« Responsable hygiène et sécurité : un poste à dimension variable »

« Responsable hygiène et sécurité : un poste à dimension variable »

Le responsable hygiène et sécurité prévient les dommages générés par l’activité de l’entreprise. Hygiène et condition de travail des salariés, risques industriels, protection de l’environnement, il a l’œil sur tout. Mais son champ d’action varie selon le cadre dans lequel il exerce sa fonction. Les explications de Coralie Costa, associée au sein du cabinet People Search.

Capital.fr : Quel est le rôle du responsable hygiène et sécurité ?
Coralie Costa : Sa mission consiste à gérer les risques inhérents à l’exercice de l’activité : accidents du travail, maladies professionnelles, dégâts environnementaux, bref, tout ce qui peut nuire à la santé et la sécurité des publics internes et externes à l’entreprise. On ne trouve pas ce poste seulement chez AZF et Total ! Beaucoup de PME sont classées sites à risque parce qu’on y utilise des produits dangereux, qu’on y travaille dans des températures extrêmes, etc. C’est le cas notamment dans le BTP ou l’industrie chimique. Le responsable hygiène et sécurité doit veiller à ce que les installations et équipements soient en conformité avec les exigences d’hygiène et de sécurité. Cela va des postes de travail aux douches en passant par le local de pause ou le restaurant d’entreprise. En même temps, il doit éduquer les salariés, leur enseigner les gestes professionnels et les consignes de sécurité pour minimiser le risque d’accidents.

Capital.fr : Faut-il forcément être ingénieur pour parvenir à ce poste ?
Coralie Costa : Dans les entreprises industrielles où une spécialisation technique s’impose, on trouvera surtout des ingénieurs. Dans les banques ou les collectivités territoriales recevant du public, les profils bac +2 (BTS/DUT) sont légion, voire les autodidactes. Une personne qui a déjà travaillé pour la sécurité d’un magasin et a suivi des formations complémentaires au secourisme et au management, peut viser ce poste. Il n’est pas impossible qu’un non-ingénieur se retrouve sur un « grand » site. Mais ce ne sera pas avec le même niveau de salaire…

Capital.fr : Exercer en cabinet d’ingénierie ou en organisme de contrôle, qu’est-ce que cela change ?
Coralie Costa : En organisme de contrôle, on ne fait que de l’audit (constat de conformité). En cabinet d’ingénierie, on propose en plus des solutions de mise en conformité dont on accompagne parfois la mise en œuvre. Mais en tout cas c’est toujours le responsable hygiène et sécurité du site en question qui conserve les rennes. C’est lui le patron du navire. Avec des contraintes budgétaires, néanmoins. De plus en plus, les entreprises se focalisent sur les investissements qui ramènent du cash rapidement. Les enjeux de sécurité, et surtout la prévention, ne sont pas générateurs de chiffre d’affaires. D’où la nécessité de posséder des aptitudes à la négociation pour convaincre la direction des actions à mener.

Capital.fr : Outre ces qualités de fin négociateur, quelles autres compétences sont nécessaires ?
Coralie Costa : Des compétences techniques et juridiques, bien sûr. Comme la législation évolue sans cesse, il est important de savoir ou chercher la formation. Très important aussi : avoir des aptitudes de communicant, un sens politique et de la diplomatie. Car le responsable hygiène et sécurité est une sorte de fusible, qui fait monter et descendre l’information entre la direction et les salariés (à travers notamment le comité d’hygiène et de sécurité, le CHSCT, qu’il peut présider, ndlr). Il communique aussi en externe, avec l’inspection du travail, la police, les sapeurs-pompiers, avec la presse en temps de crise… Et puis on peut citer le pragmatisme et un sens de l’observation aiguisé pour détecter les risques, une capacité à garder la tête froide pour juger de certaines interventions rapidement, de la pédagogie pour sensibiliser et former les salariés, de la poigne pour gérer de grosses équipes de cadres et de techniciens, y compris parfois des prestataires externes... Un subtil mélange de savoir-faire et de savoir-être, en somme.

Capital.fr : Quelle progression de carrière espérer ?
Coralie Costa : Je vois trois axes d’évolution. Dans une logique d’ascension, devenir responsable de site de production est une possibilité. Il faut alors gérer, en plus de la sécurité, les moyens généraux. Dans une logique horizontale, on peut passer sur un poste en organisme de contrôle ou en cabinet d’ingénierie, après avoir œuvré pour un seul site. Sa mission est alors d’émettre des préconisations sans en assurer le suivi. Inversement, si la personne travaille en cabinet, elle peut se diriger vers l’entreprise si elle recherche un poste plus opérationnel. Enfin, ceux qui ont un tempérament d’entrepreneur peuvent créer leur cabinet de formation ou d’ingénierie.

Propos recueillis par Jeanne Clozel

source : capital.fr