Qualification exigée dans la sécurité privée

Une quarantaine d’entreprises finistériennes exercent dans le domaine de la sécurité privée. Elles vendent aux sociétés industrielles, aux organisateurs de spectacle, aux sites recevant du public, aux commerçants… des prestations de gardiennage, de prévention incendie, de veille contre les malveillances, de protection des personnes.
Le secteur a le vent en poupe : le Syndicat national des entreprises de sécurité (Snes (1)) indique qu’il enregistre une croissance moyenne annuelle de 9,5 % de son chiffre d’affaires depuis 1998 et par voie de conséquence une augmentation annuelle moyenne de ses effectifs de 8 %. Le 16 décembre, Laurent Wauquiez, secrétaire d’État chargé de l’emploi, a signé avec l’Union des entreprises de sécurité privée (2) une convention visant à accompagner la création de près de 15 000 nouveaux emplois par an d’ici 2015.
Jeudi 11 décembre 2008, une trentaine de demandeurs d’emploi étaient réunis à l’agence ANPE (désormais Pôle emploi) de la rue Jean Jaurès à Brest pour assister à un atelier sur les métiers de la sécurité privée. Animée par la conseillère Sylvie Speed et par David Bail de la société Securitas, la réunion avait pour objectif de présenter le secteur d’activité et la réalité de ses métiers à des personnes qui pourraient en faire leur projet professionnel.
« Nous organisons ce genre de rendez-vous régulièrement, notamment pour lever les représentations parfois stéréotypées que les demandeurs d’emploi peuvent avoir des métiers, explique Sylvie Speed. Dans le cas particulier de la sécurité privée, il s’agit aussi de mettre l’accent sur l’aptitude préalable désormais exigée pour exercer. » Les demandeurs d’emploi intéressés sont invités à se renseigner auprès de leur conseiller Pôle emploi.
Par ailleurs, la plateforme des vocations s’est, elle aussi, penchée sur le sujet. « Nous sommes prêts à répondre à la demande des entreprises de sécurité privée qui souhaiteraient utiliser notre méthode du recrutement par simulation par exemple pour sélectionner des candidats à former avant embauche, indique Martine Sola, conseillère du Pôle emploi. Nous venons de mettre au point une batterie d’exercices spécialement conçus pour tester les habiletés pour les métiers de ce secteur d’activité. »
Ces exercices, validés avec l’aide des équipes de la société Sécurifrance, vérifient les aptitudes à la communication écrite et orale, au respect des consignes, au travail sous tension, etc. Ils mettent en scène des rondes, des comptes rendus…

Nouvelles prérogatives


« Dans notre région, la progression de l’activité est plus lente que dans les grands centres urbains, mais elle est tout de même sensible, précise Luc Hénaff, directeur du Centre canin de Cast et délégué de l’Union nationale des acteurs de formation en sécurité (Unafos (3)). On estime globalement que les effectifs de la sécurité privée vont très bientôt dépasser ceux des forces de l’ordre public à la faveur d’une augmentation importante de leurs prérogatives. » David Bail de la société Securitas fait remarquer que même si le secteur est impacté par la crise, il est toujours à la recherche de compétences : « Nous sentons un ralentissement auprès des clients industriels, mais en contrepartie, nous voyons apparaître de nouveaux marchés comme ceux des maisons de retraite et des internats. »
La profession englobe plusieurs métiers : rondier intervenant, conducteur de chien, agent de prévention des vols, agents de sécurité incendie, opérateur de télésurveillance, garde du corps… qui prennent donc des formes diverses : du travail de jour en contact direct avec le public dans des lieux bondés au travail de nuit dans des sites industriels déserts.

« Être agent de prévention sécurité demande des qualités énormes, car on peut se voir confier des missions extrêmement délicates qui impliquent par exemple du secours aux personnes », insiste Alain Parbeau, enseignant au lycée professionnel de Rostrenen. On est loin du cliché du gros bras sans cervelle : « La profession n’a surtout pas besoin de cow-boys, poursuit le professeur, mais plutôt de bons communicants honnêtes et rigoureux. »
Exercés souvent la nuit, les week-ends et à la demande, les métiers de la sécurité privée exigent aussi une grande disponibilité et sont souvent marqués par une certaine précarité : des salaires peu élevés et des activités ponctuelles (notamment dans l’événementiel). Un point que tient à nuancer Luc Hénaff : « C’est vrai que l’on entre dans le métier par de petites missions. Les chefs d’entreprise attendent d’être en confiance pour embaucher. Mais quelqu’un qui bosse bien obtiendra un CDI. »
Avec l’entrée en vigueur au 1er janvier 2008 de la loi Sarkozy de 2003 relative à l’obligation de qualification pour les salariés, les travailleurs indépendants et les dirigeants d’entreprise de sécurité privée, le secteur vit une époque charnière. Désormais, pour être embauchés, les agents ne doivent plus seulement justifier d’un casier judiciaire vierge mais également d’une aptitude professionnelle préalable (elle sera nécessaire pour obtenir la carte professionnelle obligatoire en 2009).
Aptitude professionnelle obligatoire

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Cette aptitude est attribuée aux titulaires d’un diplôme de l’Éducation nationale (CAP agent de prévention sécurité ou brevet professionnel agent technique de prévention et de sécurité) ; d’un titre de niveau V déposé par un centre de formation et enregistré au répertoire national des certifications professionnelles ; ou d’un certificat de qualification professionnelle d’agent de prévention sécurité (CQP APS) déposé par la branche. Une équivalence est accordée aux agents qui ont exercé de manière continue entre le 10 septembre 2004 et le 9 septembre 2005 et à ceux qui ont exercé pendant 1 607 heures durant une période de 18 mois comprise entre le 10 septembre 2004 et le 9 septembre 2008. Les fonctionnaires officiers, agents ou adjoints de police judiciaire bénéficient directement de l’aptitude.
Les acteurs de la sécurité privée, formateurs et responsables d’entreprises, voient plutôt cette évolution d’un bon œil, même si elle signifie de plus grandes contraintes et des investissements supplémentaires en formation. Ils en attendent un certain « écrémage » de la profession, une plus grande professionnalisation et donc une meilleure image, car celle-ci est toujours un peu écornée.
Reste une grande question : les clients accepteront-ils de payer plus pour rémunérer cet effort de qualification ? « Oui si la qualité des prestations est à la hauteur », répond Éric Geiger, responsable technique à Océanopolis. Pas si sûr, tempère André Delarue de la société Assist sécurité : « Nous voyons bien dans la négociation des contrats que le prix est le plus souvent l’élément décisif. » En tout état de cause, il ne faut vraisemblablement pas s’attendre à une revalorisation rapide des conditions salariales des agents.
Enquête d'emploi n°19 - janvier 2009

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