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 11 sept: les transports aériens ont changé aux USA

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MessageSujet: 11 sept: les transports aériens ont changé aux USA   11 sept: les transports aériens ont changé aux USA Icon_minitimeDim 11 Sep 2011 - 11:19

NEW YORK, États-Unis - Les voyageurs sont plus nombreux qu'il y a 10 ans, mais rien n'est plus comme avant. Les attentats du 11 septembre ont profondément modifié le transport aérien aux États-Unis, entre sécurité omniprésente et contraintes multiples.

Beaucoup de passagers se souviennent du temps où prendre l'avion aux États-Unis était aussi simple que monter dans une voiture, et démarrer. Les contrôles dans les aéroports sont aujourd'hui systématiques, longs, parfois jugés tatillons. Chacun peut être fouillé, amené à enlever ses chaussures, et doit soigneusement débarrasser son bagage en cabine de tout objet métallique ou de liquides.

A bord, les portes des postes de pilotage sont désormais blindées et fermées à double tour. Des policiers en civil, armés, veillent parfois sur certains vols. Un trait d'humour déplacé ou un séjour un peu prolongé aux toilettes peuvent avoir des conséquences imprévues, comme le retour précipité de l'avion à son aéroport de départ... Le coût de la sécurité a été répercuté par de nombreuses taxes, et les prestations à bord s'en ressentent.

De nombreux passagers, interrogés par l'Associated Press lors d'une dizaine de vols aux États-Unis, expriment leur frustration, souvent plus en raison des conditions de voyage elles-mêmes que des craintes d'attentat. «À chaque fois que j'entre dans un aéroport, j'ai l'impression d'être une victime», résume ainsi Lexa Shafer, originaire de Norman en Oklahoma (centre).

À l'embarquement, dans les files d'attente, chacun se surveille, pour être le mieux placé quand les portes s'ouvriront, constate Karen McNeilly, une passagère de Gold Hill, dans l'Oregon (nord-ouest). On glisse un oeil sur le billet du voisin, on se plaint quand quelqu'un embarque avant soi. «Les gens ont perdu toute courtoisie», déplore-t-elle.

Les compagnies, et pas seulement celles à bas coûts, ont rogné sur les prestations à bord, dont les repas, tout en entassant plus les passagers. Il y a dix ans, 72 pour cent en moyenne des sièges par vol étaient occupés, un taux qui a grimpé à 82 pour cent aujourd'hui. Les compagnies, par souci de rentabilité, ont ajouté des rangées de sièges — notamment sur les avions de transport régional qui assurent une bonne partie du trafic — et la place est de plus en plus mesurée.

Prendre l'avion aujourd'hui est une expérience parfois «déprimante», reconnaît David Cush, PDG de la compagnie Virgin America. Les passagers n'ont pas le choix, «car il faut bien aller d'un point A à un point B», mais pour eux, «le plaisir du vol a disparu». Si la compagnie «fait tout correctement, le voyage est tout juste supportable», confirme Ethan Estes, de Louisville (Kentucky, sud)

D'autant que les passagers doivent acquitter de plus nombreux frais et taxes pour des services autrefois gratuits. En 2010, 8,1 milliards $ US de frais ont été perçus par les compagnies, contre 2,5 milliards $ US avant les attentats. Les frais d'enregistrement et de contrôle des bagages ont représenté 3,4 milliards $ US du total en 2010.

Malgré tout, les cieux américains sont plus occupés que jamais. Les compagnies aux États-Unis, selon des statistiques officielles, ont transporté 720 millions de passagers en 2010, contre 666 millions en 2000. Mais sur certains courts trajets, de l'ordre de quelques centaines de kilomètres, les passagers préfèrent désormais, sinon leur voiture, voyager par car ou par train. La compagnie ferroviaire Amtrak fait état d'une progression de 37 pour cent de son trafic passagers en dix ans.

Les voyages en car ou en train ne font pas en effet l'objet de contrôles aussi stricts que dans les aéroports, où il est nécessaire d'arriver au moins une heure à l'avance pour les vols intérieurs, et deux heures pour les vols internationaux.

Mais d'un aéroport à l'autre, les contrôles et le temps d'attente peuvent varier considérablement: quatre minutes là, une demi-heure ailleurs. Ce jour-là, à Fort Lauderdale (Floride, sud-est), deux files d'attente étaient ouvertes. L'une était équipée d'un scanner corporel — appareils controversés dont l'efficacité fait débat — l'autre pas. Les passagers pouvaient choisir.

Matthew Von Kluge, de Chicago (nord), ne se dit pas convaincu de l'utilité réelle de toutes ces mesures, sinon «donner un sentiment de sécurité aux passagers». Il portait un T-shirt conçu par son ancienne patronne, la créatrice de mode Vivienne Westwood: «Je ne suis pas un terroriste. Ne m'arrêtez pas». Diane Dragg, de Norman (Oklahoma), prenait quant à elle son mal en patience. «Je préfère tout ça que de sauter en vol».

Après les attentats du 11 septembre, il a fallu trois ans aux compagnies aériennes américaines pour retrouver un trafic normal. Depuis 2001, au moins 33 compagnies se sont placées sous la loi de protection des faillites, dont Delta, Northwest, United et US Airways qui existent toujours aujourd'hui. Mais d'autres, comme ATA et Aloha, n'ont pas survécu.

Les compagnies souffraient déjà, avant les attentats, de la hausse des prix du pétrole. Après le 11 septembre, faire remonter les passagers à bord des avions fut un défi sans précédent. La première année, le trafic aérien a chuté de 8 pour cent. «Les gens étaient tout simplement terrifiés de voler», note Robert van der Linden, conservateur du Musée national de l'Air et de l'Espace.

Pour continuer leur activité, les compagnies ont puisé dans leurs réserves d'argent et lourdement emprunté, explique Jim Corridore, spécialiste du transport aérien au sein de l'agence de notation Standard and Poor's. Le prix des billets a été abaissé à des niveaux non rentables pour attirer de nouveau les passagers. Dix ans après, les tarifs sont inférieurs de 20 pour cent en moyenne, compte tenu de l'inflation.

Les marges des compagnies sont aujourd'hui réduites, tout comme le nombre de leurs employés: plus de 25 pour cent des 620 000 emplois à temps plein du secteur ont disparu depuis dix ans. Ceux qui restent rapportent moins. Un pilote avec dix ans d'expérience gagne aujourd'hui en moyenne 145 000 $ US par an, soit 13 pour cent de moins qu'en 2001, en tenant compte de l'inflation.

source : metro
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