Scanners corporels : la sécurité à fleur de peau

Scanners corporels : la sécurité à fleur de peau

Après un premier essai au terminal 2E de Paris-Charles de Gaulle en 2011, le scanner corporel sera en test dans les aéroports parisiens dès 2012. Aéroports de Paris souhaite l'utiliser en lever de doute, avec une palpation ciblée après alerte du scanner.

Les premiers scanners corporels sont apparus début 2010 après l’attentat manqué par un Nigérian sur un vol Northwest Airlines entre Amsterdam et Detroit. Ces appareils représentent une alternative à la palpation classique pour détecter la présence d’objets sur la peau. Le passager volontaire entre dans une cage de verre où il est soumis à une pluie d’ondes millimétriques. Celles-ci sont réfléchies par la peau pour donner une image bleutée, plus précise que les scanners à rayons.

Déshabillés pour la bonne cause
C’est bien la précision de ces images qui pose le problème de la préservation de l’intimité des passagers. Doit-on sacrifier sa pudeur personnelle au nom de la sécurité de tous, même à un regard inconnu? Les arguments ne manquent pas pour alimenter le débat, parmi la société civile ou la classe politique. Aux Etats-Unis, certaines organisations musulmanes ont même appelé à boycotter les scanners corporels au nom du respect de la pudeur prônée par le Coran.

Les députés européens ont demandé des mesures concrètes pour éviter tout attentat à la pudeur. Tout d’abord, les passagers réticents ont le choix de préférer une palpation à l’ancienne à un déshabillage virtuel. Ensuite, l’agent chargé de scruter votre intimité à la recherche d’un objet suspect devrait officier depuis un local isolé pour ne pas vous apercevoir en chair et en os. De plus, les images de votre anatomie devront être détruites après utilisation. Enfin les scanners à rayons X, majoritaires aux Etats-Unis et dont les radiations ionisantes sont jugés potentiellement dangereuses pour la santé, seront bannis du territoire de l’Union.

L’ombre de la fermeture éclair
Malgré ces précautions, les autorités allemandes ont remis en question la fiabilité des scanners corporels fin juillet 2011, après plusieurs mois de tests sur plus de 800 000 passagers volontaires à l’aéroport de Francfort. En cause, des alarmes à répétition déclenchées par des « fermetures éclairs, des vêtements plissés ou des rivets » pointant des problèmes de réglages de la sensibilité.

Mais les Etats-Unis sont sans doute le mieux placé pour dresser un bilan, avec plus de 250 appareils actifs déployés depuis début 2010 aux quatre coins du pays. Pour la chaîne de télévision ABC, les scanners corporels ont permis de détecter plus de 300 objets dangereux ou potentiellement dangereux sur les passagers, ce qui suffirait à justifier leur utilisation. Les autorités européennes souhaiteraient un recours systématique à ces machines, notamment dans la perspective de la levée des restrictions sur les liquides dans les avions dès avril 2013. Pour l’heure, les gestionnaires d'aéroports reprochent au scanner corporel de trop ralentir les flux aux postes d'inspection filtrage (PIF) car il divise de moitié la vitesse de passage aux portiques.

source: entrevoisins