Sous-traitants mal traités aux chantiers navals

Sous-traitants mal traités aux chantiers navals

Gardiennage . Aux chantiers de Saint-Nazaire, les agents de sécurité d’Integral Security Province, un sous-traitant de STX France, ont débrayé hier.

« Non aux pressions, oui aux emplois ! », le message inscrit sur la banderole, portée par une vingtaine de salariés d’Integral Security Province, annonce un vent de revendications. Hier matin, une partie du personnel de ce sous-traitant de gardiennage de STX, actionnaire majoritaire des Chantiers navals de l’Atlantique à Saint-Nazaire, est venue demander des comptes à sa direction. Soutenus par des délégués CGT, ils ont débrayé. Et ont profité des entretiens préalables de licenciements et de la présence du directeur des ressources humaines (DRH), pour s’introduire dans le préfabriqué où se déroulaient les entrevues entre les salariés et la direction. André Fadda, secrétaire général de l’Union syndicale multiprofessionnelle CGT, raconte qu’ils « ont décidé de faire cette action car depuis plusieurs mois on cherche à se débarrasser d’eux ».

Depuis 2007, date de l’arrivée du nouveau responsable de site, l’ambiance est tendue. Les licenciements se font au compte-gouttes, sans plan social. D’après le secrétaire du comité d’entreprise, plus d’une dizaine d’employés ont déjà été débarqués depuis novembre 2008, dans une période où les carnets de commandes du constructeur naval STX sont loin d’être remplis. Après la livraison d’un paquebot de croisière en mars 2010 et les contrats de maintenance avec la marine nationale, c’est l’incertitude. Les conséquences pour le sous-traitant ISP ne se sont pas fait attendre. Avec leur fiche de paie du mois dernier, les employés ont reçu une proposition de départs volontaires. Pour ceux qui veulent rester, « ils vont les virer et en réembaucher d’autres quand il y aura du boulot », s’indigne Daniel Lafontaine, responsable national CGT sécurité et prévention, venu soutenir les salariés. Michel Pierrot, agent de sécurité, n’est pas rassuré : « Il y a des rumeurs qui disent que, fin 2009 ou début 2010, après les dernières livraisons, il n’y aurait plus de sous-traitants. »

À la pression des licenciements s’ajoutent les mauvaises conditions de travail. Le week-end, un seul agent est responsable de la sécurité d’un bateau de 300 mètres et de celle des ouvriers qui y travaillent. « S’il se passe quoi que ce soit, ce n’est pas gérable », constate Pierre Alain, agent de sécurité. De son côté, le secrétaire du CHSCT de STX, Alain Georget, évoque « la situation sanitaire alarmante des salariés d’ISP ». L’entreprise qui emploie 110 personnes concentre à elle seule « 10 % à 25 % des malaises enregistrés sur le site des chantiers entre le 1er juillet 2008 et le 30 juin 2009 ». Les cinq personnes qui ont participé en juillet à cette enquête du CHSCT ont d’ailleurs été sanctionnées par la direction. Elles ont récolté 162 heures cumulées de mises à pied pour avoir dénoncé l’aggravation des conditions de travail. Menaces, pressions, harcèlement : les salariés CGT sont en première ligne dans ce bras de fer avec la direction. D’après un document fourni par le syndicat, le responsable sécurité chantier de STX aurait même demandé à un cadre d’ISP de fouiller le local du syndicat. « On compte déposer plainte aujourd’hui », prévient André Fadda. Grâce à la mobilisation d’hier matin, la CGT a obtenu une entrevue avec la direction et a arraché la tenue d’une réunion tripartite avec la direction du travail et la direction, sous l’égide du sous-préfet d’ici à la fin du mois. Une réunion exceptionnelle du comité d’entreprise devrait aussi se tenir pour discuter, entre autres, de la sauvegarde des emplois et des conditions de travail. La direction s’est aussi engagée à mettre en place des contrats de qualification pro pour assurer le reclassement des employés après le licenciement. Rien n’est encore décidé mais le dialogue est amorcé.

Cécile Rousseau

source : humanite.fr