Intrusion dans la centrale de Civaux

Intrusion dans la centrale de Civaux

Il est 12 h 20 à la centrale nucléaire de Civaux. A cette heure de déjeuner, les flux sont importants à l'entrée. Un camion de livraison qui veut quitter le site se présente devant le portail automatique d'entrée. Après contrôle des papiers, le vigile de la société Sécuritas – société prestataire d'EDF – lui ouvre.

Depuis quelques minutes, Hervé Couasnon, Périgourdin de 54 ans familier d'actions farfelues, circule incognito devant l'entrée. Son objectif : pénétrer à l'intérieur illégalement, histoire interpeller les candidats à la présidentielle, à quelques heures du débat télévisé (1).
Saisissant l'opportunité de la sortie du camion, il se met à courir le long du poids-lourd, franchi le portail encore ouvert, et s'introduit dans la zone dite « de sécurité » du site, première zone interdite au public.
Le routier et le vigile, qui le voient passer presque sous leur nez, donnent l'alerte, et le second lance la chasse. 200 mètres plus loin, l'individu tourne à droite, à l'angle d'un premier bâtiment administratif, réussissant à échapper à la vue de son pourchasseur. Il se cache alors dans un taillis un peu plus loin.

Branle-bas de combat

Autour, c'est le branle-bas qui commence : les forces de l'ordre affluent par dizaines, une partie à l'intérieur, une autre à proximité pour contrôler les axes routiers alentours (2).
Les – lourdes – procédures de sécurité sont déclenchées : fermeture de tous les accès, évacuation des bâtiments, alerte générale à la sono invitant tous les agents à se réunir immédiatement dans des « points de regroupement ».

Hervé Couasnon est repéré par les gendarmes à 13 h 33 précisément, toujours caché dans le taillis. Une fois cerné, il est interpellé à 13 h 58.
Nommé directeur de la centrale de Civaux il y a un mois, Louis Bellegarde justifie cette bonne heure qui s'est écoulée avant que l'individu ne soit cerné : « Nous savions à peu près où il était, quelque part autour des bâtiments administratifs. La priorité était de garantir la sécurité des agents et du matériel qui se trouvaient dans la zone dite de protection, et a fortiori dans la zone nucléaire, au-delà de tous les systèmes de sécurité qui existaient déjà. Une fois qu'on avait fait ça, on pouvait se mettre à sa recherche. »
Jugeant l'acte « irresponsable », Louis Bellegarde indique qu'«EDF va porte plainte ».

(1) Il n'aurait aucun lien avec Greenpeace, dont un militant s'est introduit en paramoteur, hier matin, sur le site nucléaire du Bugey (Ain). (2) 25 membres du PSPG de Civaux (qui assure la sécurité de la centrale) + neuf patrouilles du groupement de la gendarmerie de la Vienne.

il a dit

" Pas de faille "

Pour le directeur de la centrale de Civaux, il n'y a pas eu de faille dans le système de sécurité du site : « Toutes les consignes ont été respectées à la lettre. Il y a eu une détection et une prise en chasse immédiates, et une mise en sécurité de la zone de protection et a fortiori de la zone nucléaire. Il ne s'est introduit que dans la partie administrative. » Cependant il précise ceci : « Nous allons tirer toutes les leçons de ce fait, très probablement en installant un deuxième portail automatique à l'entrée du site, créant ainsi un sas de sécurité. Ça faisait partie des modifications qui étaient à l'étude pour sécuriser davantage le site, il y a des chances qu'on accélère le processus. »

source : la nouvelle republique