Brève prise d'otages dans un supermarché alsacien

Brève prise d'otages dans un supermarché alsacien


Les supermarchés ruraux sont dans la ligne de mire des braqueurs. Depuis quelques mois, les violences se multiplient.

De notre correspondant à Caen

Jeudi matin, une quarantaine de salariés ont été pris en otages pendant plus d'une heure dans un supermarché à Villé, dans le Bas-Rhin, par trois malfaiteurs qui ont réussi à prendre la fuite avant l'arrivée des gendarmes. Sous la menace de leurs armes, mais sans exercer de violences physiques, ils ont neutralisé puis enfermé dans la même pièce les employés au fur et à mesure de leur arrivée. Les malfaiteurs ont quitté les lieux vers 07h15 sans emporter de butin. «Les salariés n'ont pas été blessés, mais ils sont choqués émotionnellement pour avoir été menacés de but en blanc par des armes», a expliqué la police.

La date du 26 juin 2009 restera gravée dans la mémoire de 39 des 95 employés du Super U de Mortagne-au-Perche, un bourg de 5 000 habitants dans l'Orne. À leur arrivée au travail à partir de 5 heures, ils sont, les uns après les autres, séquestrés pendant plusieurs heures par cinq braqueurs. Lorsqu'arrive l'employée en possession des clés du coffre, les malfaiteurs, dont deux sont armés, font main basse sur 80 000 €. Le directeur du magasin se montre étonné par l'aplomb des agresseurs : « La gendarmerie se trouve en face… Ils ont subtilisé les portables des employés, les ont menacés avec leurs armes tout en assurant qu'ils ne leur feraient pas de mal : ils voulaient seulement les clés et le coffre. »

Le 21 juillet, c'est la sirène du Super U de Saint-James, village de 3 000 habitants dans la Manche, qui met en fuite trois malfaiteurs armés et encagoulés. Après avoir fait irruption dans le magasin, vers 4 h 45, ils ligotent les quatre boulangers et le magasinier sur place et se dirigent vers la salle du coffre. Le déclenchement de l'alarme met un terme au braquage. « On aurait dit qu'ils connaissaient parfaitement les lieux », confie un témoin. Le plus souvent, les magasins affichant la même enseigne sont conçus sur un modèle unique.


« Des malfaiteurs calmes, armés, sûrs d'eux »

Le 22 juin, 22 employés du Super U de Charly-sur-Marne, commune de 2 700 habitants dans l'Aisne, sont séquestrés de 5 heures à 6 h 15 par quatre malfaiteurs, dont deux brandissent des armes de poing. Ils repartent avec 45 000 €. Dans la Région Basse-Normandie, les « spécialistes » des supermarchés ont, depuis le 1er janvier, attaqué au total quatre supermarchés, dont deux à la fermeture. C'est le cas du Leclerc d'Avranches, où, le 2 mars, le directeur administratif, quittant les lieux, est empoigné par trois agresseurs et conduit à la salle du coffre. La recette du jour change de main. Surpris par la précipitation de ces « clients », un surveillant veut s'interposer : il est aveuglé par du gaz lacrymogène. Et le directeur est retrouvé enfermé dans la salle du coffre.

Le 3 avril, une tentative avait échoué lors de la fermeture de l'Intermarché de Flers (Orne) : « Plusieurs personnes ont été retenues pendant une dizaine de minutes. Les malfaiteurs sont repartis les mains vides », confiait, à l'époque, un responsable.

En France, la gendarmerie a, depuis le début de l'année, recensé une quinzaine de hold-up dans des supermarchés au sein de sa zone de compétence : campagne et zones périurbaines.

« Depuis un an, les petits commerces (épiceries, tabacs, boulangeries) concentraient les attaques à main armée pour des butins d érisoires. Vraisemblablement l'œuvre de jeunes désargentés et malheureusement parfois nerveux. Avec les supermarchés, on a affaire à des gens calmes, armés, sûrs d'eux, n'utilisant la violence que si nécessaire » , souligne le lieutenant-colonel Patrick Knittel, commandant la section de recherches de la gendarmerie de Basse-Normandie.

En 2008, avaient été recensés en France 420 vols à main armée dans les supermarchés. Une forme de délinquance déjà en progression de 42 % par rapport à 2007.

source : le figaro.fr