Londres 2012: Six idées reçues sur les tireurs olympiques

JO - Non, tous ne sont pas des serial killers en puissance...

20minutes.fr-De notre envoyé spécial à Londres

Avec les agents de sécurité et les militaires, ils sont les seuls à pouvoir manier des armes à feu aux JO. Tous les quatre ans, les tireurs olympiques suscitent une certaine curiosité. Peut-être parce que plusieurs clichés leurs sont associés...

Ils n’ont aucune condition physique: Pas tout à fait faux. «On ne va pas se mentir, on n’est pas préparés comme des marathoniens.» Valérian Sauveplane, spécialiste de la carabine trois positions, sait très bien qu’il n’a pas la foulée de Gebresselassie. Elle ne lui serait d’ailleurs pas d’une grande utilité. En tir, les athlètes ne s’infligent pas de préparation physique généralisée, mais juste des exercices spécifiques. Pour tenir les positions figées, un renforcement des lombaires est juste conseillé. «Porter une carabine de 5,5kg pendant 1h30, c’est fatigant. Et la dépense mentale amène une dépense physique. C’est difficile à gérer», glisse Sauveplane. En carabine, la position dite «du genou» est la plus contraignante puisque le débit sanguin est coupé. «Au bout d’un moment on a des fourmis et une jambe morte. Pour les débutants, en cinq minutes c’est insoutenable.»

Ce sont tous des serials killers en puissance: Faux. Ici, personne ne se revendique collectionneur ou accro à la gâchette. Entre la compétition et les armes, tous les tireurs de l’équipe de France ont vite fait leur choix: «Ce qu’on recherche, c’est la performance sportive, assure Jérémy Monnier, carabinier à 10m. On aime l’entraînement, le travail, et l’arme est un outil pour atteindre des performances. On ne prend pas la carabine comme une arme. Je ne pourrais pas tirer sur autre chose que sur ma cible.» Et comme il fait confiance à ses partenaires, il ne porte pas non plus de gilet pare-balles.

Ils sont d’un calme absolu: Vrai. Voici la seule discipline où les spectateurs n’ont le droit d’applaudir qu’en toute fin de journée. Pendant les épreuves, le seul bruit toléré est celui des coups de feu. Toute autre nuisance sonore ne peut que perturber les tireurs, à la recherche du calme intérieur. «Oui, on est assez zen, avoue Cyril Graff, lui aussi adepte de la carabine trois positions. Moi, le tir m’a apaisé. Ma compagne me le dit aussi, je ne suis pas assez expressif. On intériorise tout. On montre peu d’émotions.»

Ils sont tous policiers: Pas tout à fait faux. Sur les quatorze membres de l’équipe de France, six ont une activité professionnelle où le port d’arme est autorisé. Parmi eux, un militaire, deux policiers, deux gendarmes et un douanier. Les autres sont agents d’accueil, prof de sport ou même «animatrice poney». Avec l’armée ou la police, la plupart sont «détachés» pour exercer leur sport à plein temps. Une fois leur carrière terminée, la reconversion est directement assurée. Une ancienne championne ferait même partie de l’équipe de tireurs d’élite du GIGN.

Ce sont des chasseurs refoulés: Faux. C’est pour son dixième anniversaire que Cyril Graff a reçu en cadeau sa première carabine. Son parrain, chasseur, voulait lui faire traquer la galinette cendrée mais le Nancéien a préféré tester son arme dans un club. «Tout de suite j’ai accroché. Par contre, je n’ai jamais tué un animal de ma vie.» C’est aussi le cas de la plupart de ses collègues, pas vraiment attirés par les battues ou le dépeçage de gibier. Précision utile, les visées des armes des JO n’ont rien à voir avec celles des chasseurs.

Ils n’ont pas besoin d’un survêtement: Assez vrai. Franck Dumoulin est l’un des rares champions olympiques sacrés en veste en jean. Peut-être le seul même, car dans cette discipline, aucun dress code n’est imposé. «Au pistolet ou au plateau c’est très libre. La tenue civile est acceptée, note Monnier. Celui qui veut tirer sans équipement peut le faire. Mais moi qui suis carabinier, j’ai une tenue spécifique pour maintenir la position. Avec des renforts sur les coudes et les genoux.» D’autres portent aussi une veste et un pantalon de tir plus rigides pour soulager leur dos malmené pendant l’effort.


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