Un jour, les voyageuses garderont leur parfum dans leur sac à main et les voyageurs n'enlèveront plus leurs chaussures et la ceinture de leur pantalon, et cela sans que la sûreté du transport aérien en souffre, assurent les responsables de l'aviation mondiale.
Un jour, mais ce n'est pas pour demain...
Certes, une «conférence de haut niveau» qui s'ouvre mercredi à Montréal au siège de l'Organisation de l'aviation civile internationale (OACI) devrait faire avancer plusieurs dossiers importants de la sûreté aérienne, autrement dit de la protection contre d'éventuels actes terroristes.
Mais il ne faut pas attendre de cette réunion des décisions spectaculaires touchant le grand public, a reconnu en substance le secrétaire général de l'OACI, Raymond Benjamin, lors d'une rencontre avec l'AFP.
Les défis auxquels fait face le transport aérien sont rendus plus complexes encore par sa croissance, explique-t-il: les passagers, au nombre de 2,5 milliards par an aujourd'hui, seront 5 milliards d'ici 15 ans.
«Il faut chercher un système de sûreté pérenne» car si on garde les mesures actuelles, «les aéroports connaîtront des problèmes majeurs de congestion», dit M. Benjamin.
«La menace sur l'aviation civile demeure constante» et elle est «globale», souligne-t-il, rappelant deux alertes en 2009 et 2010.
«Couloirs de contrôle»
La réponse de l'OACI est le progrès technique: les scanners corporels les plus récents, qui ne montrent plus le corps du passager, protégeant ainsi sa vie privée, et les «couloirs de contrôle» par où le passager «passe sans s'arrêter, sans enlever manteau ni chaussures».
S'y ajoute l'échange d'informations sur les passagers, critiquée par les défenseurs de la vie privée. Un accord en ce sens fonctionne depuis quelque temps entre les États-Unis et l'Union européenne.
Enfin, l'OACI propose de «modifier l'étendue des mesures de sûreté en fonction de l'évaluation des risques», dit M. Benjamin. Une formule générale mais qui suggère l'assouplissement de certains contrôles, devenus très lourds après le 11 septembre 2001.
Le secrétaire général de l'OACI avait envisagé publiquement il y a deux ans la suppression rapide de l'interdiction des liquides dans les bagages à main. Il reconnaît aujourd'hui avoir été trop optimiste: «Cela s'est révélé plus difficile que je ne le pensais».
«Des moyens considérables sont mis en oeuvre» pour faire progresser les équipements nécessaires aux aéroports, mais «ce n'est pas encore au point».
Sur d'autres fronts, des divergences empêchent parfois de progresser rapidement. Les pays de l'UE voudraient que le personnel navigant subisse les mêmes contrôles que les voyageurs - c'est déjà le cas chez eux. Les Américains et les Canadiens trouvent le «contrôle physique» inutile, faisant valoir que ce personnel fait l'objet d'enquêtes permanentes.
Cent trente pays seront présents à la conférence de Montréal. Trente, dont l'Inde, le Venezuela et les Émirats Arabes Unis, seront représentés par des ministres. Mais il n'y aura aucun ministre européen. «Je le déplore. C'est une erreur de casting de leur part», juge M. Benjamin.
«L'Europe, qui souhaite des progrès sur le fret (sécurisation de l'ensemble de la chaîne) et les contrôles du personnel navigant, espère que les orientations décidées à la conférence seront mises en oeuvre le plus rapidement possible», s'est borné à commenter pour l'AFP le représentant de la France à l'OACI et membre du conseil de celle-ci, Michel Wachenheim.
Les États-Unis, qui ont fortement appuyé la tenue de la conférence, seront représentés par Janet Napolitano, secrétaire à la Sécurité intérieure, qui interviendra à l'ouverture de la réunion.
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