Braqueurs d'Orly : l’ancien para a recruté ses « soldats » en banlieue

Présenté comme le cerveau et l’artificier du gang hétéroclite démantelé — rassemblant des malfaiteurs expérimentés et des jeunes délinquants de cité —, Serge, 44 ans, n’est pas un inconnu des services de police.


L’homme à la corpulence athlétique, malgré son 1,69 m, et décrit comme un « professionnel méthodique » est originaire de la cité Gagarine à Drancy (Seine-Saint-Denis).

A sa majorité, il décide de s’engager dans l’armée. Après un passage dans les forces spéciales, au 1er régiment de parachutistes d’infanterie de marine (RPIMa) de Bayonne (Pyrénées-Atlantiques), Serge s’oriente vers le 1er régiment de chasseurs parachutistes (RCP) de Pamiers (Ariège), où il apprend le maniement des explosifs. Le jeune militaire est alors envoyé, à deux reprises, sur le terrain des opérations au Liban à la fin des années 1980. Serge décide ensuite de tout abandonner en désertant.

Un homme peu charismatique mais sans états d’âme

Sa trace est retrouvée alors qu’il occupe un poste de câbleur chez France Télécom avant de se lancer dans l’import-export. L’homme décide, encore une fois, de tout plaquer au début des années 2000. Il est alors interpellé en possession d’explosifs et écope de deux ans de prison.

Mais Serge entre définitivement dans les archives de la police à la fin de l’année 2004. Le 14 décembre à 4h24, l’homme, en compagnie de trois complices, fait exploser le central téléphonique de Melun (Seine-et-Marne), coupant ainsi les lignes de communication interministérielle et privant 41 000 abonnés de téléphone. A l’époque, l’opération a, déjà, pour but d’isoler un dépôt de fonds à Cély-en-Bière. Mais l’attaque n’aura jamais lieu. Serge et ses comparses sont suivis depuis plusieurs semaines par les enquêteurs de la police judiciaire de Versailles (Yvelines). Les quatre gangsters sont aussitôt arrêtés. Chez un proche de Serge, les policiers saisissent deux fusils d’assaut, des grenades, des cagoules et des perruques. « En garde à vue, il est tout de suite apparu comme redoutable, se remémore un policier. C’était une machine froide. Quand vous parliez avec lui, il était toujours en avance de deux phrases sur vous. Il n’était pas très charismatique mais on a vite compris qu’il n’avait aucun état d’âme. »

Condamné pour ces faits à six ans de prison, Serge effectue un peu moins de la moitié de sa peine avant de ressortir libre. Il disparaît de la circulation. « Nous ne savons pas trop ce qu’il a fait entre 2007 et la fin de 2010, reconnaît une source judiciaire. En revanche, cet ex-militaire, passionné par le Viêt Nam, a recruté ses soldats parmi la jeunesse des banlieues, notamment à Bobigny (Seine-Saint-Denis), avant de faire le lien avec des voyous plus expérimentés, âgés d’une quarantaine d’années, venus du Nord de la France et de Belgique pour constituer son équipe, celle que l’on vient de démanteler en grande partie. »

Un jeune complice, surnommé Yarek, du fait de ses origines polonaises et âgé de 28 ans, soupçonné d’avoir participé au braquage du dépôt de Villers-Semeuse, est déjà tombé dans les filets des policiers. « Le cerveau de cette équipe est parvenu à associer des profils très différents, poursuit un policier. Il a aussi su allier l’expérience des uns avec l’extrême méfiance et la froide détermination des autres. Et surtout, ils ont pu agir aussi longtemps parce qu’aucun n’était fiché au grand banditisme. Compte tenu de la nature des faits, notre regard s’était naturellement porté vers des gens déjà bien connus. »

SOURCE

C'est une bonne chose de faite rappelant qu'en septembre un convoyeur de chez Temis y est resté.