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 Les gardes du corps entrent en campagne

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MessageSujet: Les gardes du corps entrent en campagne   Les gardes du corps entrent en campagne Icon_minitimeVen 24 Fév 2012 - 11:02

Les gardes du corps entrent en campagne

ENQUÊTE – Jusqu'au soir du second tour, des hommes du Service de protection des hautes personnalités veilleront sur les candidats. Pour eux aussi, la présidentielle a commencé.
Par Laure Mentzel/Photos Simone Perolari

L'image a fait le tour du monde. Le 1er février dernier, François Hollande reçoit un sac de farine au beau milieu d'un discours. Pour les profanes, le geste oscille entre comique potache et atteinte à la dignité d'un présidentiable. Pour les spécialistes de la sécurité, c'est un échec cuisant.

On ne les voit jamais, et pourtant ils sont toujours là, entourant discrètement " leur " VIP. Certains viennent d'entrer en campagne, d'autres achèvent leur mission auprès du gouvernement. Meetings, bains de foule, sommets internationaux, rien de ce qui est politique ne leur est étranger. Ils assurent la sécurité des ministres, des candidats à la présidentielle, des chefs d'Etat étrangers en visite, de certains ambassadeurs, mais aussi d'un dignitaire religieux ou des juges antiterroristes. Ils changent de mission au fil des gouvernements. De temps en temps, un documentariste intrigué les met en scène en mystérieux agents secrets. " Costume sombre, oreillette greffée, lunettes de soleil, vous les apercevez aux côtés des grands de ce monde ", promet avec emphase un reportage diffusé sur France 5.

" A chaque fois qu'il y a une émission de ce genre, on reçoit une vague de candidatures ", soupire Gilles Furigo, le patron du Service de protection des hautes personnalités (SPHP), une émanation de la police nationale qui comprend 750 " officiers de sécurité ". " Ce qu'on voit là, c'est la "protection rapprochée", et ce n'est que la partie émergée de l'iceberg. 80 % du travail sont consacrés à la préparation minutieuse des emplois du temps des personnalités. " Dans son bureau à deux pas de la Place Beauvau, le portrait officiel de Nicolas Sarkozy bien en vue, le commissaire s'escrime à briser le mythe. Non, ses " gars " ne passent pas leur temps à jouer de la gâchette en polissant leurs lunettes de soleil. La plupart du temps, ils attendent. Encore, et encore. Recrutés après trois années de fonction au moins, ils subissent une sélection rigoureuse. " Ils ont intérêt à avoir un bon entraînement ; ils vont devoir passer de quinze à dix-sept heures par jour à attendre debout. " Et même s'ils continuent, comme ils le disent, à " soulever la fonte " (musculation), à " se frotter les oreilles " (arts martiaux) et à pratiquer le tir, ils passent le plus clair de leur temps à organiser la petite logistique des grands hommes. A eux de rendre fluides les itinéraires, d'appliquer à la lettre le protocole, sans jamais, selon leurs mots, " briser la chaîne de sécurité ". Leur métier : accompagner leur " personnalité " nuit et jour, veiller à ce qu'il ne lui arrive rien, mais aussi à ce qu'elle soit soulagée de tout ce qui pourrait entraver sa productivité. Ils sont à la fois " garde du corps, nounou, aide de camp et chef de cabinet ", détaille Gilles Furigo.

Il est 7 heures. Dans les bureaux d'une unité d'élite de la police, c'est l'heure du dernier brief. Autour d'un café, une quinzaine d'hommes notent fébrilement les instructions du commandant Jean-Pierre Valle. Chacun sa feuille de route, préparée depuis la veille et pourvue de petits schémas de voitures, reproduites à la file, et annotées d'initiales cabalistiques. C'est le plan du cortège officiel du sommet franco-britannique qui se tient ce vendredi 17 février. L'ordre des voitures a été décidé en haut lieu : d'abord, la voiture de tête et la " suiveuse ", puis, avec une alternance qui ne doit rien au hasard, mais tout au protocole, les véhicules officiels français et britanniques. Les hommes vérifient leur tenue, puis se dirigent vers le lieu où, pendant une heure, une dizaine de policiers du déminage inspectent les voitures sous toutes les coutures. Un long moment plus tard, le groupe peut enfin se diriger vers la gare du Nord. Congratulations, salutations, les membres de l'ambassade anglaise sont là et renégocient les places des ministres dans le cortège. Quand le train sera arrivé, les voitures se rempliront en quelques minutes et fileront, gyrophares allumés, jusqu'à l'Elysée. L'opération n'aura duré qu'un instant mais aura nécessité des heures de travail et d'attente.

Organisation, calcul, optimisation du temps : le garde du corps utilise plus souvent son ordinateur et son GPS que son Glock, un pistolet léger. Reste le prestige d'un attirail très spécial. Au sous-sol des locaux du SPHP, dans la petite armurerie aux murs vieillis et recouverts d'affiches qui expliquent comment nettoyer son revolver, un policier déploie d'un geste sec la fameuse mallette en kevlar, une fibre légère et ultrarésistante, qui peut servir de bouclier pare-balles. Puis déplie sa " télesco ", une matraque télescopique. Sur la table aux mitraillettes trône étonnamment un parapluie noir. C'est la fierté du service, un outil capable d'arrêter les projectiles dangereux, acide ou pierres. Il a été conçu à la demande du SPHP par un fabricant de parapluie français, Le Véritable Cherbourg. On imagine les Dupond et Dupont de la protection rapprochée l'ouvrir sur un air de Michel Legrand...

Mais ce qui fait défaut dans l'attirail de l'officier de sécurité, c'est un guide des bonnes manières, un manuel de diplomatie. Nouveau milieu, nouveaux horaires, nouveau VIP... sans relâche, le policier doit s'adapter. " Le muscle le plus important, chez nous, c'est le cerveau ", résume, martial mais ironique, Jean-Pierre Valle. Et il en a fallu, du sens de l'adaptation, à Patrick Bringuier : pour son premier poste au SPHP, il a été propulsé aux côtés de François Mitterrand. Jeune policier dans un commissariat, il débarque à l'Elysée en 1984, à une époque où le SPHP s'appelle encore Service des voyages officiels et compte une dizaine d'hommes chargés de la sécurité du président. " Je me suis senti d'une gaucherie extrême. Il m'a fallu presque deux ans avant de trouver ma place. " Langage châtié, yeux pétillants d'humour et carrure imposante, il n'a plus grand-chose du petit Carcassonnais débrouillard, mais terrifié, qu'il était alors. " Il a fallu que j'apprenne tout seul à trouver la bonne distance. Trop près du feu on se brûle, pas assez près, on a froid. " La formule est plaisante mais elle dévoile surtout le coeur du métier d'officier de sécurité. La priorité : rester à sa place. La difficulté : la trouver. Il ne suffit pas d'être poli et délicat, il faut surtout gagner la confiance des personnalités dont on partage l'intimité. " Elles ont une faculté d'analyse assez directe et voient rapidement ceux qui sont susceptibles de poser problème ", constate Patrick Abiven, grand gaillard musculeux au sourire ravageur et aux manières exquises, qui a assuré la protection de plusieurs ministres. Une confiance qui s'instaure de part et d'autre de la banquette de la voiture.

Dans chaque équipe de protection, un policier occupe le poste convoité de " siège " : celui qui en hérite prend place dans la voiture de celui qu'il protège, à côté du chauffeur. Il passe alors des heures aux côtés de sa personnalité, dont il entend chaque conversation, chaque coup de fil, dont il connaît chaque déplacement. Savoir parler quand il le faut, se taire quand c'est nécessaire est un apprentissage personnel. L'un aime le silence, l'autre bavarde de temps en temps, ou discourt sans attendre de réponse. " La seule fois où j'ai entendu le président dire un gros mot, je crois que c'était "paltoquet" ", se souvient Patrick Bringuier avec un sourire. Le jeune inspecteur " mal dégrossi " s'est policé au contact du chef d'Etat.

Parfois, l'échange se produit dans l'autre sens. " Certains gardes du corps sont restés des amis ", affirme, gitane aux lèvres, le célèbre juge Thiel, bougon derrière sa barbe inamovible. La figure de l'antiterrorisme a reçu assez de menaces de mort pour bénéficier d'une surveillance policière depuis des décennies. " Des types jeunes comme eux, ça oblige à rester jeune, explique le magistrat au seuil de la retraite. Ils me disent des trucs, j'y comprends rien. Ils veulent écouter des radios à la con, moi, je leur impose Radio Nostalgie, on se dispute, on boit des coups, on parle foot. "

La protection offre beaucoup d'avantages mais assujettit aussi celui qui en bénéficie : il peut toujours craindre que ses gardes du corps transmettent des informations confidentielles à leur hiérarchie. Le problème a été abruptement posé au début de la campagne présidentielle lorsque l'entourage de François Hollande a décliné la liste des gardes du corps proposée par le SPHP. Un tsunami pour le service. Son patron Gilles Furigo s'est déclaré choqué par la méfiance du candidat envers ses hommes. Le SPHP, dit-il, " est passé à travers de nombreuses alternances " en conservant " un maître mot : loyauté et discrétion ". Ni de droite ni de gauche, " on n'est pas des colleurs d'affiches ", reprennent en choeur, furieux, les policiers interrogés à ce sujet.

Mais comment faire pour ne pas prendre fait et cause pour celui qu'on accompagne, dont on connaît tous les secrets, qui vous accorde une confiance telle que, bien souvent, il préfère votre compagnie à celle de son directeur de cabinet ? Difficile de trouver la bonne distance quand on passe tant de temps avec quelqu'un. " On vit avec cette personne, on la lève le matin, on la couche le soir ", raconte Patrick Abiven. Le travail de ces officiers passe par une amplitude horaire démente, au point que dans les ministères régaliens, on met à la disposition des équipes de sécurité un petit appartement pendant leur service. Leur prime de cabinet sert " bien souvent à payer le divorce ", note un garde du corps qui a préféré quitter le ministère. Ces policiers d'un genre particulier vivent en politique du matin au soir, connaissent tout du fonctionnement des institutions, des textes de loi en discussion, mais aussi des dissensions au sein des partis. " Souvent, on me demande mon avis après un meeting, un discours. Je réponds sans fioriture ", raconte Patrick Abiven. C'est sans doute ici que se noue la distance professionnelle. On s'attache à la personne mais sans épouser ses idées. " C'est un entraînement personnel de bannir la politique de mon environnement professionnel ", décrypte Patrick Abiven. Patrick Bringuier, lui, a suivi une formation accélérée à la neutralité auprès du président Mitterrand. " Ce n'est pas parce que vous admirez quelqu'un qu'il faut perdre cette distance, sinon, vous n'êtes plus capable de faire votre travail correctement ", explique-t-il. Car la bonne distance, c'est d'abord celle qui permet d'éviter le danger. Et le policier aux faux airs d'Alain Delon de moquer certains collègues qui " sourient, bouche bée, en regardant fixement le politique ou le candidat en train de parler. Mais le candidat, il ne va pas se suicider, c'est partout ailleurs qu'il faut regarder ! ".

Les campagnes sont les moments les plus -exaltants d'une carrière d'officier de sécurité. Les plus difficiles aussi. Quatre mois, 25 000 kilomètres, cinq jours de repos... L'officier est galvanisé, tendu vers " la réussite, non d'un parti, mais des déplacements d'un candidat ", explique joyeusement Christine Cortet, la commandante de police fraîchement nommée à la tête de l'équipe de protection de François Hollande. S'ils tiennent la distance, s'ils s'oublient, c'est qu'ils sont au contact de l'histoire, de ceux qui la font. " Une vocation ", " un sacerdoce ", disent-ils en craignant un peu le ridicule : c'est que l'humilité, la discrétion sont au coeur du métier. " Travailler avec sérieux sans se prendre au sérieux ", résume Patrick Bringuier avec son art de la maxime. Le commandant fonctionnel Philippe Moine, lui, exprime la même idée avec humour et une rondeur toute pateline : son service fait fabriquer des objets promotionnels à offrir à ses homologues étrangers. Il vient de recevoir des chiens en peluche à l'effigie du SPHP. " J'avais proposé des gorilles, mais mes gars n'en ont pas voulu ", se désole-t-il faussement...

source : le monde
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MessageSujet: Re: Les gardes du corps entrent en campagne   Les gardes du corps entrent en campagne Icon_minitimeLun 27 Fév 2012 - 8:52

pendant longtemps, la gauche s'est entoure de gendarmes, preferes au policiers consideres comme plus de droite. avec le retour de la droite, la police s'est ré-installee aupres du gouvernement et la creation du sphp. voila en partie le pourquoi du comment de hollande...
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