les agents de sécurité victimes d'agressions

les agents de sécurité victimes d'agressions

Les employés de la Brink's du métro, solidaires avec leur collègue incarcéré, se disent victimes d'agressions.

Les agents manifestaient hier à Jaurès leur soutien à leur camarade emprisonné. Photo DDM, Xavier de FenoylPour les agents de la Brink's chargés de la sécurité dans le métro, la mélodie en sous-sol tourne au franc coup de blues ces jours derniers. Hier, ils se sont rassemblés, station Jaurès, à l'appel de la CGT pour soutenir leur collègue incarcéré suite à une rixe à la station de métro Balma-Gramont, la semaine dernière (1). Une heure de solidarité, sans faire la grève, avec leur collègue, mais aussi de protestation sur leurs conditions de travail.

Les agents et leurs représentants syndicaux sont unanimes : « Plusieurs de nos collègues ont été victimes d'agressions, verbales ou physiques, la pression est énorme sur nous de la part de Tisséo, qui nous demande par exemple de refouler les fraudeurs alors que nous n'avons pas le droit de les toucher et même de répondre à des agressions physiques » explique Mohamed Kanache, secrétaire du comité d'entreprise de la Brink's.

isolés et insultés
« On se sent isolés, l'agent est seul dans chaque station, en butte à des insultes ou des crachats », témoigne un autre, « on nous sort : « Il est à toi le métro ? » ou « combien tu touches à la fin du mois ? ».

Difficile parfois de garder son calme même si les 162 agents affectés à la surveillance du métro sont formés spécialement pour gérer les situations tendues : « Nous sommes des gens calmes, professionnels, nous voulons aussi défendre notre image », précise Célestin Matulu, délégué syndical CGT.

Les mots laissent parfois la place aux maux pour ces agents : un agent a été hospitalisé avec un trauma crânien après avoir été tabassé à la station Trois-Cocus, racontent les agents rassemblés hier à Jaurès, un autre a le bras en écharpe suite à un coup de pied, un autre a eu le nez cassé.

Jean-Jacques Arnal, responsable de la sûreté à Tisséo, qui chapeaute les agents de la Brink's, simple sous-traitant dans le métro, explique : « Nous avons choisi la présence humaine, la prévention et la médiation, mais l'élément humain n'est pas infaillible, il peut y avoir des dérapages ».

Le responsable estime que les agressions « seraient plutôt stables, voire moins nombreuses qu'en 2007 » mais reconnaît : « Ça dérape plus vite et plus fort ».

Le CHSCT de la Brink's rappelle que les agents ont un droit de retrait en cas de danger.

1-L'agent aurait reconnu, après une longue garde à vue, avoir porté un coup de couteau dans le cadre de la bagarre, selon la police.

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Témoignage : « J'ai parfois peur »
« Les agressions, c'est tous les jours », confie résigné un agent de sécurité rencontré à la station Basso Cambo. Posté à deux pas des tourniquets et vêtu d'un costume sombre et cravate, il est toujours là. Rassurante pour les uns, dissuasive pour les éventuels fraudeurs, sa présence est devenue indispensable. D'autant plus qu'en cas d'absence, on ne compte plus ceux qui enjambent allégrement et sans ticket les portiques de sécurité. Nous avons pu le vérifier de visu hier matin aux Arènes, où l'agent s'était absenté quelques instants.

C'est surtout à partir de 19 heures que la vigilance est de mise pour éviter tout débordement, selon les agents que nous avons consultés. C'est pendant les heures de pointe en effet, au moment où les flots de voyageurs s'intensifient dans les couloirs du métro, que le danger devient palpable.

« Je travaille dans le métro depuis cinq ans et c'est de pire en pire. J'ai moi-même été agressé à deux reprises » confie un agent les yeux rivés sur le flux des usagers.

agents impuissants

Mais si violences et incivilités augmentent quotidiennement, les agents, eux, restent bien impuissants. « Nous n'avons pas le droit de toucher physiquement la personne qui cause un problème. On a juste le droit d'appeler les contrôleurs mais le temps de prévenir, ça dégénère. Ou sinon les fraudeurs parviennent à s'enfuir avant toute intervention », précise-t-il, faisant référence à des bagarres passées.

« J'ai parfois peur » admet timidement le jeune homme serrant contre lui un tract de la CGT invitant à la mobilisation de soutien d'hier après-midi à la station Jean Jaurès. « Nous sommes solidaires pour notre camarade incarcéré, ça peut arriver à chacun d'entre nous » explique l'agent avant d'ajouter : « Il faudrait plus d'agents dans des stations sensibles comme Mirail-Université ou Bagatelle ».

Les agents citent aussi des stations du centre ville où la situation peut devenir très « chaude » comme Capitole ou Esquirol.

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statistique
48 agressions l'an
L'agence toulousaine de la Brink's compte 311 personnes qui s'occupent du cash (transport de fonds, gestion des automates à billets), de la surveillance aéroportuaire et de la sécurité du métro. 162 agents sont affectés en sous-traitance du service sûreté de Tisséo. Ce service emploie en direct une centaine d'agents Tisséo à la surveillance et médiation bus et métro: 42 agents de prévention se déplacent à moto pour intervenir en urgence sur le terrain; le reste des effectifs comprend des contrôleurs-vérificateurs, dont la moitié de femmes, qui s'assurent que les usagers sont en possession d'un titre de transport. Le taux de fraude, moins de 3%, est l'un des plus bas de France. Tisséo a relevé 48 atteintes aux personnes (de l'insulte à la gifle, voire plus) sur des agents de sécurité Brink's en 2008.

source : ladepeche.fr