsi que celle de Timothy Spicer dont nous parlerons plus tard.
Un mois après cette conférence, dans le Financial Times, Félix Rohatyn en personne livrait ses pensées sur la question. Depuis une décennie, dit Rohatyn, une révolution tranquille est en marche. Dans la première guerre du Golfe, « la proportion de troupes américaines sur le terrain par rapport au nombre de SMP était de 50 contre 1. Dans la guerre d’Irak en 2003, la proportion était de 10 contre 1, tout comme pendant l’intervention en Bosnie et au Kosovo, sous Clinton. (...) Pour donner un ordre de grandeur de cette évolution, le montant total des contrats d’Halliburton en Irak se chiffre à ce jour autour de 11 à 13 milliards de dollars, soit plus du double du coût payé par les Etats-Unis pour la première guerre du Golfe. (...) Dans l’histoire de la guerre, continue Rohatyn, la sous-traitance et le déploiement de mercenaires n’ont rien de neuf. L’empire anglais a été bâti avec des soldats mercenaires, et une armée de citoyens n’est apparue que dans la deuxième moitié du XIXe siècle. Mais il y a deux différences structurelles entre l’empire anglais du XIXe et l’américain du XXe. D’abord, ce sont des compagnies cotées en bourse qui mènent des opérations militaires privées. Ensuite, le marché de cette nouvelle force possède aujourd’hui un caractère vraiment mondial, ce qui fait apparaître des nouvelles prérogatives de responsabilité et de régulation. » | |
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| Sujet: Re: MERCENAIRES SANS FRONTIERES, Les « chiens de guerre » Sam 28 Juil 2007 - 20:57 | |
| Un marché de 100 milliards de dollars
Lors de l’invasion américaine de l’Irak, en mars 2003, des hommes de la Navy pilotaient les bateaux de guerre américains. Mais à leurs côtés, opérait le personnel de quatre sociétés privées, pilotant quelques-unes des armes les plus sophistiquées du monde. Quand les drones prédateurs, les Hawks, et les bombardiers fantômes B2 entraient en action, leurs systèmes étaient également manoeuvrés par des sociétés privées.
Le rôle des SMP a été encore plus important dans la période dite de « l’après-guerre ». En 2003, sur les 87 milliards dépensés par les Etats-Unis en Irak et en Afghanistan, un tiers (30 milliards) l’a été pour les SMP. Rien qu’en Irak le General Accounting Office (GAO, équivalent américain de la Cour des Comptes en France) affichait en 2005 la présence de quelque 60 SMP employant environ 25.000 personnes, chiffre qui est passé en 2006 à 181 sociétés employant un peu plus de 48.000 personnes, soit plus de quatre fois les 11.000 soldats du contingent britannique !
Les officiers de l’armée anglaise se plaignent presque quotidiennement du fait que leurs soldats qualifiés rejoignent le privé pour toucher des salaires généralement entre cinq à vingt fois plus élevés que ce qu’ils gagnent dans l’armée de sa glorieuse majesté. Un ancien commando du SAS britannique, des forces Delta américaines ou d’autres troupes d’élite, peut gagner jusqu’à 1000 dollars par jour en Irak. L’hémorragie est telle que même l’armée américaine a dû se résoudre à verser une prime de 150.000 dollars pour tout sous-officier qui renouvelle son engagement pour six ans de plus.
« Révolution dans les affaires militaires » revue Inflexions N°5, janvier-mai 2007 Si cette « révolution dans les affaires militaires » (RMA), décrite dans le livre The Transformation of War de Martin van Creveld, où les Etats-nations sont remplacés par des « entités guerrières », est en marche depuis longtemps, son ampleur prend désormais une dimension plus qu’inquiétante.
D’abord, en remontant un peu dans le temps, on constate que depuis la fin de la guerre froide, presque six millions de militaires ont été jetés sur le marché du travail avec comme unique qualification leur expérience militaire. Les effectifs considérables de l’Armée Rouge, ceux des armées de l’Allemagne de l’Est ou de l’Afrique du Sud ont été massivement réduits. Les armées des pays européens et des Etats-Unis n’ont pas résisté à la tendance générale. Ainsi, l’armée américaine est passée de 2,1 millions d’hommes sous les armes en 1990 à 1,4 million en 2003, soit un tiers de moins ! C’est cette réduction massive des effectifs de l’armée américaine sous Clinton, un « downsizing » ou rétrécissement accéléré massivement par l’administration Bush-Cheney, qui a fait exploser le marché du privé. Grâce à Donald Rumsfeld, qui arguait qu’on pouvait « externaliser toutes les fonctions militaires sauf les tirs », les contrats gouvernementaux avec les SMP ont conquis un marché pesant plus de 100 milliards de dollars par an, qui a englouti environ le quart des 439,3 milliards de dollars du budget de la défense des Etats-Unis en 2006. Dans la pure tradition du double langage orwellien, les SMP ont formé leur propre lobby pour défendre la profession, l’International Peace Operations Association.
DynCorp, un Etat dans l’Etat
Examinons pour commencer le cas de la Société militaire privée DynCorp. Basée à Church Falls en Virginie, DynCorp (dont l’ancien patron de la CIA James Woolsey fut actionnaire) emploie 26.000 personnes dans des dizaines de pays. Racheté par un fonds d’investissement coté à la bourse de New York, Dyncorp est un véritable Etat dans l’Etat. La société se vante de ses performances en informatique qui lui ont valu les contrats de gestion des données comptables de plus de trente agences et ministères de l’Etat américain, y compris le FBI, le Département d’Etat, le Département de la Justice, le Département de la Défense, l’agence de répression contre les stupéfiants (DEA), le Bureau des Prisons et l’Office national de la politique contre la toxicomanie. C’est une des rares sociétés ayant accès au système PROMIS, qui permet un accès illimité à tous les comptes bancaires de la planète, système qui aurait servi pour « balayer » les comptes en banque de Manuel Noriega et de Ferdinand Marcos ! L’ancien poids lourd du ministère de la Sécurité intérieure américaine, Dwight. M. Williams, vient d’en être nommé vice-président pour les questions de sécurité tandis qu’un ancien haut responsable de BAE a été nommé directeur. Que demande le peuple ?
Derrière cette honnêteté de façade se cache une réalité bien moins reluisante. Un mémorandum diplomatique américain affirme que « quelque 300 officiers de la police haïtienne ont obtenu une formation de gestion des foules ». Les experts de l’ambassade pensent que ce sera la tâche principale de la police haïtienne en 1997, puisque « la stagnation de l’économie engendre un fort sentiment de frustration dans la populace. »
Le site internet CorpWatch souligne que certains contrats semblent formatés explicitement pour contourner la loi américaine. Après les guerres coloniales au Laos et au Cambodge, le Congrès américain a limité à 400 le nombre de soldats que le pays peut déployer à l’étranger et imposé l’autorisation du Congrès pour tout contrat au-dessus de 50 millions de dollars. En multipliant des contrats moindres rebaptisés « missions de la paix » et en faisant appel à des SMP ainsi qu’à des étrangers, le Congrès est mis hors du coup. Janice Shakowsky, une démocrate de l’Illinois, posait publiquement la question : « Est-ce que l’armée américaine privatise ses missions pour éviter toute contestation ou critique en soustrayant les cadavres au regard de l’opinion publique ? »
Comme nous l’avons souligné au début de cet article, DynCorp est presque une caricature de la Compagnie des Indes orientales, mariage criminel entre grandes compagnies de mercenaires et grandes compagnies de spéculateurs. L’actionnaire principal de DynCorp a été pendant très longtemps Capricorn Holdings, une société dirigée par un certain Winokur, qui siège à DynCorp tout en étant président du conseil financier de la société Enron, le géant texan de l’énergie connu pour ses malversations. On pense que ce qui a permis à Winukur d’éviter la prison, ce sont les rapports intimes de DynCorp avec le système judiciaire américain. Au début de l’année 2007, DynCorp fut racheté par un fonds d’investissement, Veritas Capital, dirigé par Robert B. McKeon, ancien PDG de Wasserstein Perella Management Partners. L’ancien partenaire de McKeon est le sulfureux Bruce Wasserstein, qui dirige aujourd’hui la banque synarchiste Lazard Frères. Commentant les récents et fabuleux profits de DynCorp, qui « dépassent tous les espoirs de Wall Street », le site internet Forbes.com commentait que « Si la cupidité est bonne, la guerre est meilleure », affirmant que « puisque les conflits continuent à faire la une, les analystes anticipent de bonnes perspectives pour les sous-traitants militaires ». | |
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| Sujet: Re: MERCENAIRES SANS FRONTIERES, Les « chiens de guerre » Sam 28 Juil 2007 - 20:59 | |
| SMP et humanitaire
Le déguisement en gardiens de la paix et en co-acteurs dans le domaine humanitaire a permis à certaines SMP d’empocher des contrats auprès de donneurs d’ordres parfaitement respectables : Pentagone, Département d’Etat, ONU, UE, OSCE, OUA, voir certaines ONG et même la Croix Rouge !
Bernard Kouchner, dont l’esprit d’ouverture est désormais légendaire, y fait allusion dans un article récent publié dans une revue de référence, où il affirme que « la question majeure en effet n’est sans doute plus de savoir si l’espace humanitaire doit rester l’exclusivité des ONG (si tant est qu’il l’ait jamais été), mais bien plutôt de savoir comment un nombre croissant d’acteurs agissant aujourd’hui dans le secours aux victimes -ONG, organisations onusiennes, sécurité civile, forces militaires nationales et transnationales, acteurs privés, etc. - peuvent avoir des mandats, démarches et périmètres d’actions qui permettent de répondre le plus efficacement possible, et avec le meilleur rapport coût-efficacité aux besoins des populations touchées par les crises. » [1]
On le voit, pour Kouchner il ne s’agit pas de combattre ce phénomène, mais de le réguler afin de profiter du « meilleur rapport coût-efficacité », c’est-à-dire du marché ! Pour faire passer la pilule amère à une opinion publique française jugée « trente ans en retard sur les Anglo-Saxons », certains plaident pour « adopter le vocable de société d’appui stratégique et opérationnel (SASO), de préférence à celui de société militaire privée (SMP) » Mais le message est clair : « Monsieur, nous ne sommes pas des mercenaires, détrompez-vous ! Nous faisons un travail professionnel, sérieux, quoique pour quelques poignées de dollars. » Comme d’habitude, la révolution des mots est en marche.
La loi française et la Convention de Genève
Mais une opposition réelle aux SMP existe dans notre pays. Le 3 avril 2003, les députés français ont voté - à l’unanimité des différents partis - un nouveau texte de loi sur « la répression de l’activité mercenaire ». A l’occasion, la ministre de la Défense Michèle Alliot-Marie, entre autres, a exprimé toute la réticence que la France ressent instinctivement à l’encontre de ces SMP : « De véritables entreprises de guerre, souvent d’origine anglo-saxonnes, ont, sur ce terreau, pu apparaître et fructifier. Elles fournissent à des Etats à la dérive des produits guerriers "clés en main" et à des oppositions peu soucieuses du respect des procédures légales, les moyens de parvenir à leurs fins. Il est à noter, d’ailleurs, qu’il ne s’agit plus du mercenariat traditionnel, individuel, mais de véritables entreprises commerciales, d’autant plus redoutables qu’elles disposent de moyens importants. »
La loi adoptée est presque identique au protocole I du 8 juin 1977, additionnel aux Conventions de Genève du 12 août 1949, article 47, 2. Ce dernier est plus qu’explicite sur la question : « Le terme "mercenaire" s’entend de toute personne : a) qui est spécialement recrutée dans le pays ou à l’étranger pour combattre dans un conflit armé ; b) qui en fait prend une part directe aux hostilités ; c) qui prend part aux hostilités essentiellement en vue d’obtenir un avantage personnel et à laquelle est effectivement promise, par une Partie au conflit ou en son nom, une rémunération matérielle nettement supérieure à celle qui est promise ou payée à des combattants ayant un rang et une fonction analogues dans les forces armées de cette Partie ; d) qui n’est ni ressortissant d’une Partie au conflit, ni résident du territoire contrôlé par une Partie au conflit ; e) qui n’est pas membre des forces armées d’une Partie au conflit ; et f) qui n’a pas été envoyée par un Etat autre qu’une Partie au conflit en mission officielle en tant que membre des forces armées dudit Etat. »
Il est à noter ici que beaucoup de pays, y compris les Etats-Unis, ne sont pas signataires du Protocole additionnel (APGC77), définissant le statut de mercenaire. Mais, compte tenu du fait que les six critères doivent s’appliquer en même temps, ce texte manque de sévérité. Malheureusement, la nouvelle loi française ne fait qu’intégrer au code pénal français cette qualification juridique de « mercenaire » telle qu’elle se trouve déjà définie par la Convention de Genève. Sur le terrain, la loi s’avère inopérante car elle se limite à des mercenaires individuels et pas à des entreprises. Par exemple, en Côte d’Ivoire, la France a été incapable d’inculper les « mercenaires » slaves ou sud-africains, auteurs du bombardement de Bouaké sur les forces militaires françaises, car juridiquement ils étaient employés par les forces armées du pays. Juridiquement, cette attaque était un acte de guerre de la Côte d’Ivoire contre la France, qui, dès lors, ne pouvait plus s’appuyer sur la Convention de Genève pour poursuivre les mercenaires en question. Plus grave encore, aucune loi n’empêche pour l’instant une société de droit français de « contracter » avec l’armée américaine ou avec des organismes humanitaires en Irak ou en Afghanistan, afin de mettre à leur disposition les compétences d’un vivier d’anciens soldats français dans des missions de protection.
Notons aussi que certains en France veulent se mettre à l’heure anglo-saxonne. Ainsi, l’ancien patron de la direction du renseignement militaire, le général Heinrich, a créé sa propre société Géos qui connaît une forte croissance et dispose déjà de quelque 120 anciens de la DGSE. Elle a décroché le contrat pour la sécurité du pipeline Tchad-Cameroun. Bien qu’elle refuse de traiter « des missions qui reviennent en principe aux pouvoirs publics », elle peut dans l’urgence, intervenir, avec le feu vert du Quai d’Orsay, tout en évitant « toute participation directe ».
De Machiavel à Eisenhower
Comme les généraux romains à la fin de l’empire, qui se faisaient couronner empereur à Rome en achetant les voix de la plèbe avec le butin des conquêtes impériales, l’élection de la dynastie Bush a largement bénéficié des contributions des compagnies mercenaires et des fonds d’investissements qui les contrôlent. Impossible de chiffrer avec précision les millions de dollars versés par les SMP aux candidats sur le devant de la scène politique. Ce qui est connu, c’est que Blackwater USA a versé 2,4 millions à des candidats républicains, tandis que DynCorp, Bechtel et Halliburton leur ont allongé plus de 2,2 millions de dollars, ainsi qu’à la candidature de George W. Bush.
Sommes-nous prêts à vendre notre liberté et nos âmes aux diables de la guerre en acceptant la privatisation des dernières fonctions régaliennes de nos Etats-nations souverains ?
A un étudiant qui lui demandait, lors d’un débat à l’université John Hopkins, s’il envisageait une législation pour ramener les SMP sous le coup de la loi, le président Bush répliqua, en rigolant, qu’il « allait décrocher le téléphone et dire, Monsieur le Ministre, j’ai une question intéressante », déclenchant un éclat de rire général.
Deux voix plus sages du passé nous mettent en garde contre tout pouvoir excessif d’un complexe militaro-industriel, devenu aujourd’hui militaro-financier. D’abord celle de Machiavel, l’homme d’Etat florentin et ami de Léonard de Vinci, s’adressant au duc Sforza dans Le Prince, en 1532. Ensuite, plus proche de nous, celle du grand ami du général de Gaulle, le général et président Dwight Eisenhower, lorsqu’il prononça son allocution de départ en janvier 1961.
Machiavel, qui voyait dans les condottieres et leurs mercenaires la principale cause de la ruine de l’Italie à son époque, écrit : « Le Prince dont le pouvoir n’a pour appui que des troupes mercenaires ne sera jamais aussi assuré ni tranquille ; car de telles troupes sont désunies, ambitieuses, sans discipline, infidèles, hardies envers les amis, lâches contre les ennemis ; et elles n’ont ni crainte de Dieu, ni probité à l’égard des hommes. Le Prince ne tardera d’être ruiné qu’autant qu’on différera de l’attaquer. Pendant la paix, il sera dépouillé par ces mêmes troupes ; pendant la guerre, il le sera par l’ennemi. La raison en est que de pareils soldats servent sans aucune affection, et ne sont engagés à porter les armes que par une légère solde ; motif sans doute incapable de les déterminer à mourir pour celui qui les emploie. Ils veulent bien être soldats tant qu’on ne fait point la guerre ; mais sitôt qu’elle arrive ils ne savent que s’enfuir et déserter. » (...) « Les capitaines mercenaires sont ou ne sont pas de bons guerriers : s’ils le sont, on ne peut s’y fier, car ils ne tendent qu’à leur propre grandeur, en opprimant, soit le prince même qui les emploie, soit d’autres contre sa volonté ; s’ils ne le sont pas, celui qu’ils servent est bientôt ruiné. Si l’on dit que telle sera pareillement la conduite de tout autre chef, mercenaire ou non, je répliquerai que la guerre est faite ou par un prince ou par une république ; que le prince doit aller en personne faire les fonctions de commandant ; et que la république doit y envoyer ses propres citoyens : que si d’abord celui qu’elle a choisi ne se montre point habile, elle doit le changer ; et que s’il a de l’habilité elle doit le contenir par les lois, de telle manière qu’il n’outrepasse point les bornes de sa commission. »
Enfin, le général Dwight Eisenhower, le 17 janvier 1961, trois jours avant la fin de son mandat présidentiel, avertissait contre le danger de ce qu’il appelait le complexe militaro-industriel en ces termes : « Dans les allées du pouvoir, nous devons nous protéger contre l’obtention d’influence injustifiée, délibérément recherchée ou pas, par le complexe militaro-industriel. Le potentiel pour un accroissement désastreux ou déplacé du pouvoir existe et persistera. Nous ne devons jamais laisser le poids de cette combinaison mettre en danger nos libertés ou le processus démocratique... »
Source : solidariteetprogres.org | |
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