Arrêts cardiaques : comment réussir à sauver plus de vies ? Il est rare de survivre à un arrêt cardiaque en France. Chaque année, 50 000 personnes en meurent. En développant les formations aux premiers secours et en multipliant les défibrillateurs dans les lieux publics, on pourrait pourtant sauver 10% de ces vies.
Moins de 3% des victimes d’un arrêt cardiaque survivent en France. Chaque année, 50 000 personnes y succombent. Quand le cœur s’arrête, tout va très vite. Le Samu arrive généralement sur place quinze minutes après avoir été alerté, mais c’est souvent trop tard. Le cerveau de la victime n’est plus irrigué et chaque minute qui s’écoule diminue de 10% ses chances de survie, d’après la Fédération française de cardiologie. Même si son cœur repart, elle gardera des séquelles neurologiques irréversibles.
Ce tragique scénario n’est pas une fatalité. Aux Etats-Unis, des campagnes de formations aux gestes de premiers secours sont régulièrement menées depuis vingt ans. Alors que seulement 20% des témoins d’un arrêt cardiaque réagissent en France, la majorité des Américains n’attend pas l’arrivée des secours pour pratiquer le massage cardiaque et la défibrillation. Ces initiatives simples permettent de maintenir la circulation sanguine et même de faire repartir le cœur. Cela explique qu’un tiers des Américains survit à un arrêt cardiaque.
Former les citoyens
Ces chiffres encourageants ont amené la Fédération française de cardiologie, le Samu et la Croix-Rouge à s’unir pour améliorer nos statistiques. Ils lancent donc cet automne la campagne « 1 vie = 3 gestes : appeler le 15, masser, défibriller ». Objectif : atteindre les 10% de vies sauvées en France en 2010.
Pour ces organismes, la première étape consiste à « conscientiser » les citoyens : chacun d’entre nous peut potentiellement devenir le premier maillon d’une chaîne de survie. Confronté à l’arrêt cardiaque d’un proche, d’un voisin ou d’un collègue, il nous faudra réagir pour lui permettre de s’en sortir.
Cette prise de conscience passe par la formation. Si les citoyens français restent impuissants face aux arrêts cardiaques, c’est parce que seuls 27% d’entre eux détiennent une attestation de formation aux premiers secours (AFPS). Ce chiffre est insuffisant, d’autant qu’il est impératif de renouveler la formation tous les trois ans pour être efficace quand on est confronté à un drame réel.
Aujourd’hui, les organismes de secourisme ont simplifié les gestes de réanimation. Une étude a montré que le bouche-à-bouche n’était pas nécessaire pour assurer la ventilation d’une victime en arrêt cardio-respiratoire. Seul le massage cardiaque suffit. Ainsi, toute personne âgée de plus de 10 ans peut s’initier en quelques heures aux gestes de premiers secours et être efficace en situation d’urgence.
L’initiation aux premiers secours (IPS) est gratuite. De nombreux organismes de secourisme la dispensent. Obtenez le calendrier des formations près de chez vous en consultant les sites des principaux acteurs du secourisme :
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[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] : ce site sur le secourisme propose des liens vers les sites des opérateurs de formation.
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[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] : le site de la Croix-Rouge française, principal formateur en matière de premiers secours. Vous pouvez également vous inscrire par téléphone au 08 20 16 17 18.
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[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] : le site de l’Association nationale des premiers secours.
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[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] : la Fédération des secouristes français.
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[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] : le site de la Fédération nationale de la sécurité civile.
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[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] : l’Ordre de malte propose aussi des formations.
Multiplier les défibrillateurs
Depuis mai 2007, un décret autorise tout citoyen à utiliser un défibrillateur automatisé externe. Cette petite machine est simple d’utilisation. Il suffit de suivre des consignes orales. Elle analyse le rythme cardiaque et, en cas de d’arrêt ou de battements anarchiques du cœur, elle envoie un choc électrique qui permet de relancer le cœur.
Cette mesure a incité les communes et les communautés d’agglomération à généraliser les défibrillateurs à disposition du grand public et à les implanter dans des lieux décisifs : piscines, centres commerciaux, mairies, gares… Lieux où surviennent beaucoup d’arrêts cardiaques. A l’heure actuelle, environ 3 300 défibrillateurs sont disponibles dans 80 communes françaises. Deux fois plus qu’en janvier 2008. On prévoit déjà l’installation de 2 300 nouvelles machines d’ici six mois. A terme, l’objectif serait d’en trouver dans tous les lieux publics, les lotissements et même certains immeubles, disposés à côté des extincteurs. Soucieux de cette campagne, les pharmaciens s’équipent aussi en masse. Si vous êtes confronté à un arrêt cardiaque, demandez à quelqu’un d’en trouver un pendant que vous pratiquerez le massage cardiaque.
Pour réduire la mortalité, enfin, « l’idéal serait que chacun applique la règle des 0/5/30, a rappelé le professeur Jacques Beaune, président de la Fédération française de cardiologie : 0 cigarette, 5 fruits et légumes et 30 minutes d’exercice physique par jour. » Car, rappelons-le, si les arrêts cardiaques peuvent avoir de multiples causes (noyades, électrocution, intoxication, overdose, insuffisance respiratoire aiguë…), 90% d’entre eux ont toutefois une cause cardiovasculaire. Avoir une bonne hygiène de vie est donc important.
Elise Grandjean