Un agent de sécurité d'Auchan, à Dury près d'Amiens, a été condamné hier pour avoir tenté de voler deux piscines gonflables dans son propre magasin.
Sur les vols et les escroqueries, Ludovic en connaissait un rayon. Cet agent de sécurité de 39 ans n'avait-il pas été chargé par le magasin Auchan, de Dury près d'Amiens, de former les caissières à détecter les ruses des délinquants?
Jeudi matin, on a rejoué l'arroseur arrosé au tribunal correctionnel d'Amiens: c'est le vigile que l'on accusait de vol. Il a été condamné à 4 mois de prison avec sursis.
Le mode opératoire sort de l'ordinaire. Ludovic s'est en effet servi des vignettes autocollantes blanches dont chaque agent de sécurité possède un rouleau.
À l'entrée du supermarché, ces stickers permettent de marquer les objets afin de signaler qu'ils ont déjà été payés, ou appartiennent au client, donc ne devront pas de nouveau être réglés en caisse.
Surveillés par ses collèguesLe 3juin2011, Ludovic se présente en caisse avec dans son chariot cinq ballons de volley, cinq ballons de foot et deux piscines gonflables, une petite et une plus grande, d'un diamètre (une fois dépliée!) de 4,50 mètres.
Il ne le sait pas, mais il est depuis le matin surveillé par ses propres collègues, qui auraient été intrigués par un comportement suspect.
L'hôtesse de caisse affirme qu'une pastille blanche est collée sur un des deux cartons de piscine. Ludovic fait mine de tourner le second carton: la jeune femme lui fait signe que non.
«J'avais confiance», se justifiera-t-elle. La note s'élève à 25€. Seuls les ballons sont en effet comptabilisés. Ludovic règle avec sa carte Accor. Il est alpagué dès sa sortie.
Le procureur Soulhol estime que l'agent de sécurité n'a pas choisi cette caisse au hasard: «Entre une jeune caissière en CDD et un formateur. Il y a intimidation implicite ». Me Sonia Abdesmed, avocate d'Auchan, relève que la jeune femme (qui a depuis quitté l'entreprise) a fourni aux policiers «des déclarations constantes » tandis que le prévenu se montrait au contraire «changeant.
«Il a d'abord dit que les piscines étaient destinées à la kermesse scolaire de sa fille, mais la directrice de l'école a nié. Il a donc fini par reconnaître qu'elles étaient pour lui». Argument final: «Et ça ne le dérange pas de payer 25 € pour dix ballons et deux piscines, dont la seule valeur est de 199€!»
«Il a payé avec sa carte, il n'a pas regardé le montant», rétorque Me Christine Hamel, qui plaide la relaxe. Elle pense que son client a été piégé au motif qu'il avait eu «le mauvais goût de se présenter et d'être élu aux élections du personnel».
Me Hamel estime que la direction «a fait dire à la caissière ce qu'elle avait envie d'entendre». Pour elle, ni ses déclarations, ni les bandes vidéos censées démontrer que Ludovic a apposé les fameux stickers, ne sont convaincantes.
La meilleure preuve à ses yeux: «Auchan a voulu licencier l'agent de sécurité mais l'inspection du travail, après avoir vu les bandes vidéos, a refusé la procédure. C'est ainsi qu'il travaille toujours dans le supermarché».
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