Molosses sous étroite surveillance

Molosses sous étroite surveillance

Le centre d'éducation canine d'Anne-Flore Beucher figure parmi les 12 structures habilitées par la préfecture à dispenser la journée de formation auprès des propriétaires de chiens dangereux.
La loi impose une visite chez le vétérinaire pour les chiens menaçants. Les propriétaires se plient à une formation.
Ils sortent tous les crocs. C'est le premier réflexe. En fin d'année passée, un vent de fronde a soufflé chez les propriétaires de chiens dits dangereux. À la mi-septembre, ils ont reçu l'ordre, émanant de la préfecture, de suivre une journée de formation visant « à les informer des bonnes pratiques en matière d'éducation » de leurs toutous.

Leurs canidés, eux, sont sommés de se soumettre à une évaluation comportementale chez un vétérinaire agréé. Au total, la dépense flirte allégrement avec les 200 €. Le prix de la sécurité. La copie de ces examens obligatoires devait être rendue avant le 31 décembre, sous peine de lourdes amendes. « Un test de comportement, d'accord, on voit à quoi ça sert, réagit Camille, propriétaire d'un rottweiller. Mais la journée de formation, c'est du flan. Il suffit d'être présent et on empoche automatiquement l'attestation d'aptitude à détenir un chien dangereux... »

« Décoder les humeurs »

Sur le terrain, heureuse surprise : les propriétaires de « molosses », dans leur majorité, se montrent finalement compréhensifs et même intéressés. Réviser leurs fondamentaux ne leur semble pas une opération superflue. « Le but, c'est de sensibiliser chaque personne aux comportements à adopter pour déjouer les situations à risques », souligne Anne-Flore Beucher, éducateur canin à Saint-Herblain. Des exercices pratiques sont proposés.

« Un chien, quand on se présente à lui, on ne doit pas le regarder dans les yeux, rappelle ainsi Anne-Flore Beucher. Si on arrive de face et qu'on le regarde franchement, il vit cela comme une agression. » Un stagiaire s'emballe : « C'est presque des trucs que l'on devrait apprendre à l'école. C'est vrai, un chien, finalement, on doit apprendre à décoder ses humeurs. »

Le labrador, premier mordeur

Un bon point : ce double examen ne concerne pas seulement les chiens de catégorie 1 (pitbulls) et 2 (American Staffordshire Terrier et rottweillers) mais également tous les chiens qui ont mordu. « C'est une petite avancée, acquiesce Anne-Flore Beucher. Car les propriétaires de chiens de catégorie en ont marre d'être les seuls à être montrés du doigt. Ils se sentent traités comme des délinquants. C'est assez compréhensible : leurs chiens ne sont pas ceux qui mordent le plus. On oublie souvent que c'est le berger allemand et le labrador qui sont les plus gros mordeurs. Le souci, c'est que l'on retient surtout les attaques de pitbulls ou de rottweillers, car elles sont spectaculaires et occasionnent de graves blessures. »

350 000
La France compte près de 350 000 chiens de catégorie 1 et 2.

Euthanasie
Les vétérinaires agréés par la préfecture peuvent éventuellement préconiser l'euthanasie d'un chien dans le cas où les résultats de l'examen comportemental s'avèrent extrêmement inquiétants.

Presse-Océan