Dans le business de la sécurité

Dans le business de la sécurité

Au boulot, dans la rue, les magasins, au stade ou au concert, les sociétés de sécurité sont désormais présentes dans tous les moments de la vie. Zoom sur un secteur en pleine expansion.

Carrures de rugbymen, oreillettes vissées aux tympans et costumes réglementaires… Que vous partiez faire vos emplettes dans les grands magasins du centre-ville, que vous passiez les barrières de votre entreprise ou que vous décidiez d'aller voir un concert, un meeting politique (d'actualité), ou même un match du TFC au Stadium, vous ne pouvez pas les rater. Les agents de sécurité sont partout.

En quelques années, ce secteur d'activité a proliféré au gré des missions que l'État a progressivement abandonné. « Avant, la sûreté aéroportuaire, par exemple, était dévolue à la police de l'air et des frontières, elle est maintenant confiée au privé, constate Laurent Cuzacq, le patron des sociétés toulousaines CSOSP et Kevlar. Bientôt ce sera les transferts des prisonniers… » Ajoutez à cela la forte demande des entreprises et des institutions, les nouvelles réglementations autour des rassemblements publics et vous aurez une idée du copieux business que représente le marché de la sécurité. « Pendant longtemps, c'était tout et n'importe quoi, reconnaît Laurent Cuzacq. N'importe qui pouvait en faire son métier avec des pratiques à la limite de l'esclavagisme. Une masse d'indépendants et une sous-traitance en cascade qui cachait souvent du travail au noir. Mais on a fait le ménage ». Plus de 200 sociétés de sécurité sont recensées en Haute-Garonne soumises désormais à des contrôles stricts (lire ci-contre). Les plus grands groupes internationaux sont présents à côté de structures régionales au savoir-faire reconnu, comme Kevlar, spécialisée dans les spectacles. « Il faut sécuriser, contrôler, gérer la foule.. C'est un vrai métier, qui demande du tact, du sang-froid, de la psychologie, une bonne analyse de situation, résume Laurent Cuzacq. Loin de l'image de débiles qu'on a trimballée ». La professionnalisation des salariés a certes permis une revalorisation des statuts et des conditions de travail. Mais le job reste difficile. Avec souvent le smic horaire et des contrats temporaires. « Ces gens méritent plus de reconnaissance et le respect des clients ou du public qui ont parfois des comportements limites », insiste le patron de Kevlar, dont les deux sociétés emploient 150 personnes à plein-temps.

Ce sont évidemment les spectacles sportifs ou musicaux qui demandent la plus grosse débauche de moyens. Pour chaque match du TFC ce sont 420 stadiers qui sont nécessaires. Pour un budget annuel que Régis Lecomte, le directeur de la sécurité. évalue entre 500 000 et 800 000 euros.

Laurent Luzacq, lui, peut facturer un concert entre 2000 et 15 000 euros. « Plus il y a de monde, plus on a de personnel, souligne-t-il. ça dépend aussi des artistes. Et les productions américaines ne lésinent pas ». Pour un festival, l'addition peut même flirter avec les 200 000 euros. Oui, la sécurité se paie de plus en plus cher.

Une activité réglementée
Pour remettre de l'ordre dans le maquis de la sécurité privée, une activité qui s'est développée très rapidement ces dix dernières années, la loi d'orientation et de programmation pour la sécurité intérieure (Loppsi2) vient de créer en décembre dernier un conseil national professionnel a (CNASP) avec un délégué interministériel chargé du secteur. Un outil de responsabilisation et de moralisation. Désormais pour obtenir un agrément, et diriger une société de sécurité, il faudra un certificat de qualification professionnelle et les employés doivent impérativement suivre une formation. La préfecture de la Haute-Garonne qui a recensé 205 entreprises dans le département, rappelle qu'une nouvelle demande d'autorisation d'activité doit être déposée avant le 23 mars. À défaut, les agréments ne seront plus valables. Seules 70 entreprises (soit 34 %) ont, à ce jour, déposé une nouvelle demande.

Le chiffre : 5468
salariés > Sécurité. Au 1er janvier 2011, 429 établissements spécialisés dans la sécurité comptabilisés en Midi-Pyrénées, représentant 5 468 salariés. 85 % d'entre-eux travaillent en Haute-Garonne.

source : la depeche