Comment les magasins se protègent des vols

Comment les magasins se protègent des vols


Pour voir sans être vus, des agents de sécurité sont postés devant des écrans de contrôle qui relaient les images sélectionnées par la vingtaine de caméras que compte en moyenne un hypermarché.

Confrontés aux stratagèmes de plus en plus évolués des délinquants, les grandes surfaces s’organisent pour déjouer leurs nouvelles combines. Agents de sécurité en civil, caméras cachées sur rails, antivols à jets d’encre… Les mesures contre les vols à l’étalage se renforcent. Mais les vigiles sont confrontés à un nouveau profil de voleur : la mère de famille dans le besoin.

Les nouvelles combines« On vole de plus en plus pour se nourrir »
-shirt, jean, basket. Jérôme* se faufile tel un client lambda dans les rayons de ce grand magasin de bricolage. Qui peut croire qu’il s’agit en réalité d’un agent de sécurité ? Pas de biscotos saillants ni de cravate noire sur chemise blanche. La tenue en civile est une pratique de plus en plus usitée par les supermarchés pour lutter contre les vols à l’étalage, même si elle est plus onéreuse. « Il faut se camoufler et changer trois fois de vêtements dans la journée pour ne pas se faire repérer », explique Florent Bernard, responsable de la formation des agents chez Cops sécurité. Face à des voleurs plus rusés et mieux organisés (lire par ailleurs), les entreprises de surveillance sont obligées de redoubler d’inventivité. La féminisation de la profession en est un récent exemple. Christian Fontaine, gérant d’Austral sécurité privée, n’hésite pas à recruter de plus en plus de femmes vigiles dans les supermarchés : « Leur manière de communiquer permet de faire baisser les tensions. Et leur gabarit ne leur empêche pas l’interpellation. Au contraire, elles sont très courageuses. Il y a peu, l’une d’entre elles n’a pas hésité à faire face à des jeunes armés de haches et tournevis. » Comme le souligne Gilles Murat, directeur technique chez Cops sécurité, « on ne recherche plus des gros bras, mais des gens intelligents et formés. Les femmes ont donc toute leur place dans ce milieu ». Depuis la loi Sarkozy de 2003 et l’obligation de justifier d’une aptitude professionnelle, les agents de sécurité sont aussi beaucoup plus efficients. La plupart des vigiles sont aujourd’hui titulaires d’un CAP d’agent de prévention et de sécurité. « Sarkozy a fait le ménage dans la profession », résume Christian Fontaine. Autrement dit, plus de flou juridique, de moins en moins d’embauches au noir et de dérives comme les passages à tabac ou le recours aux armes.

DES CAMÉRAS CACHÉES SUR RAILS

Bien sûr, les moyens techniques se sont également considérablement améliorés, au risque de succomber au « tout automatisé », regrette Florent Bernard. Alarmes infrarouges anti-intrusion, détecteurs de faux billets ou de métaux, sécurisation des chèques, coffres-forts et armoires fortes ultra-résistants… La technologie s’adapte à la malice des responsables de la fameuse “démarque inconnue” (le préjudice entraîné par les vols dans les magasins). Exit aussi le talkie-walkie des agents en civil, au profit du GSM, plus discret. Quant aux badges antivol, ils prennent désormais différentes formes. Il y a les magnétiques qui sonnent aux portiques, les « gicleurs » qui projettent de l’encre lorsqu’on les arrache (principalement sur les vêtements de marque), les étiquettes autocollantes qui ressemblent à des codes barre (les moins efficaces) ou encore les colliers de serrage que l’on peut fixer sur les bouteilles d’alcool. L’un des outils les plus précieux pour prévenir les vols à l’étalage reste encore la vidéosurveillance. Pour voir sans être vu, des agents sont postés devant des écrans de contrôle qui relaient les images sélectionnées par la vingtaine de caméras que compte en moyenne un hypermarché. Certaines sont bien visibles, à l’entrée des magasins, mais d’autres sont camouflées. Ainsi, les dômes, placés à proximité des produits dits « sensibles », comme l’alcool, permettent d’avoir un champ de vision à 360 degrés. Encore plus discrètes, les caméras dissimulées dans des tubes en aluminium qui permettent de suivre un client au comportement suspect à travers les allées car elles sont positionnées sur des rails. La surenchère technologique pourrait pousser demain les supermarchés à se doter de caméras à reconnaissance faciale pouvant permettre de croiser les données avec des personnes fichées, comme en Angleterre. Mais les élus « anti-big brotheriens » veillent au grain

* Prénom d’emprunt


Le top 5 des articles les plus volés
Voici le classement effectué par le Centre de recherche dans la distribution (Center for Retail Research, installé en Angleterre) : 1) Lames de rasoir, produits cosmétiques et soins de la peau ; 2) Whisky, alcools, tabac : 3) Produits alimentaires de prix élevé, comme la viande fraîche ou le fromage ; 4) Laits maternisés, cafés, médicaments sans ordonnance ; 5) DVD, CD… Autrement dit, même en temps de crise, les articles les plus fréquemment volés restent des produits onéreux ou de marque connue, caractérisés pour la plupart d’entre eux par leur petite taille et pouvant être facilement revendus.

source : clicanoo