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 Une histoire des attaques de fourgons

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MessageSujet: Une histoire des attaques de fourgons   Une histoire des attaques de fourgons Icon_minitimeMar 26 Aoû 2008 - 22:51

Les fourgons blindés sont des cibles de choix du grand banditisme. Petits rappels historiques.

A l’époque (1984), on avait appelé ça la « technique boîte de conserve ». En plein jour, à Marseille, les gangsters avaient pris d’assaut un fourgon à l’aide d’un camion-éperon. Un découpage du toit, et le fric-frac était joué. Depuis, les braquages de fourgons n’ont plus jamais été les mêmes. Et la tendance à la militarisation s’est même accrue. Années 80 : la plupart des attaques se font l’armes au poing, et visent surtout les convoyeurs hors de leur véhicule, au moment de leur trajet clients-fourgon. Dans l’arsenal des braqueurs figurent alors des mitraillettes, des fusils, parfois des riot-guns à canon scié. Milieu des années 90 : selon un enquêteur de la Brigade de Répression du Banditisme (BRB), les guerres de l’Europe de l’Est fournissent aux braqueurs de nouvelles armes. Entre autres, des Kalashnikovs, des lance-roquettes, et des explosifs.

Mais il n’y a pas que les armes qui changent. Les techniques d’approches, elles aussi, vont varier. Jusqu’à ce que trois grands types se dessinent. Un : le blocage du fourgon, par deux poids-lourds qui tenaillent leur cible. Variante : dans une rue étroite, comme à Nanterre, le 6 mai, une (fausse) camionnette de livraison s’arrête devant un fourgon avant qu’une voiture vienne se coller derrière. Deux : la percussion. « De face ou de côté, explique un enquêteur, un camion-benne vient heurter le fourgon à 60 ou 70 kmh/h ». Assez pour percer, parfois, le blindage de la cible, et trop peu pour blesser le conducteur-braqueur, fortement sanglé. Trois : le braquage sous la menace des armes. « Et au prix où sont payés les convoyeurs, ils ne sont pas nombreux à jouer les rambos » poursuit l’homme de la BRB. Surtout quand c’est un bazooka qui les pointe. Même si l’utilisation de ce dernier n’est pas sans risque pour les braqueurs. « Un roquette fait tout fondre, explique le responsable d’une société de transports de fonds. Elle transforme le fourgon en cocotte-minute. A plus de 3000°, pas un billet ne résiste ». Quant au reste, rien que du classique. Pour trouver des tuyaux, les gangsters « tamponnent » (recrutent) des convoyeurs aux abords des sociétés de transport de fonds. Quelques verres échangés dans un bar, puis des renseignements, et parfois une véritable complicité, au sens pénal du terme, qui se noue. Chez les convoyeurs, on appelle cela le « cheval de troie ».

Alors, face à tout cela, les sociétés ripostent. En renforçant leur blindage, en s’équipant de véhicules plus rapides, en développant des « formations anti-stress » de leurs convoyeurs, et en créant de nouvelles parades. Ainsi les valises blindées de chez Axytrans. Ou les 800 fourgons de la Brinks. 80% d’entre eux répondent aux normes anti-kalashnikovs et sont équipés d’un système de régulation d’air afin de « mettre à l’abri les convoyeurs des gaz extérieurs » (lacrymos, et autres). En projet, la Brinks prévoit de relier chacun de ses « V.B » (véhicules blindés) d’un GPS et, mieux, d’un système de brouillage. Afin de rendre inopérant tout système de mise à feu d’une charge de dynamite, plaquée sur les fourgons, et commandée à distance. Seulement, malgré tout cela, et malgré les risques de fusillades, une chose attire toujours les braqueurs. L’attaque d’un fourgon demeure plus lucrative que celle d’une banque. « Et, au fond, plus facile » lâche un policier.

Source : Libération, 13 juin 2000.
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