Carcassonne. 8 mois ferme pour le voleur du Super U

À la barre, ce jeune homme à la silhouette frêle et nerveuse craque. Ses yeux rougis finissent par lâcher des larmes de gosse épuisé. Un gosse de 22 ans dans la panade, en rupture familiale, qui vit avec sa compagne dans la voiture de celle-ci : c'est la personnalité et le parcours chaotique de Kévin décrits par son avocat.

Côté partie civile, c'est un dangereux délinquant récidiviste. Côté ministère public, le prévenu a un comportement inquiétant : «Il aménage la réalité et il refuse toutes les autorités». Cette fois-ci, le jeune Trébéen a refusé tout net l'autorité du vigile du Super U. Hier, il était jugé en comparution immédiate pour deux larcins commis dans cette grande surface, les 1er et 3 novembre dernier et pour avoir cassé la vitrine et menacé de mort le vigile. Selon ce dernier, Kévin a volé une bouteille de whisky. À la barre, il s'en défend : le 1er novembre, il s'est bien servi dans les rayons mais c'est du yop à la fraise qu'il a glissé dans son pantalon. À la sortie, pendant que sa compagne paie à la caisse, le gardien veut le contrôler. Le ton monte et les voilà tous deux qui s'empoignent et roulent au sol. Kévin lui échappe. S'ensuit une course sur le parking avec, selon le prévenu, lancer de cailloux de la part du vigile. «J'en ai ramassé un et je le lui ai jeté», poursuit Kévin à la barre. Pour la vitrine qui a volé en éclats ce jour-là, il nie. Sachant qu'une révocation de sursis lui pend au nez, le prévenu raconte être revenu ensuite pour s'excuser auprès du garde. Le vigile, lui, a expliqué aux enquêteurs que c'était pour le menacer de mort. Le 3 novembre, revoilà le prévenu au Super U où il dérobe des rasoirs. «Vous êtes d'une susceptibilité extrême et vous n'êtes vraiment pas intelligent», le tance la présidente. «ça, je sais», répond-il piteusement.

«Il ne faudrait pas qu'il paie pour l'ensemble des incivilités qui ont lieu au Super U», tonne l'avocat de la défense. La grande surface en a son lot. Son lot de mômes perdus en déshérence, connus des juges pour enfants, qui viennent ici jouer aux caïds. Parmi eux, il y a le petit frère de Kévin. Ce petit frère avec qui il est en désaccord. Kévin, l'aîné, a préféré quitter la maison familiale sans père, mort en 1994, et s'installer dans une bagnole, avec sa compagne elle aussi lâchée par les siens. Seul espoir du prévenu : le foot. Le club lui paie son BAFA pour qu'il entraîne les plus petits. Dans l'attente du délibéré, sa compagne le rejoint discrètement sur le banc des accusés. Ils s'embrassent. Ils pleurent. Il a été condamné à 8 mois de prison et à verser 600 € et 2 000 € à Super U et une amende de 500€.

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