Bonjour,
Je pense que pas mal d'entres-vous ont entendu parler de la "légende" des Régiments Disciplinaires de l'Armée de Terre Française ?
Voici un petit récapitulatif de l'histoire des "Régiments Disciplinaires"
Les unités disciplinaires ont bel et bien existé mais sous l'appellation "Bat'd'Af" ou bataillon d'Afrique ce qui exlique le pourquoi des 3 chevrons et non lisérés qui distinguaient les unités de l'Armée d'Afrique des unités métropolitaines.
A ce titre les anciens militaires le savent mieux que moi, la création de la FAR et la professionnalisation de l'ADT ont voulu que certains chefs en mal de traditions fassent cas de "filiation" pour changer l'appellation de qqs unités : on parle du 68e RAA (régiment d'artillerie d'Afrique) par exemple. Pour faire plaisir à feu M. SEGUIN on a dissous le cent septante (un des plusillustres RI) pour recréer le 1er régiment de tirailleurs.
Pour en revenir aux unités disciplinaires, il en existait trois à la LE "moderne" (elles ont été dissoutes fin des années 70 - début des années 80) :
- la section d'épreuve au Domaine Saint Jean à CORTE en Corse ;
- la section de déforestation avancée au 3e REI à KOUROU en Guyane ;
- la compagnie disciplinaire de la 13e DBLE à Djibouti.
Vous noterez que ces trois unités ne stationnaient ni sur le territoire métropolitain ni sur le continent.
Récupérée sur INTERNET, l'histoire des Bat'd'Af qui comme je vous l'ai dit, eux, ont réellement existé et se sont remarquablemet comportés au feu durant la Grande Guerre :
"Les Bataillons d’Infanterie Légère d’Afrique (BILA), plus connus sous leurs surnoms de Bat d'Af' , étaient des unités de l'armée de terre française. Les soldats des BILA s'étant distingués le 6 février 1840 à la bataille de Mazagran, ce jour devient la fête des BILA.
Contrairement à ce qu'on pense, ce ne sont pas des unités disciplinaires au sens strict. Elles ont néanmoins accueilli dans leur rang les jeunes hommes déjà condamnés dans le civil, au moment ou ceux-ci devaient faire leur service militaire, et des militaires sanctionnés, après leur passage dans des compagnies de discipline. Cependant il est clair qu'il y régnait une discipline bien plus forte que dans les autres unités de l'armée. Initialement, les soldats du 1er BILA sont les Flore, ceux du 2e Zéphyr, ceux du 3e Chardonnet, puis le surnom de Joyeux s'impose pour tous, bien qu'on entrevoie encore celui de Zéphyr.
La loi de 1905 dit " sont incorporés dans les bataillons d'infanterie légère d'Afrique (sauf décision contraire du Ministre de la Guerre, après enquête sur leur conduite depuis leur sortie de prison) :
• Les individus reconnus coupables de crimes et condamnés seulement à l'emprisonnement, par application des articles 67, 68 et 465 du Code Pénal
• Ceux qui ont été condamnés correctionnellement à six mois d'emprisonnement au moins, soit pour blessures ou coups volontaires, par application des articles 509 et 511 du Code pénal, soit pour violences contre les enfants, prévues par l'article 3I2- & 6 et suivants du même Code
• Ceux qui ont été condamnés correctionnellement à un mois d'emprisonnement au moins pour outrage public à la pudeur, pour délit de vol, escroquerie, abus de confiance ou attentat aux mœurs prévu par l'article 554 du Code pénal;
• Ceux qui ont été condamnés correctionnellement pour avoir fait métier de souteneur, délit prévu par l'article 2 de la Loi du 5 avril 1905, quelle que soit la durée de la peine
• Ceux qui ont été l'objet de deux ou plusieurs condamnations dont la durée totale est de trois mois au moins, pour rébellion ( art. 209 à 221 du Code pénal) ou violences envers les dépositaires de l'autorité et de la force publique (art. 228 et 230 du Code pénal)
• Ceux qui ont été l'objet de deux ou plusieurs condamnations dont la durée totale est de trois mois au moins, pour l'un ou plusieurs des délits spécifiés dans l'alinéa 2 du présent article
• Ceux qui ont été l'objet de deux ou plusieurs condamnations dont la durée totale est de trois mois au moins pour l'un ou plusieurs des délits prévus par les articles 269 à 276 inclusivement du Code pénal
• Ceux qui ont été l'objet de deux ou plusieurs condamnations dont la durée totale est de trois mois au moins, pour le délit de filouterie d'aliments prévu par l'article 401 du Code pénal
• Ceux qui ont été l'objet de deux ou plusieurs condamnations, quelle qu'en soit la durée, pour l'un ou plusieurs des délits spécifiés dans l'alinéa 5 du présent article" 1.
Les Bataillons d'Infanterie Légère d'Afrique (BILA) étaient des bataillons formant corps.
En octobre 1870, chaque bataillon a mobilisé 2 compagnies de 250 hommes mais le 5 décembre un seul bataillon se battra avec l'armée de la Loire. Le 13 décembre, le bataillon sera divisé en deux et servira dans le 18e corps.
En 1914, à la déclaration de la guerre, les effectifs devant pour la plupart rester en garnison en Afrique du Nord, on a formé pour la durée de la guerre, un puis trois bataillons de marche d'infanterie légère d'Afrique. Il y en eu donc trois qui ont participé à la Première Guerre mondiale : le 1er, 2e et 3e Bataillon de Marche d'Infanterie Légère d'Afrique BMILA. Les 3e et 5e BILA ont formé en France le 3e Bataillon de Marche d'Infanterie Légère d'Afrique et se sont couverts de gloire en Belgique à la Maison du Passeur (porté sur le drapeau) 2.
Les condamnés après avoir purgé leurs peines, et lorsque la mobilisation fut décrétée en août 1914, non admis à combattre dans une unité régulière, ils étaient affectés dans un "Groupe Spécial"(dans ces groupes étaient reversés les condamnés réservistes - ceux de l'armée active étant affectés aux BILA)
1er Bataillon d’Infanterie Légère d’Afrique
2e Bataillon d’Infanterie Légère d’Afrique
3e Bataillon d’Infanterie Légère d’Afrique (créé en 1857, dissous en 1932, ne renaît qu'en 1951. Il passe à Fort Flatters en 1960, et à Reggane en 1963. Il devient la 3e Compagnie d'infanterie légère d'Afrique (CILA) dans les années 1960, passe à Mers el Kébir en 1967 et est finalement dissoute le 31 mars 1972 à Obock).
4e Bataillon d’Infanterie Légère d’Afrique
5e Bataillon d’Infanterie Légère d’Afrique
24e Bataillon d'Infanterie Légère
Groupe Spécial
Chaque Corps d'Armée soulevait un Groupe Spécial. Le numéro est celui du C.A.. Dans ces groupes étaient reversés les condamnés réservistes - ceux de l'armée active étant affectés aux BILA."
Enfin pour conclure de mon côté, le point le plus complet que je connaisse sur les "Bataillons d'infanterie légère d'Afrique " (B.I.L.A.) de 1832 à 1972, date de leur dissolution, a été publié dans le numéro 110 de la revue "Militaria" de septembre 1994.
La question, il est vrai, n'est pas simple car il y a eu au cours du temps diverses formes d'unités disciplinaires, les B.I.L.A., pour les recrues qui avaient un casier judiciaire chargé avant leur arrivée au service.
Ceux qui avaient eu des condamnations pour crimes graves n'avaient pas droit de porter les armes et constituaient des sections de travailleurs dans le sud algérien.
Pour les appelés qui, pendant leurs obligations légales, accumulaient les fautes et les punitions, sans intention de s'amender, existait la compagnie spéciale des troupes métropolitaines (C.S.T.M.), stationnée au sud de Colomb-Béchar jusqu'en 1962, puis transférée au fort d'Aiton, en Savoie dans les Alpes et dissoute en 1976.