À 92 ans, elle est présumée terroriste

À 92 ans, elle est présumée terroriste

L'histoire du jour. Son fils déplore le traitement que les agents de sûreté de l'aéroport auraient fait subir à sa mère, sourde et handicapée.

Pour paraphraser un mot célèbre du général de Gaulle, pourquoi voudriez-vous que Reine Marguerite Cormary commence une carrière de terroriste à 92 ans ? En dépit de son quasi-siècle, de sa surdité totale et de sa presque impotence, Reine Marguerite Cormary a subi, selon son fils Henri, une fouille assez musclée de la part des agents de sûreté aéroportuaire de Blagnac.

Deux fois par an, Reine Marguerite rend visite à son fils. À la fin de son séjour, le 24 septembre dernier, elle prend l'avion qui doit la reconduire à Nice où elle réside. Henri la confie à un « accompagnateur de personnes à mobilité réduite ». Reine Marguerite, bien que d'une nature tonique lui valant dans la famille le surnom de « Tornade blanche », peine à se mouvoir. Elle embarque donc dans une chaise roulante. Mais auparavant, la nonagénaire doit passer le filtrage des agents de sûreté. « Une fouille zélée, s'émeut Henri. Jusqu'à la semelle de ses chaussures, c'est ridicule ! » Pis, déplore son fils, pendant la fouille son sac à main a été visité : « En arrivant à Nice, elle s'est rendu compte que sa pochette en cuir contenant environ 400 € avait disparu. J'avais moi-même fermé le sac. Alors faut-il mettre des policiers derrière chaque contrôleur ou passager ? »

Les agents de la société ICTS, chargée du fitrage des passagers, ne se souviennent pas d'une telle affaire. En l'absence de plainte ou de signalement, Marc Munier, leur responsable juge d'ailleurs que plus de dix jours après les faits, le délai légal de 72 heures de conservation des images de vidéosurveillance est largement dépassé. Plus aucune trace vidéo du passage de Reine Marguerite n'ayant survécu, il est donc impossible de savoir qui, agent ou passager, l'a délestée de ses 400 €. Par ailleurs, observe encore Marc Munier, l'exploration des semelles fait partie de la procédure obligatoire depuis qu'en 2001 le terroriste Richard Reid avait essayé de faire exploser le vol 63 d'American Airlines en y embarquant des explosifs dissimulés dans ses chaussures : « Si le portique sonne au niveau bas, les chaussures doivent être retirées, voire passées au rayon X. »

Quoi qu'il en soit, Reine Marguerite est rentrée indignée chez elle à Nice. Femme d'un haut fonctionnaire membre de la Conférence du Pacifique sud, Reine Marguerite avait à ce titre vu passer sous son toit quelques grands de ce monde : De Gaulle, Khrouchtchev, Gandhi, Nerhu… Un standing peu compatible avec la vulgarité de traitement dont elle fut l'objet à Blagnac.

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Il y a deux ans, déshabillée en public à Blagnac
Henri Cormary ne nourrit pas quelque acrimonie à l'endroit des agents de sûreté de l'aéroport de Toulouse Blagnac sans raison. L'épisode du 24 septembre dernier survient deux ans après une première fouille à la limite de l'indignité sur sa mère. Alors âgée de 90 ans, et embarquant déjà à destination de Nice, Reine Marguerite avait été fouillée de façon « outrancière et ridicule », se souvient Henri : « Ils lui ont fait dégrafer son corsage devant tout le monde, prétextant que le hall A n'était pas équipé de cabines isolées pour la fouille. Quel acharnement ridicule ! » La vieille dame et on la comprend, en avait été fort indignée. La mamie terroriste ne transportait pourtant pas d'explosifs. Mais un certain nombre de « choses invraisemblables », reconnaît son fils. Du moins inhabituelles en cabine, jugez plutôt : cous de canard farcis, saucisse et œufs scrutés un à un par les limiers.

source : ladepeche.fr