Les maîtres de molosses formés aux risques

Les maîtres de molosses formés aux risques

Les maîtres de chiens dits dangereux n'attendent pas les beaux jours pour suivre leur stage d'aptitude. Depuis janvier, le permis est obligatoire.

Les propriétaires de pitbulls, mastiffs, rottweillers (1) doivent faire la preuve de leur maîtrise de l'animal pour avoir des papiers en règle. Du travail pour les centres de formation.
Reportage

« Reprenez votre animal ! » répète Samuel, le moniteur. Sur le terrain clôturé du centre de formation canine, les maîtres n'en mènent pas large. Leur molosse si pépère à la maison est un peu excité, ce matin, par la présence de congénères. Il n'a pas en tête l'enjeu de l'exercice : faire la démonstration qu'il est brave et obéissant. Ou peut-être qu'il a compris qu'aujourd'hui, ce n'est pas lui qui passe l'examen mais son maître. Lui, il est déjà passé entre les mains du vétérinaire pour le certificat comportemental. Et là, dans le cabinet qui sent la piqûre de vaccin, il n'a pas fait le malin. « C'était : assis, couché, le faire venir, des questions sur son histoire. Un examen basique, moins draconien que ce qu'on fait aujourd'hui, » observe Sylvain Perraud qui est venu avec Rita, une femelle rottweiler âgée de 8 ans.

Sylvain et sa compagne Corinne ont passé toute la matinée avec Rita dans l'enclos de Cani-Formation (aux Sorinières) et vont revenir pour une 2e session d'éducation canine. 7 h de cours (80 € plus 60 € chez le veto), c'est le passage obligé depuis janvier si l'on veut obtenir permis de détention, délivré par le maire. Ce couple d'Orvaltais n'a jamais eu de souci avec Rita mais comprend que le législateur ait renforcé les contrôles.

« Le regard des autres peut peser »

« Sans les papiers, on risque 3 700 € d'amende », a bien noté Jérôme dans le courrier reçu de sa mairie de Paulx. Break, son Rottweiller de 3 ans et demi dispose d'un grand jardin à la maison. Heureusement parce que son maître est de moins en moins enclin à sortir en sa compagnie. « Oui, le regard des autres pèse aujourd'hui », disent les quatre participants au stage. L'image de chien dangereux leur colle à la peau. « Le Rottweiller a des qualités : il est câlin, collant, » dit Jérôme. D'ailleurs, son « gros nounours », il l'a pris pour faire plaisir à son épouse. Mais, vu les complications, il se dit que « ce sera le premier et le dernier ».

« Votre chien est dominant ou dominé ? Dans quels cas, votre chien a-t-il un comportement agressif ? Pour défendre son territoire ? Devant sa gamelle ? Comment faites-vous quand il y a des visiteurs ? » Au fil des exercices, Samuel Leclerc questionne les maîtres et rappelle les bases du comportement canin. « On entend souvent dire tel maître, tel chien, ce n'est pas si simple. Chaque animal a son caractère, il faut bien le connaître. » Les risques, tous les maîtres les ont en tête. Le message préventif passe bien.

Les conseils du moniteur font mouche. Personne ne savait, par exemple, que pour faire lâcher prise à l'animal, crocs plantés dans sa proie, un seul geste est efficace : le pincement de la gorge sous les mâchoires. « Comment sépare-t-on deux chiens qui se battent ? En les saisissant par les pattes arrières. » Et pour finir, la récompense : une démonstration de dressage de chiens mordants (spécialité de Cani-formation). Impressionnant. Les participants se rendent alors compte de la rigueur qui accompagne l'emploi de l'animal à des missions de défense ou attaque. Du boulot de professionnel.


Sylvie HROVATIN.
source : ouestfrance.fr