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 L'EPR, une querelle française

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MessageSujet: L'EPR, une querelle française   L'EPR, une querelle française Icon_minitimeLun 27 Oct 2008 - 7:06

L'EPR, une querelle française

Depuis trois ans et demi, Areva construit, dans la douleur, son premier réacteur nucléaire en Finlande, marchant ainsi sur les plates-bandes d'EDF, jusqu'ici seul français à assurer la maîtrise d'ouvrage de ce genre de chantier. L'électricien, de son côté, bâtit depuis dix mois son propre EPR en Normandie. Obsédé par le calendrier, il espère terminer en même temps que son concurrent. Une course-poursuite dont l'enjeu est le leadership de la filière nucléaire tricolore.

Il pleut, il fait froid, et la luminosité est si faible qu'à 10 heures du matin de puissants projecteurs éclairent déjà le chantier. Une quinzaine de grues s'entrecroisent au-dessus des échafaudages et de bâtiments encore recouverts de bâches. Emmitouflés dans leurs parkas fluos, les ouvriers soudent, cognent, creusent. Et partout cette terre grisâtre, caillasse et boue mêlées... Bienvenue à Olkiluoto. Berceau de la cinquième centrale nucléaire finlandaise. Depuis trois ans et demi, c'est ici, à l'extrême sud-ouest du pays, qu'Areva construit son tout premier EPR, le réacteur nucléaire de troisième génération. Au sommet du bâtiment cylindrique, qui abritera dans quelques mois le coeur de la centrale, le chef du projet, Philippe Knoche, mesure le chemin parcouru, mais également la tâche restant à accomplir : « En matière de génie civil, la plupart des sujets sont derrière nous, observe-t-il, mais nous entamerons en 2009 le montage des gros composants et, dans cette phase cruciale, nous ne sommes évidemment pas à l'abri d'un accident... » Prudence bien compréhensible dans la bouche de cet ingénieur X-Mines dépêché en urgence, l'an dernier, pour reprendre en main le chantier et enrayer le dérapage du calendrier. Depuis, de l'aveu même de son client, le très exigeant électricien local TVO, « beaucoup d'efforts ont été faits pour tenir les délais ». Mais la construction de la tête de série EPR s'apparente à un long chemin de croix pour le champion français du nucléaire. Aux dernières nouvelles, la future centrale coûtera 50 % plus cher que prévu et, il y a dix jours, un nouveau retard a été annoncé par TVO, qui ne pourra démarrer son réacteur avant 2012. A l'origine, l'électricien finnois pensait le mettre en service fin 2009...

A trois heures de vol d'Olkiluoto, les mésaventures d'Areva sont loin d'émouvoir tout le monde au sein de la filière nucléaire française. D'un oeil amusé, les barons d'Alstom ou d'EDF suivent avec intérêt les péripéties du chantier finlandais, et se plaisent à souligner les carences de l'ex-Framatome. « On ne s'improvise pas maître d'ouvrage sur un chantier comme celui-là, ironise l'un d'entre eux. Pour vendre son EPR, Areva s'est aventuré sur un nouveau métier, le clef-en-main, mais, sur le terrain, ses équipes ont sans doute chaussé des bottes trop grandes pour elles. » Le commentaire est sévère, un brin condescendant, mais semble refléter un sentiment très répandu dans les couloirs de l'électricien tricolore. Car les bottes en question, ce sont celles d'EDF, justement... En se faisant « architecte-ensemblier » du projet finlandais, le groupe présidé par Anne Lauvergeon est venu piétiner les plates-bandes de l'ancien monopole, rompant du même coup l'équilibre des forces hérité du programme électro-nucléaire français : à Areva les chaudières, à EDF la supervision des chantiers !

Un savoir-faire engourdi
Ce crime de lèse-majesté, certains, chez l'opérateur historique, ont bien du mal à le digérer. Voilà pourquoi, dans la maison, on met un point d'honneur à « tenir » le calendrier de l'autre réacteur EPR. Celui qu'EDF a commencé à construire il y a dix mois à Flamanville, dans le nord du Cotentin. Décidé en 2005, le lancement de ce nouveau réacteur visait deux objectifs : préparer le renouvellement du parc français et transmettre à une nouvelle génération de salariés un savoir-faire engourdi par quinze années d'« hiver nucléaire ». Un autre enjeu transparaît aujourd'hui : alors que l'atome reprend des couleurs un peu partout dans le monde, c'est le rôle de porte-drapeau de la filière tricolore qui se joue à travers l'EPR.

Dès lors, la rivalité de toujours entre les équipes d'Areva et d'EDF ne pouvait que s'exacerber. Ces dernières années, on a surtout pu le vérifier à l'étranger, où les deux entreprises ont régulièrement donné le spectacle de leurs dissensions. Ce fut le cas aux Etats-Unis, où l'électricien français s'est invité chez Constellation Energy, le partenaire attitré d'Areva, sans même en avoir averti ce dernier. Les tensions ont également été vives au Royaume-Uni : pendant des mois, les deux entreprises s'y sont déchirées, l'an passé, pour savoir quel modèle de centrale serait soumis à l'autorisation des autorités britanniques. Le gouvernement français les a finalement forcées à s'entendre : plutôt que la centrale finlandaise, celle de Flamanville sera, à terme, dupliquée outre-Manche. Moyennant des royalties, Areva pourra toutefois proposer ce modèle à des concurrents d'EDF.

« Un certain manque de rigueur »
Dans son bureau de Cap Ampère, à Saint-Denis, Bernard Dupraz est loin de ces guerres intestines : « Tout ce qui peut ressembler à de basses querelles avec Areva est proscrit, en particulier sur le chantier de Flamanville », assure le directeur général adjoint d'EDF, en charge de la production et de l'ingénierie. Connu pour être assez proche des équipes d'Areva, le superviseur en chef du projet EPR est l'un des rares à ne pas « taper » sur le groupe nucléaire. Loin de railler ses déboires finlandais, Bernard Dupraz revendique au contraire une grande humilité face à la « complexité technique » de ce genre de chantier. Au cours des derniers mois, il est vrai qu'EDF a lui-même connu son lot d'imprévus en Normandie. A la suite d'une inspection de routine, l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) avait relevé au printemps un certain nombre d'« insuffisances » et de « non-conformités » sur le chantier de Flamanville. Plus tard, de nouvelles anomalies « révélatrices d'un certain manque de rigueur » avaient conduit à une interruption des travaux pendant plus de trois semaines. Mais, récemment, ce sont surtout des difficultés d'ordre technique qui sont venues perturber le chantier : outre les problèmes rencontrés pour le creusement du puits de rejet (lire ci-dessous), le groupe Bouygues, en charge des opérations de génie civil, s'est heurté à de sérieux obstacles. Pour qu'il puisse couler correctement le béton à la base du bâtiment réacteur - un endroit requérant une densité de matériau 10 fois supérieure à celle d'un bâtiment ordinaire - EDF a été contraint de revoir ses plans initiaux, et de soumettre la nouvelle version à l'approbation de l'ASN. Comme Areva en Finlande, l'électricien français est donc confronté à des difficultés insoupçonnées, qui sont le propre de toute tête de série, mais qui reflètent aussi la perte de compétence constatée chez tous les acteurs de la filière nucléaire et leurs sous-traitants. « EDF et ses prestataires réapprennent à construire une centrale nucléaire », confirme le directeur général adjoint de l'ASN, Olivier Gupta.

Une phase de réapprentissage qui devrait, a priori, inciter les protagonistes à prendre leur temps et encourager les retours d'expérience entre les deux chantiers de l'EPR. C'est tout le contraire qui se passe à Flamanville. En début d'année, déjà, l'ASN adressait une mise en garde à l'ancien monopole, en lui reprochant de se focaliser un peu trop sur le respect du planning. Aujourd'hui, les agents travaillant au sein de la division ingénierie nucléaire d'EDF disent tous la même chose : au sommet de l'entreprise, « le respect du calendrier » tourne à l'obsession. De fait, malgré les aléas des derniers mois, Bernard Dupraz réaffirme l'objectif maison : le nouveau réacteur de Flamanville sera mis en service en 2012. Autrement dit, en même temps que le réacteur finlandais... « Ce ne sera pas une promenade de santé, confesse le patron de la production et de l'ingénierie, mais nous avons en main tous les leviers permettant de tenir ce planning. »

« Pourquoi livrer ses secrets ? »
Côté syndical, on redoute justement que le principal de ces leviers soit « l'ajustement humain ». Coordinateur FO au sein de la direction production et ingénierie, Daniel Besson sent bien « que ça devient très tendu ». « L'entreprise veut tenir les délais coûte que coûte, regrette-t-il, et le personnel finira par atteindre ses limites. » Mêmes craintes chez Laurent Charletoux, responsable CFDT du métier ingénierie, qui parle d'une « charge de travail énorme » et doute que les équipes puissent « tenir longtemps à ce rythme ».

Quant aux échanges d'informations entre Olkiluoto et Flamanville, ils sont, de l'avis général, extrêmement limités. Si un dirigeant d'EDF évoque des « échanges très nourris avec TVO sur le design de l'EPR », il reconnaît en revanche que les retours d'expérience sont minimes « sur le champ de la construction ». Une situation qui doit sans doute beaucoup aux rivalités parasitant les relations entre EDF et Areva. L'électricien tricolore s'en défend en expliquant que les deux chantiers sont « difficilement transposables » et qu'il est « très compliqué de tracer la frontière entre les aspects purement techniques du projet et ses retombées commerciales »... L'ASN, qui ne comprendrait pas que des erreurs commises en Finlande se reproduisent à Flamanville, a récemment demandé à EDF de renforcer ses discussions avec TVO pour « accélérer le retour d'expérience ». Mais, comme le confie un cadre de la maison, « pourquoi livrer [ses] secrets de fabrication, alors qu'Areva risque demain d'en faire profiter un GDF Suez » ? Pas de doute, la guerre franco-française a encore de beaux jours devant elle...

source : lesechos.fr
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