Sedan-Coups de feu à la sortie de la discothèque l'Annexe

SEDAN. (Ardennes). Le patron et trois des employés de L'Annexe ont essuyé au moins deux coups de feu, tirés d'une voiture. Par miracle, personne n'a été touché. Hier, l'enquête ne faisait que commencer.

La fête s'était achevée, hier, vers 4 heures du matin, et L'Annexe venait de fermer ses portes. Les derniers clients de cette discothèque située au port à charbon avaient déjà disparu dans la nuit sedanaise. Dans une voiture, garée dans les environs immédiats de l'établissement, venaient de se retrouver le patron et trois de ses employés.

Ceux-ci s'apprêtaient à rentrer chez eux quand soudain, une seconde voiture s'est approchée, ralentissant à leur niveau. Un homme a alors brandi une arme et tiré au moins deux coups en direction du quatuor avant de filer en quatrième vitesse.

Dans le véhicule visé, certaines vitres ont explosé sous l'impact des balles. Mais personne n'a été touché. Au vu des circonstances, cela ressemble fort à un petit miracle car à l'évidence, il ne s'agissait pas d'un tir d'intimidation.

Hier soir, au terme de la première journée d'investigations, aucune interpellation ou mise en garde à vue n'avait eu lieu. Quelques heures plus tôt, les enquêteurs, des policiers du commissariat de Charleville-Mézières et du SRPJ de Reims, avaient toutefois pu retrouver le véhicule qui transportait le tireur et ses éventuels complices.

La voiture, retrouvée intacte, a immédiatement été passée au peigne fin. Les résultats de ces prélèvements devraient prochainement permettre de lever une partie du voile qui enveloppe encore ce qui ressemble fort à une tentative d'assassinat. Dans le même temps, les policiers ont longuement entendu le patron de l'Annexe - qui n'est pas le propriétaire des murs - ainsi que ses employés et certains des clients présents ce soir-là.

Qui était visé ? Et pourquoi ?

Si aucun élément n'a été officiellement communiqué par les policiers et le Parquet, soucieux de ne pas nuire au bon déroulement de l'enquête, il est acquis que l'arme utilisée par le tireur serait de gros calibre. Fusil ou arme automatique, plusieurs hypothèses étaient encore étudiées, hier soir - il ne s'agissait pas de tirs en rafale.

Mais au-delà de la forme, le fond de cette affaire continuait à poser les principales questions : qui était visé dans la voiture ? Et pourquoi ?

Les auditions menées permettront, là encore, de déterminer s'il s'agissait d'une « brouille » survenue quelques heures plus tôt ou bien d'un différend antérieur et aux motifs plus concrets qu'une simple bousculade.

Toutes proportions gardées, cette affaire n'est pas sans rappeler le tragique fait divers survenu en juin dernier dans une boîte de nuit lilloise lorsqu'un homme, furieux d'avoir été éconduit d'une discothèque, était revenu devant l'établissement tirer à l'arme de guerre, faisant deux morts et cinq blessés.

Hier après-midi, quelques pêcheurs habitués de cette zone paisible, seulement séparés par une étendue herbeuse de la rue hôtel Massart où se dresse L'Annexe, écarquillaient de grands yeux à l'évocation de cette histoire : « Heureusement que c'est plus de notre âge d'aller danser ! », ironisait l'un d'eux.

La propriétaire de l'Annexe, elle, absente de la soirée, préférait faire « synthétique » : « Je n'ai rien à dire à ce sujet ».


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Coups de feu devant la discothèque sedanaise : le patron et une victime parlent

SEDAN (Ardennes). Celui qui, samedi, a tiré en direction de quatre individus, serait un des clients de la boîte de nuit, expulsé quelques instants plus tôt pour son mauvais comportement. Le récit d'une des victimes rencontrée hier est aussi effrayant que désespérant.

Ces deux hommes ont accepté de témoigner à condition de conserver l'anonymat. Le premier a 48 ans et, depuis trois mois, gère L'Annexe, établissement à proximité duquel ont été tirés, dans les premières heures de samedi, deux coups de feu contre une voiture où se trouvaient alors quatre hommes (voir nos éditions précédentes). Appelons-le Pascal. Le second individu que nous avons pu rencontrer hier était l'un d'eux. C'est un professionnel de la sécurité. Appelons-le Jacques.

Vendredi soir, puisque le gérant était absent, il était chargé de superviser la sécurité de la discothèque sedanaise. Voilà pour les présentations. Ce qui s'est passé à l'heure de la fermeture ? Ils s'en désolent et s'en étonnent.

Jacques raconte : « Tout se passait normalement ce soir-là. Samedi, vers trois heures du matin, j'ai vu un client qui buvait son verre sur la piste de danse. Puisque c'est interdit, j'ai été le voir pour lui expliquer. Il a un peu reculé mais n'est pas vraiment sorti de la piste. Je lui ai à nouveau demandé de s'écarter et le ton a commencé à monter. Je l'ai amené vers le hall d'entrée de la boîte. Il y avait trois vigiles à ce moment-là. Le mec s'est un peu échauffé, ça a un peu crié. Il ne comprenait pas qu'on refuse qu'il consomme sur la piste de danse. Mais j'insiste là-dessus : aucun coup n'a été donné.

Et puis une tierce personne - qui était avec ''l'homme au verre'', celui qui ne voulait pas partir - est arrivée dans le hall. Il voulait aider son ami et a directement poussé un des videurs. Alors on les a agrippés et on les a sortis tous les deux. Et l'ami de ''l'homme au verre'' a dit en sortant : ''J'arrive dans deux minutes''. Je venais d'avoir Pascal au téléphone, il entendait que ça criait un peu mais je lui avais dit que ce n'était pas la peine de venir, que ça allait rentrer dans l'ordre.

Après, la soirée n'était pas finie, mais j'ai décidé de rentrer. Un videur est venu avec moi. Deux amis à nous - qui n'étaient pas des employés - étaient arrivés et on s'est retrouvés tous les quatre dans la voiture. On était en train de démarrer quand on a vu une voiture arriver à notre hauteur. Le conducteur de ce véhicule est sorti, est allé prendre quelque chose dans son coffre. On a vite compris. Je me suis couché sur mon siège sans chercher à comprendre et les autres aussi. Je crois que deux coups ont été tirés. Une balle a explosé le pare-brise arrière, est passée entre nous quatre avant de sortir par le pare-brise avant. On a eu beaucoup, beaucoup de chance. Après, on est partis direct en accélérant à fond. On a été directement au commissariat de Sedan. Et les policiers sont revenus avec nous devant la boîte pour les premières constatations. »

« Celui qui nous a tiré dessus ? C'est celui qui était venu aider son ami dans le hall de la boîte. Je ne le connaissais pas avant cette soirée. Il avait commandé une bouteille dans la boîte, l'air bien élevé d'après ce qu'on m'a dit. Dans la voiture qu'il conduisait avant de nous tirer dessus, il était avec un passager qui est resté passif. Lui, je ne l'ai pas vraiment vu. Ce que je pense de tout ça ? Vous savez aujourd'hui, les gens n'acceptent plus rien de ce qu'on leur dit. »

A quelques centimètres près, Jacques - ou l'un de ses trois amis - serait donc décédé à cause à cause d'un verre d'alcool consommé sur une piste de danse par un client récalcitrant. De quoi méditer un instant sur les vertus de l'époque.
De son côté, Pascal, outre l'empathie ressentie pour ceux qui ont failli voir leur vie volée, regrette très amèrement « la publicité catastrophique donnée à la boîte par cette histoire. Si je suis énervé, frustré ou déçu ? Tout ça à la fois, sans doute ». Non sans franchise, il confie avoir accepté notre rendez-vous « pour montrer que je n'ai rien à cacher, que ça n'a rien à voir avec une histoire de drogue ou je ne sais quoi ». Et finit par lever les bras en signe d'impuissance : « Franchement, c'est pas possible ! Comment peut-on imaginer qu'un incident comme ça, aussi banal, puisse dégénérer à ce point ? » On n'a pas su quoi lui répondre.

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L'Annexe : le suspect placé en détention

SEDAN (Ardennes). Après les coups de feu tirés samedi matin devant la discothèque, un suspect a été interpellé.

Hier, peu avant 20 heures, l'homme suspecté d'avoir tiré deux coups en direction de quatre hommes réunis dans une voiture, samedi matin devant la discothèque sedanaise L'Annexe (voir nos éditions précédentes), a, sans surprise, été placé en détention provisoire. Le voilà désormais mis en examen pour « violences volontaires avec armes sans ITT » et, pour les vitres brisées du véhicule des victimes, « destruction du bien d'autrui par un moyen dangereux pour les personnes ».

Deux actes d'accusations portés par le Parquet de Charleville-Mézières et suivis en début de soirée par une juge d'instruction. Celle-ci a également notifié à l'auteur présumé des coups de feu son départ immédiat pour la maison d'arrêt de Charleville-Mézières.

L'enquête, menée par les policiers de Charleville-Mézières et ceux du SRPJ de Reims, avait permis d'identifier un suspect dès samedi, en fin de journée. Le lendemain, celui-ci s'était spontanément rendu au commissariat de Sedan et avait été placé en garde à vue.

Malgré bon nombre d'indices à charge récoltés par des policiers encore en quête d'une preuve irréfutable, l'individu n'a eu de cesse, au cours de ses différentes auditions, de nier le rôle que lui attribuait les enquêteurs - celui du tireur qui, miraculeusement, n'avait touché personne.

En direction de la voiture où venaient de s'installer deux employés de L'Annexe, chargés de la sécurité ce soir-là, et deux de leurs amis, avaient été tirés deux coups d'un fusil de calibre 45, véritable arme de guerre. Une des deux balles avait explosé le pare-brise arrière, était passée entre les quatre hommes qui venaient de se coucher brutalement sur leurs sièges avant de ressortir par le pare-brise avant.

Un tir tendu, à hauteur d'homme qui, s'il avait fait mouche, aurait pu s'avérer mortel.

Peine encourue : jusqu'à vingt ans de détention

Rencontrée lundi sous couvert d'anonymat, une des quatre victimes, entendue par les policiers samedi dernier, avait assuré que le motif de cette intention homicide n'était dû qu'à un différend survenu quelques instants auparavant au sein de l'établissement (notre édition d'hier).

Dans le hall de L'Annexe, le tireur aurait à ce moment-là tenté en vain de prêter main-forte à un ami que les videurs s'apprêtaient à expulser. Les deux clients avaient finalement été mis dehors. L'un d'eux, identifié comme le tireur par les victimes, avait annoncé : « Je reviens dans deux minutes ».

Lors de sa garde à vue, l'homme a bien reconnu une « escarmouche » - selon l'expression du procureur des Ardennes - avec les videurs mais a démenti fermement être ensuite revenu sur les lieux, assurant même que lui et les videurs s'étaient réconciliés. Placé en détention hier soir, il était déjà bien connu des services de police, entre autres pour des « violences volontaires » et « destruction du bien d'autrui ».

S'il devait être à nouveau jugé pour des faits similaires, ce serait en état de récidive légale et, pour cela, il encourrait vingt ans de détention.

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