Barnum à la sortie de boîte : un CRS tabassé et trois jeunes à la barre

Barnum à la sortie de boîte : un CRS tabassé et trois jeunes à la barre

Trois jeunes Dunkerquois comparaissaient hier, devant le tribunal correctionnel, pour avoir tabassé un CRS à la sortie d'une boîte de nuit, le 18 octobre sur la digue. Le substitut du procureur a requis des peines allant de six à deux mois de prison ferme. La décision a été mise en délibéré jusqu'à mardi prochain.

Cette boîte de nuit « aurait dû s'appeler Le Barnum », fait remarquer un avocat, tant ce fut le cirque sur la digue, une fois de plus, le 18 octobre à 6 h du matin, alors que la discothèque poussait ses derniers clients vers la sortie, Trois collègues CRS de la neuvième compagnie (Rennes) ont passé la nuit en boîte, arrosant un heureux événement : la naissance d'un enfant. Ils croisent trois jeunes Dunkerquois qui, eux, sont plutôt allés s'amuser en Belgique et pensaient finir la nuit sur la digue. Ils sont refoulés de l'établissement, qui ferme ses portes.
L'un des CRS, ivre mort (trois grammes d'alcool à son admission à l'hôpital), vient alors chercher des chicanes à Nicolas C., 25 ans, crâne rasé, tatouage, militaire de carrière. « T'es pas raciste toi ? » aurait lourdement insisté le CRS, examinant le tee-shirt Londsale de Nicolas C. - le modèle fait fureur chez les hooligans. Comme le CRS n'a pas l'air décidé à lui lâcher la grappe, Nicolas reconnaît « lui avoir collé une claque, une simple petite claque ». Son copain Alexis C. enfonce le clou, assène un coup de poing au CRS qui chute. Sa tête claque sur le sol. Autour, une marre rouge sombre commence à se former. La victime inconsciente est saisie de spasmes, avale sa langue. Un de ses collègues CRS veut intervenir, mais il reçoit un coup - lui parle d'un déluge de violence - de la part de Nicolas B., le troisième copain.
Des témoins disent ensuite avoir aperçu Nicolas C. et Alexis C. s'acharner à coups de poing et de pied sur l'homme inerte, gisant dans son sang, avant de prendre la fuite. Les deux nient l'avoir frappé à terre, mais reconnaissent avoir pris peur et s'être enfuis.

Séquelles définitives
Selon la partie civile, le CRS tabassé a subi de lourdes séquelles : perte d'audition définitive de 35 % à une oreille, paralysie faciale, maux de tête. Il est encore en arrêt maladie.

« Les trois prévenus auraient pu se retrouver devant une cour d'assises. Un an plus tôt, un marin qui était venu faire la fête a trouvé la mort dans des conditions similaires », rappelle le substitut qui requiert des peines de six mois ferme pour Nicolas C. le militaire au casier entaché, et deux mois ferme pour les deux copains jamais condamnés.

« Ce n'est pas vrai. Il n'y a pas les agresseurs d'un côté et les victimes de l'autre. Regardez-les bien, ils sont semblables. Ils sont tous en virée, imbibés de vodka, de whisky, de bière où je ne sais quoi encore. Ce sont des bagarres d'hommes, ivres, fatigués », plaide un des avocats de la défense. Il mime la scène, mâchoire en avant, l'air rogue. On les revit. ces petits matins glauques, ses fêtards décatis aux relents d'alcool mauvais.

Puis de soulever cette incertitude : « Vous croyez que les CRS sont hommes à tomber après une claque ? Moi je crois qu'avec trois grammes, on tient à peine sur ses jambes et qu'une simple poussette suffit à se retrouver par terre, la tête claquant sur le sol. La victime est en partie fautive. Il y a une responsabilité partagée dans ce dossier ». Le jugement a été mis en délibéré au 13 janvier. •

source : lavoixdunord.fr