Le boom des "contractors" privés

Le boom des "contractors" privés

KABOUL ENVOYÉ SPÉCIAL

Devant le palais présidentiel, ce sont désormais des gardes de sécurité afghans qui sont sur le qui-vive. Il y a quelques mois, des Américains veillaient à la sécurité rapprochée du président Hamid Karzaï. Ils étaient peu loquaces, et il était vain de leur demander s'ils étaient des forces spéciales ou des contractors payés par une société de sécurité privée, telles DynCorp ou Blackwater, rendues célèbres par la guerre en Irak. Outre que leur apparence est la même, ces hommes émargent, in fine, au Trésor des Etats-Unis.

Pour l'année budgétaire 2008, la protection du président afghan a coûté 21,65 millions de dollars (près de 17 millions d'euros), selon un rapport du Congressional Research Service. En Afghanistan, DynCorp International (qui a plus de 14 500 salariés à travers le monde) est surtout impliquée dans la formation et l'équipement de la police et 2 500 de ses contractuels travaillent en Afghanistan sur différents projets, comme l'éradication du pavot ou la construction de logements pour l'armée afghane.

Comme le rappelle le journaliste Ahmed Rashid dans son livre Descent into Chaos, les Etats-Unis ont eu recours à des contractors privés dès le début de l'intervention en Afghanistan, pour des activités aussi diverses que l'entraînement de la police et de l'armée, la fourniture de gardes du corps, la conduite d'interrogatoires de prisonniers, la gestion de prisons, la lutte contre la drogue, mais aussi la construction de puits et d'écoles. L'utilisation de contractors par la CIA s'est considérablement développée après 2002 : de plus en plus de tâches devaient être menées par les militaires, et le Pentagone devait garder ses soldats pour l'Irak. Les emplois liés à la sécurité sont bien payés. DynCorp proposait récemment un contrat policier d'un an payé 118 408 dollars (7 769 euros par mois), frais d'hébergement, de nourriture, d'uniforme et de transport compris. Un pactole comparé au salaire d'un soldat afghan, qui s'élève à 150 dollars par mois (750 dollars pour un général), et plus encore à celui d'un policier, qui dépasse à peine 100 dollars. Quelque 600 instructeurs "civils" (la plupart membres de DynCorp) forment la police afghane et plus d'une trentaine de conseillers américains sont placés au ministère de l'intérieur.

Laurent Zecchini

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