Quand le chien se transforme en arme

Quand le chien se transforme en arme

DÉFIGURÉE PAR UN PITBULL - Les autorités du Pays et de l’État réagissent
Le Haut-commissariat a tenu une conférence de presse pour rappeler les obligations de prudence qui s’imposent aux propriétaires de chiens. À Moorea, mardi, une jeune femme a été défigurée par un molosse, alors qu’elle écaillait tranquillement son poisson sur la plage de Temae. Elle pourrait garder des séquelles à vie. En moyenne, entre cinq et six attaques de molosses sont recensées, chaque mois, en Polynésie française.
On ne connaît pas précisément le nombre de chiens qui divaguent au fenua, mais une chose est sûre, les forces de l’ordre enregistrent chaque mois entre cinq et six attaques graves sur l’homme. La dernière en date remonte à mardi dernier, à Moorea, et a été révélée hier par La Dépêche de Tahiti . Alors qu’elle écaillait son poisson sur un bout de plage à Temae, une malheureuse jeune femme n’a rien pu faire pour contrer l’attaque d’un molosse de type pitbull, qui lui a littéralement sauté au visage, la mordant au niveau de la bouche avec sa redoutable mâchoire. La pauvre n’aura la vie sauve que grâce à l’intervention d’un second chien, qui distraira le premier de sa proie humaine. Opérée en chirurgie reconstructrice, à 23 ans, la jeune femme n’est pas sûre de retrouver un jour ses traits d’antan.


Stérilisation, laisse, muselière et déclaration en mairie

Le propriétaire du chien, un voisin, qui n’a pas vu le molosse se faufiler par un trou dans le grillage du jardin, a été placé en garde à vue, et sera prochainement jugé devant le tribunal correctionnel pour violences involontaires et violation délibérée des mesures de prudence prévues par la loi. Il encourt cinq ans de prison, et surtout des dommages et intérêts colossaux, puisque la CPS ne manquera pas de se retourner contre lui, afin de couvrir le coût de l’hospitalisation et des soins, lourds, prodigués à la victime de son chien. Le chien en question, et trois autres de ses congénères qui vivaient dans le même jardin, ont été euthanasiés dans la foulée sur arrêté du maire de Moorea.

Le maire a envoyé un signal fort
Magali Charbonneau, directeur de cabinet du Hautc ommissariat, a d’ailleurs tenu à féliciter cette “réactivité” du tavana : “Dans ces cas de figure, il faut aussi penser au droit des victimes, à leur tranquillité, et cette jeune femme va pouvoir rentrer chez elle sans avoir la peur au ventre. Le maire a envoyé un signal fort. Avoir un chien n’est pas un acte anodin”. Au contraire. Détenir un animal, a fortiori de type molossoïde, s’accompagne d’obligations. Et le procureur de la République, José Thorel, avec le concours des forces de l’ordre, compte bien faire appliquer la loi : “L’attaque de Moorea n’est pas un cas isolé, nous en avons eu d’autres ces dernières semaines”, confie le représentant du parquet. “Rappelons que les propriétaires de chiens de catégorie 1 et 2 doivent les tenir à l’attache ou dans un enclos, et quand ils les promènent, ils doivent être tenus en laisse et équipés d’une muselière.


La violation délibérée de ces mesures de prudence est un délit puni de cinq ans d’emprisonnement. Rappelons également que pour ces chiens, la stérilisation est obligatoire et ne pas le faire est aussi un délit. Ces animaux doivent en outre être identifiés, tatoués et faire l’objet d’une déclaration en mairie”. Rappelons enfin que les chiens de catégorie 1 et 2, dits d’attaque ou de défense –rottweiller, american staff, pitbull et apparentés- sont interdits de sortie dans les lieux publics ou les transports en commun, par exemple. L’année dernière, sur les 1 200 chiens qui se sont fait poser une puce électronique d’identification, 30% étaient de type molossoïde. Les autorités espèrent, à terme, faire disparaître du territoire ces espèces controversées par les obligations de stérilisation
Raphaël Pierre

source : ladepeche.pf