Les molosses privés de voyage

Les molosses privés de voyage

CLICANOO.COM | Publié le 14 mars 2009

Propriétaire d’un American staff, une habitante de Saint-Paul est amenée à déménager en métropole. Problème : aucune compagnie ne veut prendre en charge le transport de son chien de deuxième catégorie.

Depuis quelques jours, une pétition en ligne circule pour critiquer certaines pratiques discriminatoires des compagnies aériennes vis-à-vis des animaux, en particulier les chiens de deuxième catégorie, déclarés indésirables à bord des avions (voir notre édition du 10 mars). Une habitante de Saint-Paul en fait actuellement l’amère expérience. Marjorie Bonavent, propriétaire d’un american stafforshire, doit quitter l’île à la fin du mois pour retourner en métropole. Mais les compagnies de la place refusent d’assurer le transport de son animal, même avec une muselière et dans une cage fermée. Le molosse de deux ans et demi, qui pèse 31 kg, n’a pourtant rien d’un monstre capable de briser une cage et semer la panique dans une soute à bagages. Parfaitement en règle avec la législation (déclaré en mairie, vacciné, assuré), l’animal est reconnu par le livre des origines françaises, qui garantit son pedigree. Malgré ces garanties et des autorisations administratives (une dérogation préfectorale, un accord de la Direction des services vétérinaires), Marjorie Bonavent se heurte au refus catégorique des compagnies de la place, qui invoquent leur règlement intérieur et s’appuient sur les dispositions d’un arrêté préfectoral en date de 2007, interdisant l’importation des chiens de première et deuxième catégorie à la Réunion. Sauf que l’arrêté en question a été abrogé par un autre en date de mai 2008, qui stipule que la sortie du territoire des chiens en question est totalement libre. Qu’à cela ne tienne, Air France, Corsair et Air Austral se couvrent en mentionnant cette interdiction de transport dans leurs conditions de vente générale.

“Pas question de l’abandonner”

À court de solutions, Majorie Bonavent s’est rapprochée de la SPA, a demandé conseil à une avocate, et même écrit au secrétaire général de la préfecture. En vain. “On me conseille de la laisser en refuge à la SPA ou de la vendre”, se désole la propriétaire, institutrice dans un club d’éducation canine à Saint-Paul, qui ne conçoit pas un seul instant se débarrasser d’une chienne dont elle est très proche. “Il faut savoir ce que veulent les autorités. On demande au propriétaire de chiens d’être responsables. Et quand ils le sont, on leur met des bâtons dans les roues”. Alertée par d’autres propriétaires, une association de protection des animaux a été d’ailleurs été saisie et vient d’écrire aux trois compagnies aériennes pour leur demander de reconsidérer leur position. “Ce rejet de vente est non licite, injuste et contre-productif, dans la mesure il risque d’inciter les propriétaires à ne plus se mettre en règle”, estime l’avocate de l’association, qui compte engager une action en justice si les compagnies font la sourde oreille. En attendant une solution, Majorie Bonavent, qui ne peut repousser son départ prévu fin mars, va se résoudre à confier provisoirement sa chienne Baccarat à des amis qui séjournent à la Réunion. La mort dans l’âme. “Avant d’être maman, je considérais mes chiens comme des enfants”, lance-t-elle. C’est dire son attachement

V.B.