Le 17 mars, un policier courait en forêt, lorsqu'il a
été grièvement blessé par deux chiens. Au lieu de lui porter secours,
leur propriétaire a coursé la victime et l'a menacée de mort. Il a été
jugé jeudi avec un complice.
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[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] Sa voix tremble lorsqu'il décrit la barre « un véritable cauchemar ». En
cette fin de matinée du 17 mars, à Saran, Luc, 51 ans, fonctionnaire de
police au commissariat d'Orléans, effectue son jogging en forêt
d'Orléans, lorsque deux chiens de la race des molosses, un American
staff et un jeune dogue argentin, se jettent sur lui et le font chuter
dans un fossé.
« Je vais te crever ! » « L'agression a duré vingt minutes, c'était une agression sauvage, très
violente. Les crocs me rentraient dans les jambes. Je me suis relevé une
première fois, avant de retomber », raconte péniblement la victime,
dont le traumatisme est patent.
À quelques dizaines de mètres de là, le propriétaire des chiens,
Grégory, 29 ans, et son ami Mickaël, 28 ans, qui, depuis la veille au
soir, ont ingurgité du whisky et des bières, assistent impassibles à la
scène. Luc poursuit : « J'ai eu l'intime conviction qu'ils avaient donné
l'ordre à leurs chiens d'attaquer. Je les ai vus arriver nonchalamment,
avec une canette de bière ; je leur ai dit de rappeler leurs chiens,
mes blessures étaient profondes. »
« C'était un spectacle » La victime parvient à s'extirper du fossé et tente de s'enfuir en
courant. Les deux molosses le prennent en chasse. Luc se saisit d'un
branchage avec lequel il essaie désespérément d'éloigner les bêtes.
Grégory se lance à son tour à sa poursuite et profère bientôt des
menaces : « T'agresses mes chiens ! Tu vas avoir affaire à moi, je vais
en finir avec toi ! Je vais te crever ! » Luc, dont les mollets sont
régulièrement meurtris par les crocs des chiens, est vite rattrapé par
Grégory qui tente de l'agripper par le cou et lui déchire son tee-shirt
dans l'espoir de le faire chuter.
« Mon degré d'épuisement était tel que je ne me serais pas relevé. Pour
lui, c'était un spectacle », confie encore Luc qui, en dépit de ses
graves blessures, parvient à se réfugier dans le véhicule de Grégory,
mettant fin à l'agression. Mickaël finira par accepter de le reconduire
jusqu'à sa voiture, sans s'inquiéter davantage de son sort.
Ce jeudi, les deux hommes, poursuivis devant le tribunal correctionnel,
tentent de minimiser les faits. Grégory prétend qu'il ne parvenait plus à
maîtriser ses chiens et déclare, sans sourciller : « Ça n'aurait pas
été aussi loin si (la victime) n'avait pas couru. » Quant à Mickaël,
auquel on reproche une non assistance à personne en danger, il dit qu'au
regard de son état alcoolisé, il a fait ce qu'il pouvait.
« Que sont devenus les chiens ? », interroge le président. « J'ai donné
l'ordre de les euthanasier », répond Grégory en pleurnichant sur le sort
de ses bêtes.
« Une extrême sauvagerie » Ironie de l'histoire, le père de Grégory, lui même ancien fonctionnaire
de police, était un collègue apprécié de Luc. « J'ai vraiment du mal à
me dire que vous êtes son fils ! », lui lance la victime avec dégoût.
L'avocate de la partie civile, Me Caroline Le Meur, décrit « la scène
d'horreur » vécue par son client qui, en raison du traumatisme
psychologique, fait toujours l'objet d'un arrêt maladie.
« Une extrême sauvagerie ! », s'exclame le procureur de la République,
Jocelyne Amouroux, laquelle a « le sentiment qu'on a évité le pire ! »
La sanction tombe : Grégory est condamné à douze mois de prison, dont
six ferme ; Interdiction lui est faite de détenir un chien pendant trois
ans. Mickaël écope de quatre mois avec sursis.
source. la republique du centre.fr