Saint-Paul-de-Blaye (33) : un videur abattu devant la discothèque

Les secours n'ont rien pu faire pour le sauver. Abou Bakar Camara, Bordelais de 32 ans, est décédé hier à l'aube sur le parking de la discothèque Le Liberty, à Saint-Paul-de-Blaye. Le jeune homme était videur dans ce club de la Pistolette, connu du Blayais et au-delà.

Selon les premiers éléments dont disposent les gendarmes chargés de l'enquête, vers 5 h 30, près de l'heure de la fermeture, plusieurs coups de feu ont retenti sur le parking de l'établissement. En direction d'une porte près de laquelle se trouvaient l'employé de la discothèque et deux clients.



Un client interpellé

Au premier coup de feu, ces deux derniers se sont baissés et aplatis au sol. Très choqués, ils n'ont pu fournir de témoignage visuel ou auditif très précis. Touché à une hanche, le videur s'est écroulé. Blessé par une balle transfixiante, selon le jargon des enquêteurs. Autrement dit : qui traverse de part en part. Il n'a pas survécu, malgré les soins prodigués.

Une autopsie ordonnée par le parquet qui s'est rendu sur les lieux de l'homicide devrait être pratiquée aujourd'hui. Le magistrat a confié la direction de l'enquête à la section de recherches de Bordeaux-Bouliac. Le commandant de compagnie de Blaye et son adjoint se sont également transportés sur place, mobilisant de nombreux militaires du groupement pour les constatations et le recueil de témoignages.

Sur place, hier matin, l'heure était aux conjectures. Un des rares riverains qui ne soient pas derrière portes et volets fermés n'a rien entendu et a été surpris à son réveil par un tel déploiement de gendarmes. « On se croirait dans un film policier », soupire un homme, renseigné par d'autres sur un possible scénario. Les quelques badauds, maintenus à distance par des bandes en plastique blanc et rouge délimitant la scène de crime, s'interrogent et commentent sans preuves.

Règlement de comptes ? Clients éconduits revenus se venger ? Traquenard de trois hommes encagoulés attendant la victime ? Histoire personnelle ?

« Autant d'hypothèses de travail pour nous désormais, confie le colonel Frank Crispino, commandant de la section de recherches. Avec une priorité : préserver la scène de crime, et donc geler les lieux. » D'où la présence, de longues heures durant, hier, de techniciens en investigation criminelle qui ont notamment relevé des impacts de balles sur les murs de l'établissement. Des munitions de chasse de gros calibre utilisées avec une arme à canon.

Racheté en 1998, Le Liberty n'est, selon le maire Jean-Pierre Duez, « pas plus sujet à problème que d'autres établissements de ce type ». La discothèque a même signé, il y a plus d'un an, une charte de la vie nocturne. Elle restera fermée quelques jours, pour les besoins de l'enquête.

Les investigations menées par les gendarmes n'ont pas tardé à payer, puisqu'un homme a été interpellé dans la soirée et placé en garde à vue. Il aurait participé à une rixe qui a eu lieu dans la nuit au club et pourrait être l'auteur du coup de feu mortel

Deux autres jeunes ont été interpellés dimanche soir. Témoins de la fusillade, ils n'avaient pas dénoncé les faits. La famille du videur abattu témoigne.

Les deux auteurs présumés de la fusillade dans laquelle Aboubacar Camara, Cenonnais de 32 ans, a trouvé la mort, samedi sur le parking d'une discothèque de Saint-Paul-de-Blaye ont été présentés hier soir au parquet de Bordeaux. Une information judiciaire a été ouverte et leur placement en détention provisoire requis.

Aboubacar Camara était depuis peu portier physionomiste au Liberty, un club très connu dans le Blayais. Vers 5 h 30 samedi, peu avant la fermeture de l'établissement, plusieurs coups de feu avaient retenti sur le parking en direction d'une porte près de laquelle se trouvaient l'employé de la discothèque et deux clients. Touché d'une balle utilisée pour la chasse au gros gibier, le Cenonnais s'est écroulé et n'a pas survécu.
29 mai 2011 07h32 | Par florence moreau et michÈle mÉreau
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Le portier physionomiste était très estimé à Cenon
31 mai 2011 09h39 | Par Florence Moreau

Deux autres arrestations

L'enquête des gendarmes a très vite débouché sur l'interpellation des deux jeunes du coin, âgés de 21 et 22 ans qui avaient été éconduits de la discothèque quelques heures plus tôt. Dimanche soir, deux autres hommes qui avaient assisté aux coups de feu mais n'avaient pas dénoncé les faits ont également été interpellés.

« Quand on est portier, l'agression, on y pense », témoigne Kamel, qui a bien connu la victime dans le quartier de Palmer à Cenon et a lui-même exercé cette fonction. « C'est un peu la roulette russe tous les soirs en fonction de la clientèle, s'il y a ou non des gens éméchés. C'est un métier incompris. Ni policier ni voyou, il faut se faire respecter. Mais il ne devait pas partir comme ça, pas pour un refus d'entrée. C'est ridicule. »

Hommage

Pour lui rendre hommage, le milieu de la sécurité a décidé d'organiser une marche silencieuse. Le rendez-vous est fixé à 18 heures demain soir quai de Paludate à Bordeaux.

Aboubacar Camara a grandi à Cenon où il a forgé de grandes amitiés et traversé de plus sombres périodes. Pour tous, il était « Bouba ». « C'était un nounours, souriant, un beau bébé d'un mètre quatre-vingt-huit, sain, posé, tonique, pas bagarreur », témoigne Foued, un de ses proches qui a davantage « le sentiment de perdre un petit frère qu'un voisin. Il laisse un grand vide dans ma bulle ». De dix ans son aîné, il n'en appréciait pas moins ses conversations avec lui sur la politique, la religion musulmane. Ils étaient présents l'un pour l'autre, pour la famille de l'autre. Dans ce moment douloureux, la famille élargie est revenue épauler Cekou, le père de « Bouba », qui réside toujours à Cenon.

« Son hobby c'était le basket, confie sa petite sœur, Maryama, qui vit désormais à Paris. Il a même joué aux JSA pendant plusieurs années. Il adorait ». Depuis, il pratiquait la musculation, les sports de glisse et… le BMX.

Maryama décrit un grand frère « gentil, chaleureux. Si on se promenait rue Sainte-Catherine à Bordeaux avec lui, il fallait s'arrêter toutes les deux minutes pour saluer quelqu'un qu'il connaissait. Il avait toujours un mot taquin pour chacun ».

Il laisse à Dax une petite fille de sept ans. « Il était très famille », poursuit sa sœur. « C'est quelqu'un qui aimait bien les belles choses, les beaux habits. Il était toujours très propre sur lui, très beau », ajoute-t-elle, sourire tendre dans la voix. Il devrait être inhumé à Paris.

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toutes mes condoleances a la famille je suis de tout coeur avec vous