les gardiens de prison en colère.

120 prisons plus ou moins bloquées


Faute de pouvoir faire grève, le personnel pénitentiaire a tenté de bloquer l'accès d'un maximum de prisons ce lundi pour dénoncer les mauvaises conditions de travail et la surpopulation carcérale.

Environ 120 des 194 établissements pénitentiaires français sont touchés ce lundi par le mouvement de «blocage progressif» organisé par trois principaux syndicats de surveillants.

L'Ufap-Unsa, FO-pénitentiaire et la CGT-pénitentiaire, les trois principales organisations réunies en entente syndicale, ont décidé ce blocage, faute de pouvoir se mettre en grève, ce mode de protestation leur étant interdit. Les représentants syndicaux doivent se réunir cet après-midi pour décider de la suite à donner au mouvement.

«On a recensé plus de 4.000 personnels devant les portes et 120 établissements touchés», a déclaré en début d'après-midi à l'AFP le secrétaire général de l'Ufap-Unsa, Jean-François Forget.

Tous dénoncent les effets de la surpopulation carcérale sur leurs conditions de travail: «de plus en plus de violence, de suicides aussi, des agressions entre détenus, envers le personnel», a résumé une dirigeante de la CGT-Pénitentiaire.

Barrages aux abords de l'entrée

Lundi dès l'aube, des manifestations, piquets de grève ou barrages filtrants ont été organisés devant la majorité des prisons pour bloquer les transfèrements et les extractions de détenus devant comparaître au tribunal.

A Fleury-Mérogis, Fresnes, Strasbourg-Elsau, Lille-Sequedin, Gradignan (Gironde), Nice, Caen, Rouen, le scénario était le même. Les manifestants formaient des barrages filtrants tentant d'empêcher la sortie des fourgons accompagnant accusés et prévenus vers les palais de justice, au risque de compromettre la tenue des procès. Les forces de l'ordre ont dû intervenir pour les déloger.

Aux Baumettes à Marseille, 150 à 200 surveillants ont bloqué dès 06H00 les extractions médicales ainsi que les livraisons de tabac et de la presse, selon un responsable de l'Ufap. «SOS Administration pénitentiaire en perdition. Les personnels à l'agonie disent STOP», proclamait une banderole brandie par des surveillants de Draguignan (Var).

«On veut des mesures concrètes»

Céline Verzeletti, secrétaire générale de la CGT-pénitentiaire, s'est dite prête à participer à la réunion proposée pour mardi par la garde des Sceaux Rachida Dati, mais "à condition qu'on rentre dans le vif du sujet".

«On ne veut plus des groupes de travail mais des mesures concrètes», a-t-elle ajouté, évoquant par exemple la proposition, toujours pas concrétisée, de renforcer les services de nuit dans les petits établissements. «Sur les points précis, soit la ministre reste vague, soit elle renvoie à des négociations ultérieures, ce sont des manoeuvres pour gagner du temps», a dénoncé la responsable de la CGT.

Il y avait au 1er avril 63.351 détenus pour seulement 52.535 places disponibles dans les quelque 200 prisons françaises, le taux de densité carcérale s'affichant à 120,5% contre 102% en moyenne dans les 47 Etats du Conseil de l’Europe.



(Source AFP)