La grève des convoyeurs de fonds de la Brink's à Bordeaux se durcit.

La grève des convoyeurs de fonds de la Brink's à Bordeaux se durcit.

Le mouvement social entamé lundi par les convoyeurs de la Brink's de Bordeaux se poursuit ce week-end, après la décision de la direction de dépêcher jeudi matin un huissier de justice à l'entrée du site, a-t-on appris auprès d'un membre de l'intersyndicale.

"Ce matin (jeudi), ils nous ont accueillis avec un huissier de justice, qui demandait aux salariés de se déclarer grévistes", a indiqué Jean-Luc Saquer, délégué du personnel et représentant syndical FNCR (Fédération nationale des conducteurs routiers). "Ils ne laissaient entrer que les non-grévistes. Ils essaient de nous faire peur pour casser le mouvement", a poursuivi l'élu syndical. Mais désormais, "les gars sont de plus en plus motivés pour poursuivre une guerre dure, quitte à perdre nos journées", a affirmé M. Saquer. "Le blocage vient de la direction, ils nous empêchent de travailler", a-t-il ajouté.

Depuis lundi, environ 55 convoyeurs sur la soixantaine que compte ce centre départemental basé à Bègles en banlieue bordelaise mènent une grève du zèle, qui leur permet d'assurer leurs heures de travail tout en désorganisant le service.

Les revendications portent sur des questions salariales et de sécurité. "La direction n'a pas accédé à nos revendications", en conséquence, le mouvement "continue samedi et on a rendez-vous lundi" avec les collègues, a poursuivi Jean-Luc Saquer.

Selon la direction, "le site est fermé" aux non-grévistes. La "grève perlée" des convoyeurs est suivie "à 90 %" et "les négociations sont toujours en cours" mais "ça ne devrait pas beaucoup bouger d'ici lundi".

Ce centre départemental de la Brink's emploie 120 personnes, dont la moitié de convoyeurs.
Selon un représentant syndical,un convoyeur débutant perçoit 1 300 euros par mois, prime de risque comprise, et en fin de carrière ne dépasse pas 1 500 euros, avec un plafonnement après 10 ou 15 ans d'activité

BRINK'S. Lundi crucial pour les convoyeurs de fonds qui comptent amener leur direction béglaise à négocier

« Nous sommes méprisés »

Christophe Delaplanche est employé depuis huit ans au dépôt béglais de la Brink's. « Je suis formateur, et je suis réputé sans concession sur le respect des procédures, garantes de la sécurité des équipes », dit-il. Et le convoyeur de fonds d'évoquer un incident récent qui n'a pas été étranger au conflit actuel : l'absence de lumière dans le local sécurisé de l'hypermarché de Lormont où, lui et ses deux collègues (1) devaient passer prendre un retrait. « J'ai refusé une première fois d'intervenir, une deuxième fois, mais sous la pression, j'ai dû obtempérer. Or pour moi, les conditions de sécurité n'étaient pas remplies. Et ce n'est qu'un des nombreux exemples où l'on sacrifie à la rentabilité et aux excès sous la pression des clients. »

Pressions et malaise

Depuis lundi dernier, l'effectif des 64 convoyeurs de fonds que compte le dépôt béglais est en mouvement, réclamant de meilleures conditions de travail, du côté de la sécurité comme de celui de la rémunération. Après une grève du zèle, les premiers jours, la tension est montée d'un cran jeudi avec la venue d'un huissier à la demande de la direction. Samedi, les dix camions qui livrent et prélèvent dans la majorité des agences bancaires et hypermarchés de Gironde, étaient à l'arrêt.

Des clients qui se rajoutent au dernier moment, des protocoles pas toujours respectés : Christophe Delaplanche évoque aussi des interventions qui se font de plus en plus souvent alors que des employés et de la clientèle se trouvent dans l'agence bancaire. « C'est une prise de risque et c'est contraire à nos procédures qui préconisent des passages en dehors des heures d'ouverture. »

DRH demandé...

Des journées qui commencent tôt (6 heures), des salaires modestes (1 400 euros après 28 ans de carrière) : l'accord de mai 2000 (2) qui instaurait la prime mensuelle de risque de 230 euros bruts est un lointain souvenir dont les avancées se sont érodées. Mais c'est aussi un malaise relationnel qui semble être à l'origine de l'inquiétude de Christophe Delaplanche et de ses collègues de la Brink's Bègles. « Nous sommes méprisés dans notre travail au quotidien », résume-t-il.

« Nous ne sommes pas en grève », précise Jean-Luc Saquer, délégué de la Fédération nationale des conducteurs routiers. « La direction ne nous fournit pas de travail, c'est différent. Nous allons nous aussi faire constater cet état de fait par huissier. » Et l'intersyndicale CGT-FO-FNCR-Sud de vouloir faire descendre à Bègles le directeur des ressources humaines du groupe. Un DRH qui doit craindre que le mouvement ne se propage.

(1) Chaque équipe de la Brink's fonctionne à trois : un chauffeur, un messager et un garde. (2) Après la mort d'un convoyeur attaqué en service, le statut avait été revalorisé.

Auteur : Yannick Delneste

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BÈGLES. Après huit jours de grève, les convoyeurs de fonds ont trouvé un accord avec la direction. L'organisation du travail et la sécurité seront revues

Le conflit social à la Brink's est terminé

Hier matin, le directeur national des opérations de la Brink's est venu de Paris pour négocier un protocole d'accord avec l'intersyndicale Sud, CGT, FO et FNCR (Fédération nationale des conducteurs routiers) des convoyeurs de fonds en grève au dépôt de Bègles (voir nos éditions précédentes).

Après six heures de tractations, les syndicats ont obtenu satisfaction sur « l'ensemble de leurs revendications en terme d'organisation de travail et de sécurité ». L'activité reprend dès aujourd'hui « sans alourdissement des tournées pour rattraper le retard », explique l'intersyndicale. Après huit jours de conflits, une pénurie de billets commençait à se faire sentir au sein de certains établis- sements bancaires clients de la Brink's.

Placé sous la tutelle de Paris

Pour les mesures concrètes, le dépôt de Bègles est placé « sous la tutelle directe de Paris ». Dès le vendredi 1er janvier, des groupes de travail comprenant délégués du personnel, convoyeurs et direction vont s'atteler à améliorer le mode de fonctionnement de l'antenne locale de l'entreprise.

En terme de sécurité, les protocoles seront revus. Par exemple, les camions arrêteront les détours pour servir un client qui n'était pas au programme. Les jours de repos compensatoire ne devraient plus être arbitrairement imposés. Le directeur national des opérations reviendra dès le 21 janvier pour entériner les avancées dans ces domaines.

Pour les salariés, les jours de grève seront prélevés sur les repos compensateurs. Les convoyeurs ont aussi obtenu une prime de panier lors des journées continues. « Ce qui devrait permettre une reconnaissance financière à hauteur de 80 euros par mois », espère Armand Agus, délégué CGT, avant d'ajouter qu'il était « content de la réactivité de la direction nationale ».


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